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[WiPT Paris – Journal off] Comme un joueur

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Comme un joueur, j’ai cru en mes chances. Cédé à l’ennui de la mi-journée pour buy-in un satellite à 100€, et le gagner, à force de cartes folles.

Comme un joueur, j’ai enchaîné directement par un turbo Day 1 pour le Main Event. Comme un joueur, je suis allé prendre l’air, respirer une dernière fois avant d’entrer dans l’atmosphère de néons blancs et de hangar des salles de tournoi.

Comme un joueur, j’ai enfoncé mon casque, mis en boucle le même morceau lancinant, j’ai dit bonjour au croupier, en anglais ou français selon leur nationalité, j’ai recouvert le babil de mes adversaires des premiers niveaux par un drone en différence et répétitions, j’ai occulté le monde extérieur pour trouver un rythme intérieur.

Comme un joueur, rénégat cette fois, j’ai dû rendre mon accréditation presse au responsable du tournoi, histoire de déiontologie. Comme dans un (mauvais) film policier français, où un flic corrompu dépose pistolet en holster et médaillon de flic sur son bureau, avant de repartir avec son carton vide sous le bras.

Comme un joueur, cela m’a passablement agacé, alors je suis resté concentré. Au lieu d’aller avaler une pizza cartonneuse (18€) ou un « hamburger édition spéciale Johnny Halliday » (26€) dans les rades de cette porte de Paris, j’ai fait le tour à grandes enjambées des autres espaces du salon, pour rester dans ma (toute petite) bulle.

Comme un joueur, j’ai tenté un re-steal en grosse blinde avec une main pourrie (3-8 offsuit), payé debout sur la table par un relanceur avec paire de Dame. Comme un joueur, je suis retombé à une vingtaine de blindes, et j’ai attendu maussade qu’on oublie mes move débiles.

Comme un joueur, j’ai eu trois paires de suite, et comme un joueur, on a fini par me payer, et j’ai triple-up, et je me suis dit que j’étais vraiment le meilleur, et que plus rien ne pouvait m’arriver.

Comme un joueur, j’ai passé le Day 1, je suis entré dans l’argent, et comme un joueur, j’ai regardé le payout des places finales, imaginant ce que je ferais de l’argent vu que je finirais dans le Top 3.

Comme un joueur, j’ai ignoré les injonctions des amis m’enjoignant à « aller me reposer », et au lieu de cela, je suis allé à une fête prévue de longue date. Comme un joueur, je me suis réveillé à 2h30 du matin dans un bar qui passait du métal à 120db, et je me suis dit qu’il était temps de rentrer, peut-être.

Comme un joueur en gueule de bois, j’ai dépensé mes derniers euros en bouteilles de badoit glacée, je les ai bues d’affilée en attendant le début de la deuxième journée de tournoi, mâchonnant deux pommes pour couvrir mon haleine frelatée. Comme un joueur, j’avais envie d’être autre part, et puis a résonné le lancement de cette deuxième journée, et j’ai branché mon casque au téléphone, puis la musique a redémarré, et les premières cartes sont arrivées.

Comme un joueur, Caroline Darcourt m’a pris en photo, et j’étais plutôt content, même si je déteste ces moments, car Caroline a cette empathie qui rend chacun désirable sous son objectif.

Comme un joueur, j’ai fait ami avec mon voisin de table, avant de lui prendre un gros coup, et comme tous les autres joueurs autour, j’ai maugréé à chaque fois que nos tables étaient cassées, et comme un joueur, j’ai foldé, foldé, foldé, puis foldé à nouveau.

Comme un joueur, en huit heures de jeu, j’ai touché une seule paire (de 7, qui touche brelan au flop, et me propulse bien au-delà de l’average), pas une seule main au-dessus d’As-Dame offsuit, et comme un joueur qui regarde les autres joueurs, j’ai du voler la plupart de mes pots, pour attendre un ailleurs plus souriant.

Comme un joueur, j’ai fait le bluff le plus pourri du monde, et comme en face un joueur avait les As en main, j’ai dû faire une horreur pour le sortir. Comme un joueur, j’ai balbutié quelques mots ridicules, car on ne sait jamais comme consoler un autre joueur d’une petite mort imméritée. Comme un joueur, j’ai fermé les écoutilles pour ne pas entendre les moqueries des autres.

Comme un joueur, j’ai attendu et rebondi, j’ai passé un (beau) coup à un semi-pro imbu de lui-même, et je lui ai montré mes cartes car je suis moi aussi un joueur imbu de moi-même.

Comme un joueur, j’ai checké un inconnu après un beau coup, comme un joueur, j’ai écouté mes semblables déverser leurs bad beat, comme un joueur, je les ai entendus se justifier de leurs moves les plus absurdes, comme un joueur, j’ai demandé à mes voisins de table si j’avais bien joué mes mains, histoire de savoir comme eux le feraient.

Comme un joueur, à la pause, je me suis précipité recharger mon téléphone, j’ai fait la queue interminable dans des toilettes saturées, et comme un joueur, j’ai tout fait pour ne pas les entendre parler de re-buy, de tournois high-roller ou de side-events.

Comme un joueur, à environ 100 joueurs left, j’y ai cru encore plus, car j’avais bien au-dessus de la moyenne, car le rythme à table était calme, car j’avais tout le temps du monde et une gueule de bois oubliée dans les effluves de sueur aigre des autres joueurs.

Comme un joueur, j’ai complété un min-raise de la petite blinde, en big blinde, avec 9-10 de coeur. Comme un joueur, j’ai vu apparaître un flop agréable, Dame-Valet-2 offsuit. Comme un joueur, j’ai misé les 2/3 du pot, comme un joueur, mon adversaire, qui avait checké, a payé. Comme un joueur, j’ai vu un turn apparaître, avec rien de plus à l’horizon. Comme un joueur, j’ai check-back pour voir une carte gratuite. Comme un joueur qui voit la lueur au bout du tunnel, j’ai vu un Roi arriver. Et un tapis face à moi. Et comme un joueur avec la deuxième meilleure main possible, je n’ai pas hésité, et j’ai eu une montée d’adrénaline mal identifiée. Comme un joueur qui envisageait de perdre, j’ai payé, et j’ai perdu. As-10 pour une quinte supérieure. Comme un joueur, je viens de vous raconter mon badbeat.

Comme un joueur qui venait de buster, je suis parti l’air vaguement détaché, alors que j’étais agacé, déçu, énervé —contre moi, surtout, mais bien sûr contre le monde entier, car l’enfer, c’est les autres. Comme un ex-joueur, j’ai été toucher mon gain (1750€), et comme un joueur, j’ai fait la liste de ce que cela m’offrirait —une paire de chaussures trop chères, une montre ancienne, un restaurant japonais— et comme un joueur, j’ai rapidement calculé qu’il y en aurait pour bien plus que cela.

photographie Caroline Darcourt pour Winamax

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[SISMIX Marrakech 2024] Anthony Dasbourg grand vainqueur d’une édition record !

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Au terme d’une finale menée tambour battant, Anthony Dasbourg remporte le plus gros tournoi 6-max de l’histoire du poker. À 33 ans, le Nancéen encaisse 1 million et demi de Dirhams.

La victoire d’Anthony Dasbourg est une nouvelle preuve que lorsqu’on hésite à venir jouer un tournoi de poker, ce n’est jamais une mauvaise idée de se laisser tenter… Car à la base, le Nancéen n’avait pas planifié de venir à Marrakech : « Je ne voulais pas trop quitter ma femme et les petits, mais le frérot m’a chauffé. » Résultat ? Une victoire retentissante au bout d’un tournoi historique, et un deeprun qui a pris une autre dimension lors de ce Day 3, après un Day 2 qu’Anthony avait achevé avec une quinzaine de blindes…

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[SISMIX Marrakech 2024] Romain Lewis encore en lice à 24-left

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Un interminable Day 2 se conclut à 2h40 du matin Romain Lewis est dans la moyenne à 24 joueurs restants, accompagné d’autres habitués de nos festivals.

C’est le revers de la médaille d’une telle affluence. Il allait forcément venir un moment où les 2 736 entrants de ce SISMIX allaient se retourner contre lui. C’est en quelque sorte ce qui est arrivé lors de ce Day 2. Démarrée tambour battant avec 463 joueurs, tous motivés et dans l’argent, cette journée s’est achevée 14 heures et 30 minutes plus tard (!) avec 24 derniers prétendants au titre, tous aussi essoufflés les uns que les autres. Nous avons fait le comparatif : l’an passé, nous avions terminé le Day 2 à 18 sur le niveau 70 000 / 140 000, pour un tapis moyen de 35 blindes. Cette année, le Day 3 reprendra à 24, sur 125 000 / 250 000, avec une moyenne qui ne dépassera pas les 23 BB. Des organismes fatigués ? Des croupiers frileux ? Une variance malicieuse décidée à soumettre nos coureurs à rude épreuve ? Ou simplement un peu de tout ça. Quoi qu’il en soit, de notre côté aussi, ça commence à tirer, alors avant que nos yeux ne se tous seuls, vous ne vous en voudrez pas de faire bref…

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[SISMIX Marrakech 2024] Le plus grand tournoi 6-max de tous les temps !

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Avec 2 736 entrées, l’édition 2024 du SISMIX efface les WSOP des tablettes pour devenir le plus grand tournoi en 6-max jamais organisé dans toute l’histoire du poker. Un très joli cadeau pour célébrer les dix ans d’existence de notre festival electro-poker.

Dès le premier jour, on a compris que ce SISMIX édition 2024 ne serait pas tout à fait comme les autres. Des files d’attente disproportionnées, un Main Event qui pulvérise d’entrée de jeu ses propres chiffres de participation, des Side Events au diapason, une cargaison de nouvelles têtes : tout le monde ici a très vite compris qu’il ne s’agissait que d’une question d’heures avant que les 1 900 inscriptions de 2023 soient rayées des tablettes. Mais de là à imaginer dépasser les 2 036 entrées de Lloret de Mar, les 2 221 de Bratislava puis à reconquérir le titre de plus grand tournoi 6-max de la planète des mains des World Series of Poker, alors que les deux événements ont exceptionnellement démarré le même jour cette année, il y avait un pas de dromadaire que nous n’étions pas prêts à franchir.

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