Comme dans le catch, le monde du poker professionnel possède ses galeries de personnages. Avec une trilogie séculaire, celle du bon, de la brute et du truand (« The good, the bad and the ugly », en version originale). Dans cette géographie mentale, Phil Hellmuth fait figure de vilain (« The Brat », son surnom, souligne son caractère tempétueux et ses tilts fréquents). Rien ne prédisposait, pourtant, ce jeune étudiant timide de 24 ans à devenir, à l’époque le plus jeune vainqueur du Main Event et entrer dans la gloire des stars du poker. Rien, sauf peut-être une concentration hors-pair et une gestion du risque à table qui aura pendant longtemps impressionné.
Mais pour survivre dans ce monde médiatique en gestation, Hellmuth a du s’inventer un personnage ; jusqu’à s’y confiner et oublier parfois les fondamentaux de son jeu. Comme sur un ring, il est de bon ton de détester Hellmuth. Certains, comme Dusty Schmidt, en font même des livres, afin d’expliquer qu’Hellmuth est un joueur ringard qui ne connaît plus rien du poker. D’autres, comme Tony G, moquent gentiment le côté « people » forcé du Brat. Et pourtant, derrière ce géant de près de deux mètres, toujours caché derrière ses lunettes noires, en position quasi-fœtale à table, existe une personnalité bien loin de son personnage à table. Calme, posé, ironique, sauf lorsqu’il est en plein « steam » après un sale coup, Hellmuth est à des années-lumières du Brat qui arrive entourée de légionnaires nubiles, déguisé en César, au Main Event des World Series.
Et si Hellmuth n’a jamais été un bon joueur de cash-game —assertion qu’il accepte aisément, même s’il s’essaie toujours aux émissions High-Stakes Poker, exposition télévisuelle oblige—, il reste toujours le co-leader en termes de bracelets WSOP. « Seulement en No Limit Hold’Em », arguent ses détracteurs, pour souligner un éventuel manque de maîtrise des autres variantes. Mais à regarder de plus près, Hellmuth a atteint un nombre incroyable de tables finales en variantes plus exotiques, loupant de très peu le bracelet final. 11 bracelets ? Sûrement, mais il aurait tout aussi bien pu en décrocher une quinzaine, au bas mot.
Cette année, Hellmuth est entré dans l’Amazon Room la tête basse, concentré sur son jeu. Les lunettes noires ont fait place à des lunettes de vue basiques, et ses incessantes complaintes à la table se sont tues, même lorsque son public de railbirds habituel le regarde, à quelques mètres derrière lui. Rien n’y fait : ni les (mauvaises) blagues de Phil Laak, les railleries de Mike « The Mouth » Matusow ou le rire un peu forcé de Daniel Negreanu pour faire le show. L’ancien ambassadeur UltimateBet, depuis sans sponsor officiel, fait profil bas, et veut aller chercher son 12ème bracelet, pour rentrer définitivement dans l’histoire. Car, derrière, il sait que ses poursuivants directs ne sont pas prêts de refaire leur retard. A mi-parcours, Hellmuth a frôlé la victoire à deux reprises : contre Juanda, qui l’a littéralement asphyxié lors du heads-up final, malgré son retard en jetons, puis lors de la finale du Stud-8, après la sortie de Racener, Benyamine, Forrest et Lellouche. A chaque fois, cependant, Hellmuth a subi la défaite avec élégance, contrition. Car il sait que la route est longue, mais qu’il est pour l’instant le seul à la parcourir.
Le vainqueur, en septembre 2022, de l’APO 2500 au Club Circus à Paris, fait la route largement en tête à 9 joueurs restants de l’Event #2 des WSOP, un tournoi à 25 000$ qui a déjà rassemblé le who’s who du poker international, avec 207 entrées au total.
Pour le moment, Hallay a deux fois le tapis du deuxième en jetons et semble se diriger tout droit vers une belle performance…
(Durant l’édition 2023 des WSOP, nous tiendrons, à distance, un « journal off » comme nous le faisons depuis plusieurs saisons, afin de raconter à notre manière une autre vision du plus grand évènement poker de l’année)
Tout est prêt pour l’édition 2023 des World Series Of Poker : des salles immaculées sises au Paris et au Horseshoe (feu Bally’s), en plein Strip de Las Vegas ; une légion de croupières & croupiers, de chefs de partie, de serveuses & serveurs, le doigt sur la couture, attendant les premiers inscrits au tournoi à 25 000$ qui vient ouvrir ces quasi deux mois de compétition ; les hustlers en tout genre qui remontent Las Vegas Boulevard, hantent les bars à vidéopoker des casinos ou exécutent quelques tricks dans les ruelles perpendiculaires, au hasard de l’ombre et de la nuit. Tout est prêt, comme au générique d’une grosse production de cinéma, mais il manque encore le frisson du gamble, celui qui fait chavirer les têtes des pros les plus aguerris ou fait naitre des rêves fous chez les grinders low-stakes d’outre-Atlantique.
Il faut aller un peu plus loin, en Californie, du côté de Los Angeles, pour remonter aux sources de ce qui fait vibrer les observateurs du poker : c’est dans un casino connu uniquement depuis le « scandale du J-4 » qu’ont lieu actuellement les plus gros cash-game de l’histoire du poker télévisé. Le streaming du Hustler Casino Live fait le plein de vues dans le monde entier, malgré un casting un peu redondant, qui force le trait sur les personnalités clivantes —Nik Airball, en gambleur fou ; Doug Polk, en jock énervant et pénible ; des millionaires asiatiques aux fortunes supposées en cryptomonnaie ; Tony G, qui semble parfois jouer scared money ; le très sympathique Rob Yong, en grande gueule humaniste—, la nuit du 30 mai a été riche en émotions avec le retour d’un éternel revenant, Tom « durrr » Dwan. C’est autour de lui que se sont joués les plus gros pots : un call interminable face à un tirage raté de Doug Polk, pour plus d’1,2 millions de dollars ; un bluff contre Polk qui passe tout juste ; et surtout un call incroyable face à Wesley, un gambler d’origine chinoise aux poches sans fond, pour plus de 3 000 000$.
Dès lors, comment se motiver pour le poker de tournoi qui demande rigueur pendant plusieurs jours et de « passer entre les balles » des coinflips à plusieurs reprises ? Ces joueurs high-rollers prendront pourtant surement bientôt un jet privé (où les parties continueront) afin de se poser quelques jours au Big Game du Bellagio, de l’Aria ou du Resorts World ; ils flamberont quelques bullets à 25 000, 50 000 ou 100 000$ (le One Drop For One Million est désormais passé sous l’égide du WPT, organisé en parallèle du WPT Championship de fin d’année), multiplieront les prop-bets afin de pimenter les prizepools à six chiffres qui correspondent à un petit pot de cash-game. Pourtant, à voir la ferveur des vainqueurs des WSOP, à vibrer avec eux au rythme de leur survie et leur triomphe d’un Event pour la première ou la dixième fois, on aura tendance à se placer du côté de ces amateurs et ces professionnels —comme l’indéboulonnable Phil Hellmuth— qui placent l’exceptionnel (la victoire, les bracelets, la singularité, le symbolique) avant le business as usual : ces quelques millions de dollars de plus.
Depuis quelques années, les World Series Of Poker voyagent dans le monde entier avec son circuit WSOP-C !
Le plus prestigieux des festivals revient en avril au Casino Le Croisette de Cannes du 12 au 25 avril avec un total de 12 Ring Events.
L’ultime bague WSOPC de ce festival se disputera online sur PMU Poker exclusivement. Il s’agit de l’Event 11 RING ONLINE WSOP-C PMU.FR un tournoi Flight KO Progressif en 6-max 50 000€ GTD au buy-in de 250€. Les Days 1 auront lieu le 23 et le 24 avril.
Chaque soir à partir du 16 avril, saisissez l’opportunité de vous qualifier pour ce grand rendez-vous à l’aide des satellites proposés à 21H, contre un buy-in de 30€.
Programme WSOP-C 11 RING ONLINE
– Dimanche 23 avril 20h30 : Day 1A
– Lundi 24 avril 20h30 : Day 1B
– Mardi 25 avril 21h00 : Final Day