Chers lecteurs,
On pensait tenir, il y a quelques mois, le champion WSOP 2020 en la personne d’un pro bulgare du nom de Stoyan Madanzhiev : près de 4 millions de dollars de gains lors du Main Event à 5 000 $ online organisé par WSOP et GG Poker dans les pays qui n’interdisent pas cette plateforme – la France n’en fait pas par- tie. Mais le marketing en aura donc décidé autrement puisque la marque prestigieuse des WSOP, qui a eu tendance à apposer son logo sur de plus en plus de tournois ces dernières années, s’est décidée à organiser un nouveau Main Event. Non, pas celui-là, un autre : LE Main Event. À 10 000 $, avec une table finale télévisée, comme le Main Event habituel.
Derrière des arguments fallacieux et une capacité à se voiler la face le plus longtemps possible, la rouée équipe des World Series aura donc eu le panache – ou l’indécence, à vous de choisir – de refaire chauffer les bankrolls des joueurs online et de proposer une formule à la demande très étrange avec un double tournoi : « domestique » (pour les joueurs américains du New Jersey et du Nevada) et « international » pour… les autres. Chaque tournoi ira jusqu’à une finale live organisée à Las Vegas au Rio Casino (qui vient tout juste de rouvrir après un semestre de fermeture) pour les premiers, et à Rozvadov pour les seconds. Quant aux deux vainqueurs, ils se retrouveront ensuite en heads-up pour un freeroll à un million de dollars.
Et le Covid dans tout ça ? Les autorités du Nevada viennent d’interdire toute réunion privée sans masque entre personnes ne se connaissant pas, ont décidé de limiter à 25% de leur capacité tous les établissements accueillant du public, et en Europe, la maladie galope, avec toujours une interdiction de voyager. Annoncée un moment pour les WSOP, une mesure plus qu’étonnante précisait que si un participant à la table finale live était positif au Covid, il serait éliminé automatiquement en neuvième place, sans plus de discussion. Ces derniers jours, les boss des WSOP ont semblé revenir sur ces conditions honteuses et absurdes, pour proposer une sorte de « bulle sanitaire » préalable. C’est parfois dans les crises les plus terribles que se révèle l’iniquité des entreprises et de leurs décideurs.