Quel plaisir de clôturer un coverage aussi tôt. Rarement un Main Event du Barrière Poker Tour ne s’était terminé aussi rapidement, admettons-le. Avec, au bout du compte, une victoire méritée de Clément Cure, grand vainqueur de ce tournoi principal du BPT Ribeauvillé dont l’affluence globale aura atteint les 425 entrées. Le Dijonnais de 25 ans peut savourer son triomphe, lui qui vient de remporter la coquette somme de 35 360 €. « Je ne réalise peut-être pas encore. Il y a de l’adrénaline, mais ça va redescendre. Je vais réaliser dans quelques jours, lorsque je pourrais profiter », me raconte-t-il à chaud.
« J’ai raté plusieurs fois le coche en loupant de grosses sommes en ligne ou en live, notamment à Barcelone. Sur le WPT 500 je devais passer chipleader à 100 left, et je prends un bad beat énorme. Du coup, beaucoup de frustration. Tout le travail que j’ai pu abattre ces dernières années payent enfin », estime ce joueur de tournoi qui sévit sur les tables de PMU et Winamax aux limites 20, 50 et 100 euros, par le biais de satellites.
« A partir du carré de sept, j’ai commencé à être plus libre. J’ai aussi touché. Il faut le dire, j’ai eu de la chance. Il en faut pour gagner un tournoi. Je suis content », poursuit-t-il. Du haut de ses 25 ans, Clément Cure a déjà une petite idée de ses projets à court terme : « Je voulais déjà acheter un appartement avec ma copine. Du coup je pense que ça va beaucoup aider. Ca va aussi gonfler la roll. Je vais partir en vacances et profiter. Et puis j’espère que vous me reverrez sur une autre TF ». C’est tout le mal qu’on lui souhaite !
Nous concernant, on se retrouve d’ici quelques jours le temps de reprendre quelques forces, foutre deux ou trois shorts dans ma valise, sauter dans l’avion et poser mes bagages à Marrakech, à l’occasion du Wonder 8, à partir du vendredi 29 avril. Ci-dessous, veuillez retrouver touuuuuus les chiffres de ce Main Event (Jour 1A, Jour 1B, Jour 2, Hall of Fame du BPT Ribeauvillé), ainsi que l’ensemble des résultats. Sans oublier un résumé complet de la table finale. Mesdames, messieurs, il est temps d’aller au pieu. Au plaisir de vous recroiser autour d’une table. Peace. Greg H.
Résumé de la table finale
Chipcount au coup d’envoi de la TF
Siège 1 : Basil Yaiche – 1 305 000
Siège 2 : Claude Peral – 1 570 000
Siège 3 : Yann Vanlerberghe – 5 475 000
Siège 4 : Alan Leclerc – 825 000
Siège 5 : Jacques Dolignon – 1 485 000 Siège 6 : Bernard Gross – 5 855 000 (chipleader)
Siège 7 : Jean-Daniel Champod – 1 800 000
Siège 8 : Mohamed Mazouz – 1 545 000
Siège 9 : Clément Cure – 1 375 000
Le début de la table finale (22h35) a pour le moins été calme. Nos protagonistes ont fait preuve de conservatisme en jouant des pots moyens, tout en prudence. Mais une fois le premier sortant connu (23h05), les dieux du poker se sont déchaînés : deux autres finalistes l’ont suivi dans la foulée, en l’espace de 10 minutes. Ce moment fort du début de table finale a ainsi été fatal à Alan Leclerc, Jean-Daniel Champod et Claude Peral, respectivement 9e (4280 €), 8e (4860 €) et 7e (5690 €), et éliminés par les hommes forts de cette TF, que sont Yann Vanlerberghe et Bernard Gross, qui pointaient alors à 8 et 7,3 millions après ces belles opérations.
Alan Leclerc / 9e (4280 €)
Jean-Daniel Champod / 8e (4860 €)
Claude Peral / 7e (5690 €)
En prenant un peu de recul, cette table finale a semblé fonctionner par rythme : parfois très intense avec des éliminations à tout-va en un court laps de temps, parfois très calme, où des coups plus développés ont lieu. Environ trente minutes (22h45) après la triple élimination contée ci-dessus, deux autres finalistes ont été contraints de rejoindre le navire des éliminés : Basil Yaiche dans un premier temps, qui, réduit à à peine dix blindes, n’a rien pu faire face à l’intenable Yann Vanlerberghe. Ce dernier tutoyait alors les 9,5 millions de jetons à ce stade la partie (soit plus de 100 blindes).
Basil Yaiche / 6e (7130 €)
Sept minutes plus tard (22h52), c’était au tour de de Jacques Dolignon de subir les foudres de Clément Cure. Non sans faire preuve de malchance, puisque ce premier, muni des Flèches, a été terrassé par le second grâce à une paire de sept se transformant en carré sur le turn. Les tapis des deux joueurs étaient partis préflop. Clément se donnait quant à lui un peu d’air avec un tapis tout beau tout neuf de trois millions de jetons.
Jacques Dolignon / 5e (8940 €)
Toujours dans cette dynamique plutôt poussive, Mohamed Mazouz n’a pas réussi à rejoindre le podium de ce Main Event (00h15), la faute à une main discutable au cours de laquelle Mohamed a overbet shoove tapis sur un flop, avec une simple hauteur As et un tirage backdoor flush. Clément Cure, en roue libre, s’est occupé de l’éliminer avec sa top paire pour grimper dans les hauteurs du classement. Un point sur les tapis du trio finaliste à ce stade de la partie : Yann Vanlerberghe a pas mal recraché à droite à gauche (5,7 millions), Bernard Gross a grappillé des jetons par ci par-là (8,8 millions) quand Clément Cure se replaçait définitivement dans la course au titre (6,7 millions).
Mohamed Mazouz / 4e (11 480 €)
La table finale a ensuite pris une toute autre tournure : c’est simple, Clément Cure a gagné peu ou proue presque tous les coups qui suivirent, et ce pendant une bonne quinzaine de minutes. En témoigne le chipcount au break de 00h35 :
La descente aux enfers de Yann Vanlerberghe ne s’arrêta pas là. Puisque celui qui possédait près de la moitié des jetons en circulation à six left n’a remporté presque aucun coup par la suite, le faisant tomber à quatorze BB sur les blindes 50 000 – 100 000, Big Blinde Ante de 100 000. A 00h56, son sort était scellé (un 30/70 perdu), au profit d’un Clément Cureon fire qui allait débuter le heads-up final avec un avantage en jetons certain.
Yann Vanlerberghe / 3e (16 220 €)
Chipcount à l’entame du HU (01h05), sur les blindes 50 000 – 100 000, Big Blinde Ante de 100 000 :
Trois, c’est le nombre de mains qu’il a fallu jouer pour départager nos deux derniers joueurs. 10, c’est le nombre de minutes écoulées entre le début et la fin du HU. Vous l’aurez compris, c’est à un heads-up expéditif auquel nous avons eu affaire, et ce malgré une profondeur de tapis conséquente. Avec, au bout du compte, une victoire de Clément Cure, qui signe ici sa plus importante performance sur le circuit live.
Bernard Gross / Runner-up (23 540 €)
Le Main Event en chiffres / 425 entrées, dont 101 re-entries
Les chiffres du Jour 1A
Entrées : 236, dont 33 re-entries
Survivants : 111 Chipleader : Laurent Welsch (381 000)
Moyenne : 106 300
Reprise au Jour 2 sur le Level 11 / Blindes : 1000 – 2000, Big Blinde Ante de 2000
Les chiffres du Jour 1B
Entrées : 189, dont 68 re-entries
Survivants : 103 Chipleader : Hervé Trouillet (330 000)
Moyenne : 91 700
Reprise au Jour 2 sur le Level 11 / Blindes : 1000 – 2000, Big Blinde Ante de 2000
Les chiffres du Jour 2
Nombre de joueurs sur la ligne de départ : 214 Survivants : 70 Chipleader : Aldo Lisi (946 000) Moyenne : 303 000 Reprise au Jour 3 sur le Level 18 / Blindes : 5000 – 10 000, Big Blinde Ante de 10 000
Eliminations notables du Jour 2 : Brian Benhamou, Miroslav Alilovic, Alexandre De Zutter, Alain Fleurent, Eliot Hirn, Emrah Cakmak, Omar Lakhdari, Ilias Izddine, Jean-Claude Loustau, Martial Blangenwitsch, Ugo Faggioli, Dominique Terzian, Dominik Gasser, Arnaud Peyroles, Gilles Silbernagel, Pierre-Antoine Quignard, Gaëtan Balleur, Christian Tudor, Camel Meriem.
C’est à midi, porte de Versailles, que reviendront les 8 finalistes du Main Event de la grande finale du Winamax Poker Tour à Paris, mais c’est à partir de 12h30 que vous pourrez suivre en léger différé l’intégralité de cette ultime bataille, sur la chaîne Twitch de Winamax.
Le vainqueur se verra doté d’une belle épée d’Excalibur, et surtout de 170 000€. Le premier sortant, quant à lui, se contentera d’un très beau chèque de 21 000€. Notre coup de coeur, pour cette finale, est Hugues Girard, très agréable joueur à table, amateur éclairé (comme tous les autres finalistes) et revenu du diable vauvert pour arriver en table finale avec une moyenne raisonnable qui lui permettra de jouer son propre poker.
Comme un joueur, j’ai cru en mes chances. Cédé à l’ennui de la mi-journée pour buy-in un satellite à 100€, et le gagner, à force de cartes folles.
Comme un joueur, j’ai enchaîné directement par un turbo Day 1 pour le Main Event. Comme un joueur, je suis allé prendre l’air, respirer une dernière fois avant d’entrer dans l’atmosphère de néons blancs et de hangar des salles de tournoi.
Comme un joueur, j’ai enfoncé mon casque, mis en boucle le même morceau lancinant, j’ai dit bonjour au croupier, en anglais ou français selon leur nationalité, j’ai recouvert le babil de mes adversaires des premiers niveaux par un drone en différence et répétitions, j’ai occulté le monde extérieur pour trouver un rythme intérieur.
Comme un joueur, rénégat cette fois, j’ai dû rendre mon accréditation presse au responsable du tournoi, histoire de déiontologie. Comme dans un (mauvais) film policier français, où un flic corrompu dépose pistolet en holster et médaillon de flic sur son bureau, avant de repartir avec son carton vide sous le bras.
Comme un joueur, cela m’a passablement agacé, alors je suis resté concentré. Au lieu d’aller avaler une pizza cartonneuse (18€) ou un « hamburger édition spéciale Johnny Halliday » (26€) dans les rades de cette porte de Paris, j’ai fait le tour à grandes enjambées des autres espaces du salon, pour rester dans ma (toute petite) bulle.
Comme un joueur, j’ai tenté un re-steal en grosse blinde avec une main pourrie (3-8 offsuit), payé debout sur la table par un relanceur avec paire de Dame. Comme un joueur, je suis retombé à une vingtaine de blindes, et j’ai attendu maussade qu’on oublie mes move débiles.
Comme un joueur, j’ai eu trois paires de suite, et comme un joueur, on a fini par me payer, et j’ai triple-up, et je me suis dit que j’étais vraiment le meilleur, et que plus rien ne pouvait m’arriver.
Comme un joueur, j’ai passé le Day 1, je suis entré dans l’argent, et comme un joueur, j’ai regardé le payout des places finales, imaginant ce que je ferais de l’argent vu que je finirais dans le Top 3.
Comme un joueur, j’ai ignoré les injonctions des amis m’enjoignant à « aller me reposer », et au lieu de cela, je suis allé à une fête prévue de longue date. Comme un joueur, je me suis réveillé à 2h30 du matin dans un bar qui passait du métal à 120db, et je me suis dit qu’il était temps de rentrer, peut-être.
Comme un joueur en gueule de bois, j’ai dépensé mes derniers euros en bouteilles de badoit glacée, je les ai bues d’affilée en attendant le début de la deuxième journée de tournoi, mâchonnant deux pommes pour couvrir mon haleine frelatée. Comme un joueur, j’avais envie d’être autre part, et puis a résonné le lancement de cette deuxième journée, et j’ai branché mon casque au téléphone, puis la musique a redémarré, et les premières cartes sont arrivées.
Comme un joueur, Caroline Darcourt m’a pris en photo, et j’étais plutôt content, même si je déteste ces moments, car Caroline a cette empathie qui rend chacun désirable sous son objectif.
Comme un joueur, j’ai fait ami avec mon voisin de table, avant de lui prendre un gros coup, et comme tous les autres joueurs autour, j’ai maugréé à chaque fois que nos tables étaient cassées, et comme un joueur, j’ai foldé, foldé, foldé, puis foldé à nouveau.
Comme un joueur, en huit heures de jeu, j’ai touché une seule paire (de 7, qui touche brelan au flop, et me propulse bien au-delà de l’average), pas une seule main au-dessus d’As-Dame offsuit, et comme un joueur qui regarde les autres joueurs, j’ai du voler la plupart de mes pots, pour attendre un ailleurs plus souriant.
Comme un joueur, j’ai fait le bluff le plus pourri du monde, et comme en face un joueur avait les As en main, j’ai dû faire une horreur pour le sortir. Comme un joueur, j’ai balbutié quelques mots ridicules, car on ne sait jamais comme consoler un autre joueur d’une petite mort imméritée. Comme un joueur, j’ai fermé les écoutilles pour ne pas entendre les moqueries des autres.
Comme un joueur, j’ai attendu et rebondi, j’ai passé un (beau) coup à un semi-pro imbu de lui-même, et je lui ai montré mes cartes car je suis moi aussi un joueur imbu de moi-même.
Comme un joueur, j’ai checké un inconnu après un beau coup, comme un joueur, j’ai écouté mes semblables déverser leurs bad beat, comme un joueur, je les ai entendus se justifier de leurs moves les plus absurdes, comme un joueur, j’ai demandé à mes voisins de table si j’avais bien joué mes mains, histoire de savoir comme eux le feraient.
Comme un joueur, à la pause, je me suis précipité recharger mon téléphone, j’ai fait la queue interminable dans des toilettes saturées, et comme un joueur, j’ai tout fait pour ne pas les entendre parler de re-buy, de tournois high-roller ou de side-events.
Comme un joueur, à environ 100 joueurs left, j’y ai cru encore plus, car j’avais bien au-dessus de la moyenne, car le rythme à table était calme, car j’avais tout le temps du monde et une gueule de bois oubliée dans les effluves de sueur aigre des autres joueurs.
Comme un joueur, j’ai complété un min-raise de la petite blinde, en big blinde, avec 9-10 de coeur. Comme un joueur, j’ai vu apparaître un flop agréable, Dame-Valet-2 offsuit. Comme un joueur, j’ai misé les 2/3 du pot, comme un joueur, mon adversaire, qui avait checké, a payé. Comme un joueur, j’ai vu un turn apparaître, avec rien de plus à l’horizon. Comme un joueur, j’ai check-back pour voir une carte gratuite. Comme un joueur qui voit la lueur au bout du tunnel, j’ai vu un Roi arriver. Et un tapis face à moi. Et comme un joueur avec la deuxième meilleure main possible, je n’ai pas hésité, et j’ai eu une montée d’adrénaline mal identifiée. Comme un joueur qui envisageait de perdre, j’ai payé, et j’ai perdu. As-10 pour une quinte supérieure. Comme un joueur, je viens de vous raconter mon badbeat.
Comme un joueur qui venait de buster, je suis parti l’air vaguement détaché, alors que j’étais agacé, déçu, énervé —contre moi, surtout, mais bien sûr contre le monde entier, car l’enfer, c’est les autres. Comme un ex-joueur, j’ai été toucher mon gain (1750€), et comme un joueur, j’ai fait la liste de ce que cela m’offrirait —une paire de chaussures trop chères, une montre ancienne, un restaurant japonais— et comme un joueur, j’ai rapidement calculé qu’il y en aurait pour bien plus que cela.
La journée a été longue, porte de Versailles, pour les survivants du Main Event de la grande finale du Winamax Poker Tour : débutée à midi pile après l’introduction tripartite des responsables du succès parfait de cet évènement (Thierry Bolleret pour le Club Circus, François Lascourrèges pour Texapoker et Matthieu Duran pour Winamax), elle s’est achevée au moment de l’objectif déclaré, celui d’atteindre 32 joueurs restants.
Avec un payout classique constitué de petits paliers par 100, puis 200€ entre chaque step, pas le moment d’attendre, surtout qu’au vu des quelques 500 survivants du début de journée, beaucoup étaient dotés d’un (tout) petit tapis. Pour ceux qui s’étaient qualifiés via les Day 1 turbo, la bonne surprise était de voir les blindes repartir en 6k/12k/12K, sur un average de 310 000 — bref, de quoi voir venir !
Les 32 survivants reviennent donc en ce samedi avec des rêves de finale, notamment Alexandra Meyobeme, avant-dernière en stack, mais personnalité singulière et attachante que nos confrères de Winamax ont rencontré (à lire, ici !). Car on aime défendre les petits stacks et les joueurs et joueuses hors de l’ordinaire, on vote pour elle…