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WSOP 2012 : Le temps détruit tout (journal des WSOP / 12-14 juin)

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A Vegas, le temps vaut bien plus que de l’argent. Pétrifiés par le soleil et la chaleur, les joueurs et les habitants vivent dans l’attente : d’un meilleur jour, de cartes qui n’arrivent jamais, de la nuit, salvatrice ou destructrice. En attendant, le temps s’égrène, inexorablement mais très lentement, et la solitude du joueur de poker se fait ressentir à chaque instant. Presque tous ceux qui font le déplacement pour les World Series et restent ainsi plus d’un mois à Vegas passent par des caps psychologiques très distincts, des moments difficiles, ponctués de joies trop brèves, souvent sous influence, celles qu’on regrette à demi-mots dès le lendemain.  Entre deux tournois, les heures s’étirent, et l’on essaye de trouver un but et une cohérence à tout ce qui nous entoure. Difficile dans une ville toute entière tournée vers le « fun », préfabriqué de préférence, dans cette mégalopole où tout est plat (à partir les casinos et les hôtels de luxe, la ville est construite sur un seul étage, étalant son stuc rose et sa chaux blanchie au soleil du désert du Mojave)  et où la seule activité est la consommation en tous genres : casinos, malls gigantesques (nourriture, technologie ou créateurs de mode, peu importe), clubs de striptease ouverts 24/24, divertissements pour adultes. Comment, dès lors, gérer cette littérale traversée du désert que tout joueur va connaître ?

Pour Lucille Cailly, récente runner-up de l’EPT Monte-Carlo, ou Philippe Ktorza, le temps doit surtout permettre d’amortir l’euphorie du gain (et pas de la victoire). Au détour d’une conversation informelle, ils conviennent avec franchise qu’il est impossible de revenir aux tables avec autant de motivation quelques jours seulement après une telle performance. La technique, pourtant, n’a pas changé ; la volonté, par contre, si, légèrement détournée de ses voies habituelles. Pour Lucille, impossible pour le moment de jouer un tournoi de Hold’Em en étant tout à fait à sa tâche ; elle préfèrera s’inscrire à un Event de Pot Limit Omaha, une variante qu’elle maîtrise moins bien, pour se forcer à se concentrer, à reprendre du plaisir de jeu. Chez Philippe, même « mal », même thérapie : un passage par un tournoi H.O.R.S.E. à petit buy-in, qui se soldera par un quasi-Day 1, afin de se changer les idées et de repartir avec de meilleures intentions dans les autres tournois de NLHE à venir, les plus gros de l’année en terme de prizepool.

Ces tournois achevés, pour eux, comme pour des milliers de joueurs disséminés dans les hôtels de la ville, l’attente recommence. Celle d’un autre tournoi, d’un autre taxi vers le Rio, d’une autre cigarette au dehors du Convention Center, d’une énième pause à écouter ses camarades se plaindre, se justifier, expliquer l’intelligence de leur coup, etc. Une fois ces balises effacées,  la sensation de vide reprend le dessus. A l’image de cette ville désertée, quittée par 20% de sa population ces dernières années, peuplée de bâtiments vides ou en foreclosure, de bordels sans fenêtres, de garages rouillés et de rues à peine traversées par les plus ruinés, la peau cuivrée par la chaleur, ceux qui restent trop longtemps à Vegas ont parfois la sensation d’être dans une prison dorée, une ville qu’on ne vit que par la médiation des baies vitrées de son hôtel, des rues qu’on n’arpente jamais, des bâtiments qui restent fermés.

Au dehors, la brise constante du désert emporte les papiers gras, logés dans les barbelés qui ornent des grillages absurdes, sécurisant des terrains de milliers de mètres carrés de gravât. Prenez Polaris, à deux cent mètres à l’ouest du Strip, pour ainsi voir Vegas derrière son décor de verre réfléchissant et de miroirs déformants. Dans les rues adjacentes sont massés des bâtiments tous identiques, qui étalent indifféremment leurs fonctions : wedding chapel aux allures de crématorium, usines de recyclage de déchets, Gentlemen’s club, créateurs de sigles de néons, maison d’édition (la seule à Vegas, Huntington Press), mini-mart, stockages divers, mini-marts, vidéo poker 24/7, église évangéliste.

Dans le ciel, les hélicoptères de la LVPD tournoient sans cesse, comme dans les pires rêves paranoïaques, traquant des criminels invisibles pendant des heures, sûrement cachés à la rare ombre d’arbres décharnés, comme le font les quelques sans abris qui sortent au grand jour dans cette ville entièrement tournée vers la richesse et le glitter. Vegas est une ville qu’on ne quitte que ruiné ou au bord du gouffre, laissant les quelques affaires sauvées du désastre dans les gigantesques hangars qui étayent les boulevards de Green Valley, North Las Vegas ou Summerlin, ces « Self Storage » qu’on n’ira sûrement jamais revisiter, laissant ses souvenirs derrière soi et vendus trois fois par an à la criée dans les établissements concernés.

Les journées sont interminables, ne trouvant une porte de sortie factice que dans des nuits de plus en plus courtes ; le soleil se lève à 4h30, posant ses rayons les plus crus sur les fêtards encore avinés, les couples tout juste formés et les destins de gamblers ruinés. C’est l’heure du Pawn Shop, pour y remiser tout ce qui brille encore sur soi et récupérer quelques billets, l’heure de la sortie des clubs de Strip Tease et de ses altercations dans des parkings surpeuplés, l’heure qu’on préfère ignorer, sous la lumière toujours égale des néons des salles de jeux, pour se recaver encore une fois, se refaire, regagner, puis reperdre. Car si le temps est  figé, chaque minute peut coûter une fortune. Ces minutes d’attente d’un simple rendez-vous qui se transforment en une perte immédiate de plusieurs centaines de dollars puisque toute la ville est un casino, que faire d’autre, finalement, à part jouer, à tout ce qui se présente à ses yeux ? Votre rendez-vous qui a 10 minutes de retard ?300$ au vidéo-poker du bar, histoire de ne pas payer sa boisson. Votre pause au beau milieu d’une marche en plein soleil, dans le premier casino venu ? 600$ au Blackjack, accompagné par le sourire franc d’un croupier qui gagne cela en une semaine de travail.

A Vegas, on achète tout, et surtout le temps. C’est même la valeur qui coûte le plus cher, comme si en s’acquittant de ce prix exorbitant, dont la cote ne fait qu’augmenter, on pouvait se permettre d’oublier quelques instants sa solitude, ses doutes existentiels, sa trajectoire élémentaire. La ville elle-même se vautre dans ce vice, se rachetant sans cesse une façade de joie et de modernité, faisant exploser ses vieux casinos avec force feux d’artifice à chaque Nouvel An, fermant du jour au lendemain sans le moindre remords ses établissements qui ont fait sa gloire, détruisant sans la moindre notion de souvenir ses néons ancestraux ou ses motels mythiques, vivant dans l’illusion absolue que le temps est un ennemi. Comme un contre-pouvoir proche des films d’anticipation dickiens, quelques individualités entrent presque en résistance, archivent le passé sans le figer (la section « Histoire du jeu » de UNLV, célèbrent l’histoire d’une ville au passé moins lisse et corporate (les Gambling Stores), organisent une mise en espace du souvenir collectif (Neon Museum), se perdent dans l’adoration d’un âge d’or de Vegas, alors surnommée Boomtown (le fabuleux Antique Store en face du casino Orleans), passent leur journée dans la graisse et l’acier des carcasses de limousines d’un autre temps (le vieux garage de Siruis Street). Car chacun sait en son for intérieur qu’à Vegas, plus que nulle part ailleurs, le temps détruit tout.

Jérôme Schmidt

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[BPT Toulouse] Et à la fin, c'est Sofian qui gagne !

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Niveau 34 – 200k/400k ante 50k – 2 joueurs

Le heads-up aura finalement été assez rapide malgré un retour de suspens dans un match qu’on pensait à sens unique après le KO de Sofian dès le début de la finale.

Didier Logghe se sera bien battu mais s’incline au final avec Valet Sept contre la paire de Huit à l’issue d’un board : 6 7 K 2 4

Belle victoire pour Sofian, qui empoche un chèque de 35230€, tandis que Didier repart avec un gain de 23350€.

Place désormais au champagne et à la photo officielle pour célébrer le vainqueur du BPT Toulouse 2018.

Assis devant une tonne, Sofian remporte le trophée du BPT Toulouse 2018, en costaud !

 

Sofian Benaissa, vainqueur bien entouré !

 

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[BPT Toulouse] Heads-up de fête foraine

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Niveau 33 – 150k/300k ante 25k – 2 joueurs – Moyenne : 10425k

Le heads-up commence très fort par un double-up de Sofian, qui arrive à doubler avec As Six contre les Dames, une nouvelle fois, chez Didier. Le 6 au flop puis l’As turn et Didier doit se délester de 9025k, le montant du tapis adverse. Pour la plus grande joie du clan de Sofian, resté en nombre malgré l’heure tardive.

Puis Didier relance la machine et enchaîne deux double ups de suite pour revenir à niveau !

Ce heads-up commence très fort, en mode montagne russe.

Le champagne va réchauffer si les deux finalistes ne se décident pas !

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[BPT Toulouse] Soleau, 3ème, laisse place au duo final

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Niveau 33 – 150k/300k ante 25k – 3 joueurs – Moyenne 6950k

Enorme coup entre Didier Logghe et Ludovic Soleau, le premier allant sortir le second en deux coups de suite.

Le coup principal, celui qui déstacke Soleau et le laisse avec une toute petite blind, se déroule d’une façon bien étrange. Fatigue ou méconnaissance des règles, Didier de petite blind, annonce « relance » en poussant la mise initiale qu’avait posé Ludovic au bouton, soit un min-raise. Sofian en BB s’échappe du coup et après intervention rapide et efficace du floor, on n’autorise à Didier qu’une min relance, ce que s’empresse de compléter Ludovic.

Flop QJ4. All-in de Ludovic et insta call de Logghe, avec QQ pour brelan max floppé. Ludovic retourne les As, meurtris, et rien ne vient l’aider. Après avoir payé les 4420k du tapis adverse, il ne lui reste que 450k, soit à peine une BB, qu’il perdra le coup suivant contre le même adversaire.

Ludovic Soleau sort donc à la troisième place, pour un joli gain de 15720€ !

Place au heads-up final.

 

Soleau à gauche, sorti par Logghe au centre

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