Portraits / Interviews
Interview Jonathan "natanoj" Salamon/Poker52 : Rencontre avec un joueur de poker hors norme
Published
12 ans agoon
By
BorisSon blog et ses vidéos ont déjà fait le tour de tous les forums et continuent d’attirer chaque jour de nombreux visiteurs curieux de découvrir son World Poker Trip. Depuis quinze mois, Jonathan « natanoj » Salamon arpente les routes d’Amérique du Sud au guidon de sa moto à la recherche de toutes les tables de cash game possibles et inimaginables. Au final, le jeune homme nous conte une aventure poker totalement inédite et passionnante que l’on suit avec délectation.
Rencontre avec ce jeune architecte à la retraite reconverti en globe-trotter du poker.
Depuis combien de temps joues-tu au poker ?
Ca fait 9 ans déjà ! J’avais 17 ans à l’époque du boom du poker en France, et mon grand frère organisait souvent des petits tournois avec ses potes trentenaires à la maison. J’ai participé à l’un d’eux, (20€, plusieurs semaines d’argent de poche pour moi à l’époque !) et par miracle j’ai gagné face à la vingtaine de vieux briscards qui étaient venus ce jour là. Je vous laisse imaginer l’impact qu’a eu cette victoire, et la petite liasse qui l’a accompagnée pour le jeune lycéen influençable que j’étais. J’ai chopé le virus, et j’ai continué à jouer sur le net, puis en live où je suis devenu reg de cash game dans mon casino du Sud de la France.
Pourquoi avoir décidé de tout plaquer pour partir faire ce poker trip ?
J’étais architecte depuis deux ans, et je dois avouer que je ne m’éclatais pas du tout au boulot. Je sentais bien que la vie professionnelle m’endormait, et que j’étais en train d’oublier toutes mes passions d’étudiant petit à petit : les voyages, la littérature, la photo entre autres. Un jour, mon patron m’a proposé un CDI. J’y ai beaucoup réfléchi, et je me suis rendu compte que si j’acceptais, il était quasiment sûr que je tirerai définitivement un trait sur mon rêve de toujours : le Tour du Monde. Je n’avais pas d’attache, j’étais encore au début de carrière, c’était le moment idéal. J’ai pris l’une des décisions les plus importantes de ma vie en refusant. Quelques semaines plus tard, j’achetais mon billet pour Rio de Janeiro.
Comment a réagi ton entourage ?
Mes parents ont été très inquiets au départ. Ils m’ont pris un peu pour un fou. Ils n’aimaient pas l’idée que je lâche la proie pour l’ombre mais je les ai rassurés en leur disant qu’il s’agissait juste d’une année de ma vie, et que je reviendrais facilement à ma carrière plus tard. Mon grand frère a tout de suite vu le potentiel du WPTrip et a été le premier à me soutenir à fond, m’a aidé à créer mon site, m’a donné pleins de conseils etc. Au bout de quelques semaines de voyages, quand mes parents ont constaté que j’étais heureux, ils ont accepté mon choix, et sont à fond derrière moi désormais.
Tu es désormais sur les routes depuis plusieurs mois, aucun regret ?
Un an ! Absolument aucun regret, bien au contraire. Tous les aspects de ma vie ont évolué dans un sens positif.
Niveau poker, j’ai réussi mon pari de financer mon voyage par le cash game. J’ai acquis énormément d’expérience en jouant dans tellement d’endroits et contre des joueurs tellement différents. J’ai vraiment l’impression de m’être énormément amélioré.
Niveau aventure, j’ai vécu à 100 à l’heure, principalement grâce à Parkinson, ma moto achetée au Paraguay, qui m’a permis de vivre des moments justes incroyables, comme la traversée de la frontière Argentine/Bolivie pendant une semaine à travers les déserts et les montagnes (https://www.youtube.com/watch?v=gkDl-TCNHIo ) , ou les ballades dans le Sud du Pérou (https://www.youtube.com/watch?v=Zo8XbmBpn34 )
Enfin niveau personnel, ça a été génial là aussi. J’ai fait énormément de rencontres, je suis tombé amoureux de temps en temps, j’ai pu pratiquer tous les jours mes passions, et cerise sur le gâteau, je vais pouvoir en vivre désormais : il y a deux mois, j’ai reçu un mail d’un éditeur, et je suis entrain d’écrire un bouquin !
Quelques anecdotes amusantes ? Tu as fait quelques parties contre certains joueurs peu fréquentables il semblerait…
Des tonnes, sérieusement ! Pour les trois plus marquantes niveau poker, ça a été :
– quand j’ai joué avec dans un cercle syrio-libanais à Tucuman en Argentine, que je me suis fait dépouiller, et que j’ai appris un mois plus tard qu’il appartenait à la mafia ( j’ai été probablement été victime de triche, mais je ne me suis rendu compte de rien)
www.worldpokertrip.net/broke/
– quand j’ai rasé une table clandestine du club de la haute société de Salta, en Argentine
www.worldpokertrip.net/motoboulotdodo/
– quand je me suis fait pigeonner dans une partie truquée des beaux quartiers à Cochabamba, en Bolivie
www.worldpokertrip.net/pigeonvoyageur/
Certains pro ont-ils souhaité te contacter ?
Oui, j’ai reçu des centaines (sisi !) de messages de joueurs de tous horizons, et effectivement de pas mal de pros également.
On parle souvent de la liberté qu’offre le poker, mais finalement, on observe que dans les faits, la plupart des joueurs pros sont complètement absorbés dans leur grind ou leur circuit live et ne sortent pas tellement de leur routine. Je crois que ce qui plait à ceux qui m’ont écrit, c’est justement le fait que j’utilise réellement le poker comme un outil de liberté. Je leur offre un peu de rêve et en échange, ils me donnent quelques conseils techniques. C’est ce qui s’est passé par exemple avec Cyril André (Don Limit, des Limpers) qui m’a coaché gratuitement par facebook pendant plusieurs semaines quand je grindais aux casinos de Lima. J’ai énormément appris grâce à lui, on s’est bien entendus et il est pas impossible qu’il passe me faire un petit bonjour un de ces jours sur la route.
Quel était l’objectif en partant ? Tout semble bien ficelé. Ton blog, tes vidéos, tes photos ainsi que tes textes sont vraiment réussis…
Je suis parti pour faire une pause d’un an dans ma carrière professionnelle d’architecte, mais j’avoue que j’avais l’espoir secret que le WPTrip se développe et puisse m’offrir à moyen terme une ouverture, et pas seulement en tant que joueur de poker pro.
J’avais déjà beaucoup voyagé avant, et je savais qu’il m’arriverait des choses incroyables, et qu’en les mettant bien en valeur, je pourrais tenter un coup. C’est pour cette raison que dès le départ, avec mon frère, on a monté un beau site, et que j’ai mis tellement d’attention dans l’écriture et les photos. Visiblement, ça a bien marché, et je suis très fier du chemin parcouru.
Tu es parti avec le souhait de voyager en jouant au poker. As-tu réussi à remplir ta mission jusqu’à présent ou dois-tu piocher dans tes réserves ?
Oui, mission accomplie ! Mes 12 premiers mois m’ont couté 0 € ! J’ai financé entièrement cette année de voyage grâce au cash game, et il m’en reste encore pour entamer la saison 2. Beaucoup moins qu’au tout début, je le concède, à l’époque du Brésil/Paraguay où il me suffisait de m’asseoir à table pour gagner, mais j’ai encore assez pour tenir minimum quelques mois.
Lorsque le brokage viendra, je pense que je m’autoriserai un renflouement. Le World Poker Trip est devenu trop important pour l’abandonner maintenant…
Comment décrirais-tu le poker sud-américain ?
Etonnament pas si différent de ce qu’on trouve en Europe au niveau des joueurs. A une table, on retrouve à peu près les mêmes profils de sharks, fishs, nits, lag, maniacs etc.. Pas de style particulier comme on trouve chez les scandinaves par exemple.
Là où les différences se font, c’est probablement :
– Dans les lieux où l’on joue, qui sont rarement des casinos à part dans les très grandes villes. En France, je n’avais joué qu’en homegame de salon, ou dans des casinos. Ici, j’ai joué en haut d’un gratte-ciel à Rio, dans un sous-sol d’une banlieue glauque à Curitiba, un centre-commercial à Iguazu, l’arrière salle d’un restaurant à Salta, un centre Syrio-libanais à Tucuman ou Jujuy, un tripot clandestin à Santa Cruz ou Cusco.C’est moins officiel, mais c’est plus fun !
– Dans la sociologie des joueurs. Dans les pays les plus pauvres comme le Paraguay, ou la Bolivie, où le salaire minimum est de 100$, une cave de NL200 correspond à deux mois de salaire ! Une high stakes ! Du coup, dans ces pays, le poker est une activité pratiquée par les catégories sociales les plus aisées. A La Paz par exemple, j’ai joué dans une home game des beaux quartiers où j’ ai rencontré le conseiller du président Bolivien !
T’attendais-tu à un tel accueil de la part de la communauté du poker ?
On ne peut jamais savoir à l’avance, mais en toute honnêteté, je pressentais que ça plairait. J’avais déjà publié des récits de voyage ou de parties de poker qui avaient été bien reçus, et je savais que combiner les deux produirait quelque chose d’intéressant.
Le World Poker Trip devient vraiment très connu chez les joueurs de poker, et je crois que ce n’est que le début ! Je vois de plus en plus de gens me suivre en dehors du poker : des filles, des passionnés de voyage, des gens qui aiment bien mon écriture etc… Je crois que ce n’est qu’une question de mois avant que ça explose.
As-tu été approché par des rooms françaises ?
J’avais eu quelques échanges avec une room à l’époque où ils cherchaient un nouveau pro, mais ça n’a pas abouti. Depuis je n’ai fait aucune démarche, j’étais un trop pris par mon voyage, mais ça m’intéresse, évidemment.
Souhaites-tu reprendre ton métier d’architecte en rentrant ?
Impossible. Ma vie a changé désormais, et je serais absolument incapable de passer mes journées devant un ordinateur. Vraiment.
Si un jour je me mets à chercher un « vrai » boulot, je m’orienterai probablement vers le journalisme.
Je suis également entrain de rédiger un livre qui recompilera la saison 1 du World Poker Trip et qui paraitra je l’espère avant la fin de l’année. Le rêve absolu serait de pouvoir vivre de ma plume.
Quelles sont tes prochaines destinations ?
Je pars lundi vers l’Equateur ! J’en ai pour une ou deux semaines de route, et j’ai déjà des locaux qui vont m’accueillir pendant mes quatre prochaines étapes jusqu’à la frontière. Après l’Equateur, ça sera la Colombie, j’ai hâte ! La prochaine étape très importante du World Poker Trip, d’ici quelques mois, c’est le changement de continent ! Je passe en Amérique Centrale !! Le but est d’arriver un de ces jours à Las Vegas, mais quand ? aucune idée.
Une date de retour ?
Normalement, j’aurais du arrêter au bout d’un an, mais comme je le disais plus tôt, il me reste encore de l’argent, et surtout, je n’ai aucune envie de rentrer… Je resterai sur la route tant que ça ne me lasse pas, 1 an, 2 ans, 5 ans, peut être plus qui sait.
Dernière question. Comment se porte Parkinson ?
Elle sort ce matin même de chez le mécano qui l’a révisée avant le grand voyage ! Elle se porte bien, mais elle est un peu vieillissante (15500 km !), elle m’a fait quelques caprices récemment, et je crains que la pauvre ne tienne pas beaucoup plus loin que la Colombie. Mais je continuerai la route avec elle tant qu’elle ne me lâchera pas. Jusqu’aux Etats Unis, qui sait !
You may like
Portraits / Interviews
Rencontre : Fivebet, poker et vision d’avenir avec Thomas Gimie
Published
3 semaines agoon
20 septembre 2025Alors que le poker live connaît un nouvel essor en France, certains acteurs se démarquent par leur énergie et leur volonté de dynamiser le milieu. C’est le cas de Fivebet, une jeune structure qui s’impose peu à peu comme un nom à suivre dans l’univers du poker live. À sa tête, Thomas Gimie et benjamin Camps, passionnés de la première heure, entendent proposer une expérience différente : plus humaine, plus structurée, et résolument tournée vers les joueurs.
- Pouvez-vous présenter votre société et vos activités, ainsi que votre parcours dans le poker ?
Avec benjamin, mon associé et co-fondateur, on s’est rencontrés il y a plus de 15 ans, et on a eu une carrière qui nous a fait beaucoup travailler ensemble, même si on était dans des endroits différents. On travaillait dans les tournois, partout dans le monde, et un peu à tous les postes.
Benjamin a pris des postes à plein temps, et moi, j’ai toujours été très indépendant en étant sur des tournois dans un cadre plutôt événementiel ! J’ai finalement dirigé beaucoup de tournois avant de monter Fivebet avec Benjamin.
- Comment interagissez-vous avec vos équipes, celle du casino et celles de Winamax ?
C’est une bonne question ! Mon rôle ici est d’être l’intermédiaire entre tout le monde. Légalement, l’organisateur, c’est le casino. Winamax est le sponsor propriétaire de la marque avec son cahier des charges et ses process, tandis que moi, je suis là pour que tout le monde puisse marcher main dans la main, et réaliser l’objectif qu’on a tous, c’est-à-dire régaler les joueurs et créer des événements qui fassent date !
Moi, j’amène tous les extras poker. Christophe (le responsable du casino) de son côté a aussi d’autres extras comme la sécurité, les barmans… Au niveau des employés de jeu, on a 250 personnes supplémentaires que je manage pour le compte de Christophe, en vue d’assurer l’événement de Winamax.
- Quels autres grands évènements organisez-vous dans l’année ?
Ici, on a au moins deux rendez-vous importants par an, qui sont les Swiss Poker Series mais aussi les Kill Tilt Poker Series. Ce sont des festivals qui fonctionnent vraiment bien.
Aussi, il y a une stratégie d’événements qui se veulent très gros et très ambitieux, mais il y a aussi des ambitions plus humbles qui sont d’aller combler des territoires qui sont en manque de poker. C’est ce qu’on essaye aussi de faire avec d’autres marques dans d’autres endroits de France où il y a une demande, mais très peu d’offres.
- Avec la prééminence de Texapoker dans le live, comment avez-vous trouvé votre place et qu’apportez-vous comme savoir-faire ?
Le but était de développer une nouvelle part de marché, plutôt que d’essayer d’en grignoter à TexaPoker, et je crois que c’est ce qu’on a fait ! Soit on est allé faire du poker d’une autre manière dans des établissements qui en proposaient déjà, soit on est allé en faire dans des casinos qui n’en faisaient tout simplement pas. Tu vois par exemple, on ne travaille pas sur des casinos qui travaillaient avec TexaPoker avant qu’on arrive, ce qui fait que la concurrence est bénéfique pour le marché puisqu’on fait grossir le gâteau ! C’est notre approche des choses…
Nous ne sommes pas sur la multiplication du volume, et nous n’avons pas non plus pour objectif de décliner des produits qui sont les mêmes partout. Comme on est une jeune entreprise, on essaye de valoriser notre flexibilité et de développer des produits sur mesure en fonction d’un site. Le but est de mettre un peu d’âme dans tout ça !
Crédit photo : Caroline Darcourt
Portraits / Interviews
Rencontre : Christophe Guerin, au cœur des opérations du casino d’Aix-les-Bains
Published
3 semaines agoon
20 septembre 2025À l’occasion du WPO d’Aix-les-Bains organisé par Winamax, nous avons pu nous entretenir pendant quelques minutes avec Christophe Guerin, responsable du Casino Grand Cercle. Entre tradition, innovations et passion pour le poker, il nous partage sa vision du métier, et les coulisses de l’organisation d’un événement d’envergure.
- Pouvez-vous nous présenter votre casino, son offre de jeu et plus particulièrement de poker pendant l’année ?
Au niveau du poker, on a un tournoi mensuel en partenariat avec Fivebet. On s’occupe de l’organisation et de la communication par rapport à ce tournoi. On travaille avec Fivebet depuis deux ans et demi à peu près. Niveau cash game on a trois tables à l’année, et c’est principalement ce qu’on propose chez nous niveau poker. On a reçu aussi Pokerstars, et le Swiss Poker Series.
Notre société existe depuis 1824, et le casino a été construit en 1849, il fait entre 12.000 et 13.000 mètres carrés de surface développée. En offre de jeu, on a 223 machines, et 8 tables de jeu !
- Comment s’est noué votre partenariat avec Winamax pour le WPO ? Dans quelle stratégie locale et nationale cela s’inscrit-il ?
Grâce à des contacts que Thomas avait déjà chez Winamax, on a discuté de manière ouverte avec eux pour savoir s’ils avaient de la place dans leur calendrier pour pouvoir organiser un tournoi majeur chez nous.
Ça a pris quelques mois, et on a fini par rencontrer les propriétaires de Winamax (Alexandre et Christophe). On a essayé de mettre en avant notre ville qui n’est pas une très grosse ville de province, mais avec un fort potentiel. Après avoir argumenté et plaidé en faveur du casino qui est l’un des plus beaux de France, de par sa localisation, son accessibilité et son architecture, les responsables de chez Winamax ont finalement été convaincus.
Je savais que ça pouvait être un succès et qu’on pouvait mettre tous les moyens nécessaires pour organiser un événement comme le WPO, mais aussi avoir la capacité d’accueillir un très grand nombre de joueurs. La qualité du site n’allait pas décevoir, c’était une certitude. On a donc tout mis en œuvre pour accueillir Winamax au mieux !
Pour la démarche nationale, on reste un casino régional et nous n’avons pas encore d’ambition nationale.
- Quels sont les points forts de votre casino et son accueil joueur ?
Le point fort du casino, c’est réellement la qualité du bâtiment, mais aussi l’offre de jeux puisqu’elle est quand même très conséquente au niveau des machines. On a une diversité de jeux qui arrive à satisfaire 95 % des joueurs.
De plus, on dispose d’un restaurant qui est tout à fait exceptionnel. On a plusieurs salles de réception et nos salariés sont parfaitement formés à l’accueil et à l’orientation des clients. On a également une offre hôtelière qui est plutôt très satisfaisante, avec SPA et piscine. On profite aussi du plus grand lac naturel de France qui se trouve juste à côté, donc on a une qualité de vie qui est très intéressante, même pour quelqu’un qui voudrait juste venir quelques jours, c’est vraiment sympa !
- Quels sont vos prochains grands évènements pour nos lecteurs qui souhaiteraient découvrir votre établissement ?
Les chalets en décembre ! On monte une structure en extérieur pour l’hiver avec DJ, restauration, bar… C’est un immense chalet festif avec une offre alimentaire importante et plusieurs bars ! Il est possible de boire du vin chaud, ou encore de manger des huîtres, et ce, en étant à proximité du casino !
En dehors de ça, à l’année, on organise des pièces de théâtre, des spectacles, et il y a à peu près 150 jours d’animation par an au casino ! Un jour sur trois, vous pouvez donc profiter d’une animation chez nous.
Crédit photo : Gema Cristobal
Portraits / Interviews
[Rencontre] Isabelle « NoMercy » Mercier, 20 ans dans le tourbillon du poker
Published
3 mois agoon
6 juillet 2025Isabelle Mercier a été l’une des figures les plus médiatisées du poker, joueuse humaine et attachante parmi les joueurs old school des années 2000. Celle qui passe la majeure partie de son temps du côté de la crypto ou à théoriser l’Open Face Chinese Poker, un format qu’elle adore depuis une dizaine d’années, revient sur sa carrière riche en émotions, anecdotes et coulisses du monde du poker sur deux décennies. Avec son co-auteur David Nathan, elle livre des « Chroniques d’une joueuse de poker passionnantes. Rencontre, depuis Las Vegas où elle vient de renouer avec les WSOP pour quelques jours.
Presque vingt ans après le succès de ton premier livre, paru chez Flammarion et écrit avec Marina Rozenman, quelle était la volonté derrière ce projet d’écriture avec David Nathan ?
C’était avant tout une volonté de revenir sur mes années poker, mais de façon ludique, à travers un format (36 chroniques) qui permettait de raconter les coulisses d’une joueuse de poker professionnelle, mais avec une certaine légèreté. David Nathan, qui a écrit beaucoup de chansons, notamment pour Garou qui est un ami commun, a très bien su trouver le ton juste pour retranscrire avec beaucoup d’humour ce que j’avais envie de raconter.
Ce livre c’est aussi une façon de dire que je reviens sur la scène poker. C’est vrai que j’ai mis mes activités de joueuse en live entre parenthèses pendant plusieurs années, je me suis tenue loin des casinos, et je dois reconnaître que ça m’a beaucoup manqué.
J’ai passé beaucoup de temps à travailler l’Open Face Chinese Poker, qui est devenu un de mes jeux de prédilection (NDLR: Isabelle a remporté le premier championnat du monde d’OFC format progressif en 2015) et étrangement, l’intérêt pour le No Limit Hold’em, un format que je n’aimais plus vraiment, est revenu grâce à YouTube et à la série Dans la tête d’un pro que je trouve vraiment addictive. J’ai une préférence pour les épisodes avec Adrian Mateos, de loin mon préféré. Je ne jouais plus du tout au NLHE et petit à petit, je me suis mise à refaire des tournois en ligne et en live. Je rejoue les Sunday Million de PokerStars, j’ai joué le Moneymaker Poker Tour au Playground de Montréal et je vais même parfois faire des petits tournois au casino de Wôlinak près de chez moi, un bon plan au passage pour tous les européens qui sont de passage au Québec.
Tu viens de participer aux WSOP à Las Vegas ; quel attachement portes-tu à cette compétition ? Quels tournois joues-tu ?
C’est une banalité de le dire, mais décrocher un titre sur un WSOP est un rêve absolu, c’est un des titres les plus prestigieux du circuit avec les WPT. Las Vegas, c’est aussi beaucoup de souvenirs, ça me rappelle évidemment la période de ma vie, que j’évoque d’ailleurs beaucoup dans le livre, celle où je vivais littéralement dans mes valises, d’hôtel en hôtel. Chaque été je passais plusieurs mois au Bellagio et Las Vegas était devenue ma troisième ville d’adoption après Paris et Monaco. En ce qui concerne ces WSOP, je n’ai fait qu’un passage éclair d’une semaine, j’étais là notamment pour mon travail avec CoinPoker. J’ai joué le 1 500$ Freezeout et j’ai mis une bullet dans le Millionnaire Maker, malheureusement pas d’ITM. En revanche, j’ai pu faire du Cash Game en OFC et rien que pour ça, ça valait le coup d’être là !
Comment réussis-tu à te maintenir à jour niveau « technique » ? Qu’est-ce qui n’a pas changé, depuis tes débuts ? Quels bouleversements as-tu constaté ?
Le poker a beaucoup évolué, j’en ai bien conscience. Je ne me suis pas encore plongée à 100% dans la GTO, mais c’est un aspect technique que je veux explorer. Cela dit, je ne me vois pas devenir et une folle de la théorie et je ne veux pas que PioSOLVER soit mon meilleur ami ! J’assume être une joueuse à l’ancienne qui joue exploitant. Je fais confiance à mes lectures à table, mais je vais quand même muscler mon jeu théorique dans les prochains mois. Si Adrian fait du coaching, je ne suis pas contre! (rires). En ce qui concerne les changements et les choses qui sont restées les mêmes dans le milieu du poker, j’ai été agréablement surprise de constater qu’il y avait beaucoup moins de ce que j’appelle les Hoodie Boys, ces joueurs qui disparaissent littéralement dans leur capuche, derrière des lunettes de soleil et qui ne parlent jamais. Depuis la crise, j’ai remarqué que cette catégorie de joueurs tendait à disparaître, qu’il y avait chez les gens une envie, un besoin de se reconnecter, de plus parler aux tables notamment plutôt que de jouer au roi du silence.
Dans ton livre, tu parles des personnes et des moments qui ont marqué ta vie de joueuse… Si tu ne devais NE RETENIR que les plus marquants, quels seraient-ils ?
Il y a évidemment mon ami Bruno Fitoussi, c’est lui qui m’a donné ma chance dans le monde du poker en m’intronisant en 1999 à l’Aviation Club de France (ACF) pour développer le club. C’est aussi lui qui m’a permis de faire mon premier tournoi à Amsterdam et c’est précisément CE tournoi qui m’a décidé à passer pro, donc je lui dois vraiment énormément.
Gus Hansen, il a été mon mentor à mes débuts, j’ai beaucoup appris de son style agressif, à l’époque il faut se rappeler que le 3-bet et le c-bet étaient des nouveautés !
Impossible de ne pas mentionner Tony G, un ami de très longue date grâce à qui je suis devenue ambassadrice OFC pour TonyBet tout d’abord puis pour CoinPoker depuis 2017. C’est un joueur qui a toujours été avant-gardiste et avec une forte fibre entrepreneuriale, il m’a beaucoup inspiré.
En ce qui concerne les moments les plus marquants, je dirais mon titre au WPT Ladies Night Out, car c’est grâce à ce tournoi que j’ai reçu de la part de Mike Sexton mon surnom de joueuse, une pensée pour lui. Autre moment gravé à jamais en moi, mais pas pour les bonnes raisons : la table finale du 5 000$ NLHE des WSOP en 2006, j’ai fait une énorme erreur en ne mettant pas Phil Hellmuth à tapis alors que j’étais en bluff. J’ai eu peur de mettre mon tournoi à risque et cette erreur me hante encore, j’étais si près d’un bracelet… J’ai pris la cinquième place. Enfin il y a eu mon titre en OFC progressif à Prague en 2015 dont je suis très fière, d’autant que la structure était… disons… assez lente, on a joué de 18h00 à 10h00 du matin, autant vous dire que je n’étais pas très fraîche pour jouer moins de cinq heures plus tard le Main Event !
Ton livre débute par un bad beat, et sur le tilt… Comment t’es tu forgée un mental d’acier ? Est-ce que cela t’a aidé dans ta vie personnelle, hors des tables de poker ?
C’est en forgeant qu’on devient forgeron et c’est en prenant des tonnes de bad beats qu’on finit par prendre la variance avec beaucoup plus de détachement. Mais en toute honnêteté, ça m’a pris des années pour avoir un bon mental à table, pour être capable de me reconcentrer rapidement après un coup violent. C’est le principe de l’hormèse qu’on retrouve au poker : plus on est confronté à un stress mental, en l’occurrence le bad beat, plus on se renforce et mieux on le gère les fois suivantes. Cette solidité mentale me sert dans la vie de tous les jours, je gère mieux les imprévus, j’ai développé un certain stoïcisme.
Qu’est-ce qui aurait pu être mieux fait, selon toi, dans ta carrière de joueuse ? Dans l’évolution de l’industrie du poker ?
Je trouve que la structure de certains tournois pourrait être améliorée. Je ne veux pas blâmer particulièrement les WSOP, c’est simplement l’exemple le plus récent que j’ai à donner, mais le fait de devoir jouer 14h00 par jour sans pause dîner dans une salle qui fait moins mille degrés, comme c’était le cas avec dans le Millionaire Maker, c’est très intense pour ne pas dire désagréable en tant que joueur ! Quand il y avait des tournois à Paris, à l’ACF, les pause repas était de 1H30, les joueurs avaient vraiment le temps de manger et je me suis très vite habituée à ce rythme. Je trouve que les pauses dîner de 45 minutes, quand tu dois traverser le casino pour aller au resto, faire la queue pour aller aux toilettes, c’est mission impossible pour faire un vrai repas, la plupart des joueurs mangent d’ailleurs un hot-dog à la va-vite. Il y a de la place pour améliorer les structures et pas uniquement la pause dîner.
Avec le recul, penses-tu que tu étais « destinée » à cette vie de joueuse ? Raconte-nous les moments qui ont fait basculer ta vie vers le poker…
Oui je pense que c’était ma destinée. Toute ma vie, le poker n’a pas arrêté de venir me faire de l’œil. Quand j’avais sept ans, mon père et mon oncle m’ont appris les rudiments des jeux de cartes. Quand j’ai fini mon stage à la Caisse de dépôt et placement du Québec après mes études de droit, on m’a proposé un poste à temps plein, mais le même soir, Bruno Fitoussi m’appelait pour me proposer un essai à l’ACF. Je n’ai pas hésité longtemps, j’ai dit oui au poker. Quand j’y repense, je me dis que si à l’époque (internet était encore balbutiant), j’avais su qu’il existait des championnats du monde de poker, je n’aurais sûrement jamais fini ma licence de droit et j’aurais pris le premier vol pour jouer Las Vegas.
Actuellement, et ce depuis plusieurs années, tu es active dans le monde de l’écriture et de la crypto – quelles sont tes activités en 2025 ? Quels sont tes projets ?
Je suis en train de finir un livre technique sur l’OFC qui va sortir avant la fin de l’année et on est en train de faire traduire Chroniques d’une joueuse de poker en anglais pour un lancement officiel du livre à Las Vegas en décembre. En ce qui concerne le poker, je vais être plus présente sur le circuit, je veux jouer l’EPT de Monaco et d’autres tournois majeurs. Sur le plan perso, je m’occupe de mes quatre poules, de mon jardin et je regarde pour monter ma maison d’édition. Dernier point perso, je vais faire le trip de ma vie en partant en croisière en Alaska avec mes deux amies d’enfance… et nos mères ! Wow, 6 filles en bateau, je sens qu’on va avoir du fun au casino!
Si tu devais « monter » une table pour passer une soirée amicale, qui inviterais-tu, et pourquoi ?
La vraie question, c’est de savoir si je veux passer une soirée poker sympa ou si je veux que la soirée soit rentable, parce que si j’invite mes joueurs préférés, ça risque d’être une table difficile. Mais idéalement, je ferais un six-max avec David « Devilfish » Ulliott, c’est un joueur et un ami qui était un vrai personnage comme on ne les fait plus, j’adorais son côté exubérant, il me manque beaucoup. Évidemment, il y aurait Doyle Brunson à ma table. Il avait toujours tout un tas d’anecdotes poker à raconter et c’était un homme absolument adorable à table, comme en privé, c’était un des meilleurs ambassadeurs pour le poker et je n’oublierai jamais le jour où il m’a choisi en premier dans la catégorie féminine pour être dans son équipe dans le cadre de la Professional Poker League. Mon père, qui m’a appris à jouer, ferait aussi partie de ce six-max idéal et imaginaire, c’est le genre de joueur vraiment fun à une table de poker et il n’a pas peur de bluffer et d’être agressif ! J’aimerais aussi que mon personnage de fiction préféré soit à la table, c’est Johnny Lawrence (Karate Kid / Cobra Kai), tu ne peux pas t’ennuyer avec ce personnage à une table de poker, il va trash talker tous les joueurs, mais avec tellement d’humour. Impossible de parler de trash talk sans penser à Tony G qui complèterait parfaitement la table. Shuffle up and Deal !
Livre paru : Chroniques d’une joueuse de poker, éditions 21M. Disponible en français sur Amazon.
Card Rush revient en force sur PMU Poker !
Rendez-vous à Deauville pour la finale du BPT 2025 !
Davidi Kitai dans « La main la plus folle de sa carrière… »
Buzz
-
Classements12 ans ago
Abonnez-vous à Poker52 et recevez le livre Macao Men de Gabriel Guillet
-
Online12 ans ago
Viktor Blom remporte le Main Event des SCOOP 2013
-
News9 ans ago
François Pelletant, alias« PEPEL56», nouveau Champion de France RedCactus Poker !
-
Classements10 ans ago
Cyril Mouly et Arnaud Mimran à la Une de… Mediapart
-
Magazine2 ans ago
L’incroyable come-back de Gus Hansen
-
Magazine2 ans ago
Quand naissait le web poker français, il y a 30 ans : l’incroyable saga !