Le véritable journalisme d’investigation existe peu dans le monde très policé du poker en ligne. Depuis quelques temps, outre-atlantique, certaines plumes se sont cependant lancées dans de très intéressantes enquêtes sur l’arrière-cours de l’e-gaming. Après les papiers fouillés et passionnants de notre confrère américaine, sur son blog « Pot Commited », quant aux différentes affaires Ultimate Bet, c’est au tour de SpeedPoker de prendre le relai.
Ce 31 juillet, donc, Speedpoker a lancé un pavé dans la mare du scandale Full Tilt Poker, preuve à l’appui. En effet, depuis l’annonce en Day 1 des WSOP 2011 de la poursuite lancée par Phil Ivey contre ses anciens « employeurs » et « associés », on avait tendance à dresser des couronnes de lauriers à Ivey, contre les méchants de Full Tilt. Mais depuis, le « gentil » a abandonné sa poursuite et on se rend compte, comme l’affirmait Full Tilt, que le joueur multi-millionaire était un habitué des prêts de plusieurs centaines de milliers de dollars, auprès de son employeur…

Chiffres en mains, Speedpoker dévoile qu’Ivey aurait demandé plus de 11 millions de dollars d’avance, pour en rembourser environ 5 millions —soit un trou de 6 millions. Comme le site le fait remarquer, si cette situation était généralisée, cela expliquerait peut-être pourquoi le site a tant de mal avec ses liquidités… Quid, en effet, des autres joueurs historiques comme Gus Hansen, Patrik Antonius, Chris Ferguson, etc ? Et des « Red Pro », comme David Benyamine, lui aussi épinglé pour de nombreux « emprunts » électroniques jamais remboursés.

Etranges pratiques, en tout cas, même si les plus informés évoquaient depuis longtemps ce type de pratiques, sans en avoir jamais eu la preuve. Ivey, meilleur joueur au monde, serait-il véritablement broke ? Rien n’est impossible, surtout lorsqu’on connaît l’addiction du joueur au craps high-limit, pouvant perdre 1 million de dollars en une heure à peine… Et on peut facilement imaginer que de tels prêts ont du être légion avec les gros perdants du site, comme Hansen, par exemple, qui semblait pendant des années pouvoir recaver à volonté, alors qu’il perdait sans cesse…
Certains se sont élevés quant à la levée de l’anonymat, comme si évoquer ces pratiques remettaient en cause la probité des joueurs mentionnés —Ivey et Benyamine. Etrange, puisque tout le milieu du poker sait bien que les joueurs se font sans cesse des prêts de liquidité et que les « bad runs » coutent chers, surtout à ces limites-là… C’est en tout cas la preuve formelle que FullTilt n’avait décidément pas une manière de fonctionner très claire et que le coup de pied dans la fourmilière donné lors du Black Friday n’a pas fini de faire parler de lui…