A bien des égards, cette édition des WPTDS Marrakech 2019 aura de quoi marquer les esprits.
Quelques instants après le sacre de l’Espagnol Romi, revenons sur les moments forts de ce festival et sur les éléments clé à retenir.
Une édition record
Avec 545 entrées, ce WPTDS a placé la barre haut, très haut. C’est bien simple, ce sont 114 entrées supplémentaires par rapport à la dernière édition !
Une fois de plus, le partenariat entre le Es Saadi Resort, WPT et partypoker semble particulièrement efficace et performant.
Dans un calendrier poker saturé de dates et de circuits, certains tirent leur épingle du jeu et sont de véritables références dans un univers ultra-concurrentiel.
On pouvait également craindre que le retour du poker en cercle de jeu à Paris ait refroidi les velléités de voyage de nombreux joueurs parisiens, qui peuvent désormais à nouveau pratiquer leur passion à domicile, mais il n’en fut rien.
Les habitués étaient bien présents et de nouvelles têtes ont également émergé.
Cerise sur le gâteau, WPT a profité de ce festival pour annoncer qu’il allait poser ses valises à partir de février 2020 pour un WPT à Paris, dans un tout nouveau cercle de jeu, le Club Pierre Charron. C’est ce qu’on appelle avoir le sens du timing. Alors que certains cercles se battent à coup de com’ pour déclarer que le poker a trouvé son nouveau temple en leurs murs, ce nouveau cercle se contente de laisser une écurie mondiale faire le job à sa place. C’est très fort.
Des trophées à remettre pour les trois premiers du Main Event WPTDS 2019
Une table finale de prestige… et de technique
Très vite, le premier éliminé s’est fait connaître. Pierre-Antoine Quignard, short-stack, disparaît en 8ème place face à Romi.
Alors que l’on pensait se diriger vers une table finale express, c’est bien tout le contraire qui s’est déroulé, les joueurs semblant prendre un malin plaisir à déjouer nos pronostics. Yohan Gonzales semblait avoir les armes pour aller plus loin mais il sera défait par Bruno Fitoussi en 7ème. Ce dernier sera le prochain éliminé (6ème pour 23 000 euros), très vite suivi par un autre Français, le tenant du titre François Tosques (5ème pour 30 000 euros), les deux ayant été sortis par l’intenable Espagnol Pedro.
On aurait aimé un autre destin pour ces deux joueurs mais leur parcours aura été exemplaire, le premier pratiquant un modèle de poker short-stack, le second en réussissant à atteindre une très belle 5ème place du tournoi dont il avait remporté la précédente édition.
Pendant ce temps, les deux gros tapis de la table, Madi Macalou et Pedro, poursuivaient leur marche en avant.
Le retour de la pause dîner voyait l’élimination du Marocain Daniel El Keslassy, au pied du podium (4ème pour 40 000 euros), victime de l’inoxydable Pedro. Le joueur aura par ailleurs pris une belle 12ème place sur le Highroller.
Trois hommes devaient donc se disputer le titre et ce fut une fin de tournoi pleine de rebondissements. Si Pedro avait pris une avance en jetons et un ascendant psychologique, on voyait s’écrouler puis réaliser une formidable remontada en doublant son tapis à plusieurs reprises. C’est le Français Macalou qui alors accusait le coup, et perdait le fil de sa concentration en même temps que ses jetons. Avant finalement de remonter lui aussi la pente pour retrouver le haut du classement. Romi, troisième larron de cette finale endiablée, revenait à son statut de short-stack et devait à son tour avancer son tapis pour essayer de se sauver… ce qu’il fit !
A 3h du matin, les trois joueurs semblaient donc revenus au point de départ et bataillaient encore sans qu’aucune issue évidente ne semble se dessiner. On avait depuis longtemps arrêté le petit jeu des pronostics, tant sur l’heure supposée de fin du tournoi que sur l’identité du vainqueur.
Niveau 33, blinds 125 000 / 250 000, les trois survivants avaient encore l’énergie de se rendre coups pour coups. Avec une moyenne à 22 BB deep, le manège pouvait encore durer quelques temps. Mais la situation finit par se décanter. Et c’est Pedro qui en fait les frais.
Discret en début de table finale, carapaté dans son poker, Pedro a passé la vitesse supérieure pour sortir les 6ème, 5ème et 4ème joueurs du tournoi ! Mais au bout de plusieurs retournements de situation, c’est bien lui qui est éliminé par son compatriote Romi, qui possédait un tapis à peine plus important que son adversaire. Il finit en 3ème place pour un gain de 560 000 dirhams.
Le heads-up oppose donc le Français Madi Macalou, tout récent vainqueur du WPTDS Portugal, et l’Espagnol Romi, 3ème du dernier WSOPC 50 en juin dernier ! Les deux joueurs ont des tapis quasiment équivalent, et cette donnée ainsi que l’heure tardive ont facilité la discussion d’un deal, validé de façon parfaitement légal au Maroc par le casino.
Si Madi reprend vite du jeton à son adversaire, c’est finalement Romi qui double une première fois puis trouve une seconde flush quelques mains plus tard pour s’imposer.
Il remporte le trophée et 1 million de dirhams (après deal). Macalou finit runner-up pour 874 000 MAD, quelques jours après sa victoire sur le WPTDS Portugal. C’est finalement un dénouement qui peut avoir de quoi combler de joie les deux protagonistes !
Le heads-up a opposé Romi et Madi Macalou
Un plateau en or
Les Français au rendez-vous
Il y avait de sacrées têtes d’affiche lors de ce festival. Il y avait la quantité, on vient de le voir, mais également la qualité donc.
Outre deux légendes du poker, les joueurs pro partypoker Elky (46ème) et Bruno Fitoussi (6ème pour 245 000 MAD), qui nous aura fait vibrer avec un très joli run et une démonstration classieuse de jeu short-stack et d’élégance à table, on retrouve dans l’argent de beaux noms du poker tricolore : Isabel Baltazar (65ème), Mathieu Papineau (61ème), Alexandre de Zutter (58ème), Erwann Pecheux (39ème), Parham Ahoor (34ème), Frédéric Delval (33ème), Jonathan Therme (16ème), Marius Conan (14ème), Pierre-Antoine Quignard (8ème) ou enfin François Tosques, champion sortant, qui réalise un petit exploit tout de même en se hissant à la 5ème place de l’édition 2019 !
Les Allemands pointent le bout de leur nez
Outre les contingents espagnols auxquels on est habitué et que l’on quantifie grâce au nombre de mentions « NC » sur les chipcounts, on a découvert l’émergence d’une timide colonie allemande, peut-être annonciatrice de l’arrivée prochaine d’une nouvelle vague de joueurs germaniques. Le soleil marocain aurait certainement de quoi les combler, eux qui sont davantage habitués au froid humide des forêts tchèques de Rozavdov…
Ainsi, Paul Michaelis, une référence du poker allemand, vainqueur de l’EPT Prague 2018 pour 840 00 euros, se hisse à la 57ème place, accompagné par Robin Hegele (59ème), Dennis Wilke (38ème) ou encore Marc Goschel.
Un cadre de tournoi idyllique
Les Espagnols dans leur jardin
On ne va pas s’étendre sur la présence massive du field espagnol, tant il est compliqué de communiquer sur ces joueurs, certes talentueux mais ô combien discrets pour des raisons essentiellement fiscales. Aucune interview, très peu de photos et quasi-impossibilité de retrouver la véritable identité des joueurs et donc de prendre des infos sur leur palmarès et leur parcours. Bref, le cauchemar du journaliste. Et comme on n’a pas vraiment le temps de vous monter des enquêtes de détective dans l’esprit d’un « Cash investigation » sur le poker au Maroc, on se contente de relayer les sempiternelles enchaînements de NC.
Mais ces joueurs ont du talent, c’est bien évident. Il suffit de constater le palmarès des grands tournois internationaux qui se déroulent au Casino de Marrakech pour réaliser que ces joueurs ne viennent pas ici par hasard. Ni uniquement pour le soleil, qu’ils trouvent par ailleurs très facilement chez eux.
Cette année encore, pas de dérogation à la règle : les Espagnols ont trusté les premiers rôles. Ainsi de Manuel Lopez ou Canarinho, qui ont échoué aux portes de la table finale mais surtout de Pedro et Romi, seuls représentants de leur pays qui se sont pourtant hissés sur le podium.
Les tournois ont fait le plein
Les side events ont fait le plein
Carton plein pour le festival dans son ensemble. Les tournois hors Main Event ont réalisé de très bons scores en terme de participation et ont également vu la consécration de joueurs de grande qualité.
Ainsi, le Highroller a réuni 206 entrées et Arthur Conan s’est imposé devant Sébastien Compte (2nd), Niko Koop (4ème) ou encore l’Allemand Marc Goschel (6ème), pour un gain de 72 000 euros (800 000 MAD).
L’Opener a réuni 141 joueurs pour voir l’Espagnol Javier Tsunamy, leader de la communauté poker hispanophone, s’imposer (122 500 MAD).
Le Classic Freezeout a rassemblé 102 joueurs (victoire de Rachid Chaouki), le 8-max 67 joueurs (victoire de Sonny Franco), le Bounty 125 joueurs (victoire de Benchohra Belhouari).
Les équipes du Casino de Marrakech, de WPT et de partypoker réalisent un travail remarquable à chaque nouvelle édition. On vous dit donc au revoir et à la prochaine !
Résultats complets des places payées – Main Event WPTDS Marrakech 2019
Ewen Trévidy aura tenu aussi longtemps qu’il aura pu sur un tapis famélique, mais il sort finalement à la 4ème position.
Reste alors Luis Cabello, le dernier espagnol, à un peu moins de 15 millions, Christophe Beyer, le Red Diamond, autour de 25, et Issam Benhaddou à plus de 55. Luis Cabello ouvre un coup en relançant à 1,2 million. Christophe tri-bet à 4 millions, Issam jette rapidement, tapis annoncé côté Luis, payé dans la seconde par Christophe. Les jeux : K-10 de carreau opur Luis, K-Q de pique pour Christophe.
Il y a une grosse ambiance dans la salle, entre les supporters de Christophe et les Espagnols, également en nombre. Le board n’aide personne et les supporters du Français laissent éclater leur joie. Luis rejoint le rail, où il est interviewé par l’équipe Winamax.
Les deux finalistes sont connus et disparaissent rapidement pour négocier un deal – autorisé au Maroc. Ils décident de partager 787500 dirhams chacun et de se disputer 150000 dirhams (le restant) et le trophée.
Photo Winamax
Cette dernière phase va être expéditive, gagnée en quelques coups par Issam, qui aura finalement marché sur l’eau lors de cette 3ème journée. Avec cette victoire d’un local de l’étape, l’ambiance est à la liesse dans le casino. Tout le monde est très heureux de la manière dont ce Sismix – qui reprenait une tradition suspendue pendant un long moment – s’est déroulé et rendez-vous est pris pour remettre ça rapidement.
Le High Roller ne compte plus que 11 participants, parmi lesquels Mustapha Kanit, qui a bien gonflé son tapis famélique de début de journée. Il est à la gauche de nul autre qu’Anas Tadini, qui continue d’animer la table comme à son habitude. Mustapha dit que c’est un très bon joueur, très agressif.
Côté Main Event, le field a continué de se réduire (très) régulièrement toute la journée et ce grâce à un joueur en particulier : Issam Benhaddou (en accroche). Et ça commence avec Javier Ortiz (« ElGenio »), Red Diamond, sorti à la 15ème place, sur un bluff qui n’a pas fonctionné contre Issam. Enis Chetita, qui était arrivé assez short, a tenu jusqu’à la 14ème place. Il part avec 74000 dirhams.
Enis Chetita (photo Winamax)
Victor de Sa Camboa finit 13ème, avec 74000 dirhams également. Puis Icham Benhaddou ajoute un nouveau joueur à son tableau de chasse en éliminant Rachid El Yaacoubi (12ème place, 74000). C’est ensuite au tour d’Inigo Naveiro de prendre la porte à la 11ème place pour 91000 dirhams. Antoine Guidez, qui était bien remonté avant de prendre la pente descendante, est sorti par Mehdi Chaoui en 10ème place, suivi par Sylvain Neiroud, le chip leader de début de journée, sorti avec paire de Rois contre As-Q d’Icham Benhaddou qui font carré (!) à la river. Il sort avec 110000 dirhams, tout comme Mohamed Mehalleg, 8ème, également éliminé par Icham, qui est le bourreau officiel de la table.
Photo Winamax
Issam continue d’imprimer sa marque sur cette table finale en sortant Alexis Plumet (ci-dessus) en 7ème, avec As-J qui trouvent une quinte contre paire de 3 d’Alexis, malgré un brelan au board.
Après l’élimination de Gonzalo Serrano par Luis Cabello en 6ème position (200000 dirhams), c’est ensuite au tour de Mehdi Chaoui de faire les frais du rush d’Issam, qui le paye avec As-7 contre paire de 8. Qu’à cela ne tienne, Issam trouve deux 7 sur le board, et ils ne sont plus que 4 à table. Mehdi empoche 270000 dirhams.
Au High Roller, on compte parmi les survivants au Day 2 Antoine Goutard, en bonne position, Nicolas Dumont, Davidi Kitai, Mustapha Kanit (avec un petit tapis), Alexane Najchaus et bien sûr Anas Tadini, plutôt bien lui aussi.
Au Main Event, le plateau avec les trois derniers tables est malheureusement difficile d’accès, dans un espace étroit encombré de matériel et de photographes. J’ai quand même pu me faufiler pour ramener quelques photos. Ici, Ewan Trevidy (7,8M de jetons) et Rachid El Yaacoubi (3,5M). En accroche, « ElGenio » à gauche, puis Antoine Guidez, Mohamed Mehalleg et Issam Benhaddou (6M) au tout premier plan.
Il y a déjà des sortants : Adil OubAAous, qui peut repartir grinder on line, et Rui Tiago Pinto Campo qui passe un palier à la 17ème place avec 58000 dirhams. Le prochain palier est à la 14ème place, avec 74000 dirhams, puis à la 11ème avec 91000. SirJGarcia, un gros reg online espagnol (candidat à la Top Shark Academy ibère) sort à la 16ème place.
Comme il sera difficile pour moi de continuer à partager le déroulement des coups avec vous, vous pouvez suivre le stream sur la table 1, avec Mehdi Chaoui sur https://www.twitch.tv/winamax ou https://www.youtube.com/watch?v=QDdW02KoD_M