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Portraits / Interviews

Doyle Brunson : le parrain du poker prend sa retraite

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Agé de 84 ans, Doyle Brunson est un survivant qui a passé les épreuves de la vie d’un joueur avec une insolente solidité : upswings et downswings, raids du FBI, attaques à main armée lors de parties privées, cambriolages en série, accusations diverses et variées à l’époque du Dunes, spectre de la ruine, etc. Rien n’ébranle celui que tous respectent et admirent tant son opiniâtreté et son amour du jeu n’ont aucun autre égal. Doyle représente le poker, il en est l’icône, le symbole à large Stetson, le porte-parole le plus souvent muet. Un « parrain » du poker comme il se surnomme (« The Godfather of Poker », le titre de son autobiographie) qui a traversé les années toujours assis à la plus grosse partie possible.

Des routes sinueuses du Texas en compagnie d’Amarillo Slim ou Brian « Sailor » Roberts, lorsqu’il était encore un joueur itinérant, au Big Game de la Bobby’s Room (Bellagio), en passant par les folles parties plus ou moins arrangées du mythique Dunes, Brunson a toujours gardé le même profil, le même sourire carnassier et enjôleur, la même fièvre des cartes.

Mais Doyle Brunson est fatigué. Le poids des années et, plus que tout, des amis trop tôt partis. Brunson n’accorde plus d’entretiens depuis longtemps : qu’aurait-il à vendre ? Nous republions le dernier grand entretien qu’il nous a accordé il y a deux ans, en direct de la Bobby’s Room. Depuis, Doyle n’a que très peu joué, si ce n’est ce dernier tournoi aux WSOP, début juin. Son dernier, assure-t-il. L’homme n’a pourtant pas encore décidé s’il mourrait à table ou non…

 Regrettez-vous le Las Vegas des années 1970, avant sa transformation en gigantesque parc d’attractions pour adultes ?

La question ne se pose même pas ! [rires] Je n’ai pas l’habitude d’être un nostalgique forcené, de penser au passé, mais en ce qui concerne Las Vegas, je ne vois pas comment on pourrait ne pas regretter ce que la ville était. Quand nous sommes arrivés à Vegas avec Slim, nous étions des rookies, des débutants, mais nous nous sommes tout de suite imposés au milieu des légendes du coin. C’était un monde dur, sans aucun scrupule, mais quand on vous respectait, c’était pour la vie. Ces années sont sûrement les plus juteuses que j’aie eues : il y avait énormément de grosses parties privées, on jouait des sommes gigantesques (même si les chiffres paraissent bas, à l’époque, le dollar valait encore quelque chose), et surtout on apprenait chaque jour ensemble. Au Dunes, au Frontier, au Horseshoe, se jouaient les parties les plus incroyables que j’aie jamais vues. Les joueurs étaient encore des personnalités, des vraies figures.

 

Parmi ces grands noms du poker, il y avait Stu Ungar, une étoile filante qui était proche de vous…

Stuey était brillantissime, un type qui avait une intelligence instinctive rare. Mais on ne pouvait rien faire pour Stu : ses démons le dirigeaient totalement, il ne savait pas les maîtriser. J’ai tout essayé pour aider Stuey. Chip Reese et d’autres joueurs également. Quelques-uns étaient mal intentionnés, et en profitaient pour lui voler son argent en le mettant dans des coups foireux. Il est venu chez moi à plusieurs reprises, dans mon ranch, afin de se désintoxiquer, mais c’est impossible d’aider quelqu’un contre sa volonté. Il est mort d’une manière extrêmement triste, mais je crois qu’il n’y avait pas d’autres porte de sortie pour lui…

 

Votre ami le plus proche, Chip Reese, est mort de manière brutale. Comment avez-vous vécu ce tragique événement ?

Chip était ma moitié, mon meilleur ami, même si nous n’étions pas de la même génération. Sa mort m’a littéralement dévasté, et le mot est faible. Rien ne laissait présager ce drame : Chip menait une vie saine, il était en parfaite santé quelques jours auparavant. C’était un joueur incomparable, un homme fidèle et droit, loyal. Ma vie a totalement basculé ce jour-là. Depuis, pour être honnête, je n’ai pas retrouvé mon goût de vivre habituel. Je suis fatigué de voyager, même de jouer. J’ai parfois l’impression que l’existence est vaine. Chip me manque énormément. Depuis sa mort, je pense à arrêter de jouer au poker. Pourtant, vous m’auriez posé la question auparavant, jamais je ne vous aurais dit ça. Une grande part de ma passion est morte avec Chip.

 

Vous êtes l’un des derniers représentants de la génération des Texans du poker. Quels souvenirs gardez-vous de votre période de road gambler ?

Le circuit underground du poker, au Texas, était un véritable repère d’escrocs en tous genres. Le nombre de fois où j’ai pu être braqué… Presque une partie sur deux n’arrivait pas à son terme. À l’époque, nous étions tous armés, et il n’était pas rare que l’atmosphère soit lourde de menace. Slim disait toujours que la meilleure arme du joueur de poker, c’était un élastique, afin de tenir les billets en liasse et de pouvoir les lancer au loin quand des braqueurs faisaient irruption ! Le Texas était vraiment une patrie de hors-la-loi, et il valait mieux se déplacer en équipe, comme nous le faisions avec Slim et Sailor, pour s’en sortir. C’est sûr que ça faisait largement baisser notre profit, mais nos adversaires étaient tellement nuls qu’on était gagnants assez facilement.

 

Quel type poker était pratiqué dans ces parties illégales ?

Du Stud, du Kansas Lowball ou du Draw. J’ai découvert le Texas Hold’em très tardivement, à la fin des années 1950. Un ami bootlegger m’avait appelé pour m’inviter à une grosse partie, près de Fort Worth, où tout le monde jouait à ça. En quelques jours, je leur marchais dessus. Une bonne compréhension du Stud aide vraiment énormément pour apprendre le Hold’em. Je me suis très vite amélioré à toutes ces nouvelles variantes grâce aux heures de discussions nocturnes avec Slim. On passait des nuits entières à refaire les mains, à se remettre en question, à se disputer sur des petits détails d’attitude à la table. On a pu progresser très vite, et remettre en cause toutes les erreurs qu’on faisait.

 

Comment le poker est-il devenu ce jeu populaire et légal que nous connaissons actuellement ?

Cela a pris beaucoup de temps. Il y a plusieurs grands artisans de cette popularisation du poker. Le plus important, c’est sûrement Jack Binion, qui a organisé pour la première fois au Horseshoe, à Las Vegas, des tournois médiatiques qui ont attiré le grand public. Binion était un type qui savait faire parler de lui, qui arrivait à communiquer très facilement. Le Vegas de l’époque était un monde d’entrepreneurs totalement dingues : Binion mais aussi Bob Stupak, ou Howard Hughes. Rien à voir avec ces multinationales sans visage qui ont racheté la ville depuis. Les casinos avaient une âme, on connaissait tous les croupiers, on était invité dans tous les restaurants dès lors qu’on était même un joueur moyen. Tout ça est fini, et le poker a lui aussi changé. Je ne regrette vraiment pas de ne pas avoir à me balader avec un flingue sur moi, mais c’est vrai que le jeu a perdu de sa saveur…

 

Les codes d’honneur du poker sont-ils restés intacts ?

Mises à part les mésaventures que j’évoquais au Texas, les joueurs ont beau avoir envie de vous prendre tout votre argent, ils préfèrent le faire de manière légale. Il n’y a pas tant de tricheurs qu’on veut bien le penser, par exemple, sauf dans les parties privées, où la collusion a toujours été un sport national aux États-Unis ! Mais un joueur qui ne tient pas sa parole est un joueur mort. Pas physiquement bien sûr, mais si vous trahissez votre parole une fois, plus personne ne vous fera confiance. J’ai dû emprunter et prêter de l’argent des milliers de fois dans ma carrière, et jamais je n’ai trahi ma parole. Si à un moment, quelqu’un avait dit « Doyle, ce type, il ne tient pas ses engagements », je n’en serais pas là aujourd’hui. Et tout ça sans la moindre paperasserie, le moindre contrat.

 

Avez-vous une idée de l’argent qui est passé entre vos mains  au poker ?

Au poker, plusieurs centaines de millions de dollars, sans aucun doute. Mais il faut aussi compter les paris sportifs, les propositions bets, etc. Avec Chip Reese, on jouait beaucoup sur les résultats sportifs. On connaissait bien les différents championnats, on avait des informateurs dans le milieu, ce qui nous donnait un avantage pour bien parier, et on arrivait à gagner pas mal d’argent comme ça. Je continue encore un peu aujourd’hui, mais uniquement quand je connais bien les équipes.

Je n’ai jamais tenté de calculer exactement ces sommes, mais c’est un peu comme si on demandait à un restaurateur combien de poulets il a eu entre les mains… Bien sûr, il en a égorgé des milliers, mais combien en a-t-il vraiment mangé ? Le joueur a un instrument, c’est l’argent (ou les jetons), et il s’en sert. Bien sûr, plus il a de bons instruments, mieux il se débrouillera ensuite ! [rires]

 

Pensez-vous que vous allez mourir à table, comme  les grands acteurs meurent  sur scène ?

Comme je vous le disais, je pensais jouer toute ma vie, jusqu’à la mort de Chip. Depuis, tout est devenu flou, j’ai perdu mes belles certitudes. Parfois, comme aujourd’hui en Europe, je suis si fatigué et j’ai si peu le goût du jeu que je pense à m’arrêter. Retourner dans mon ranch, me poser, réfléchir. Quitter la suractivité de Las Vegas, ne plus m’esquinter à promouvoir le poker, comme je l’ai fait pendant tant d’années. Je dois beaucoup à ce jeu, aux World Series, et à plein d’autres personnalités de ce monde, mais j’ai le sentiment profond que mon univers est mort à petit feu. Bien sûr, je suis très ami avec tous les jeunes joueurs, mais j’ai l’impression d’être le dernier des éléphants vivants.

 

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Portraits / Interviews

Rencontre exclusive : Barny Boatman, vainqueur de l’EPT Paris

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Barny Boatman, « One for the good guys »

Il est des figures du poker dont on apprécie la seule existence. Des personnalités qu’on aime suivre sur les réseaux sociaux pour leur intelligence, leur modestie, leur humour et leur humanité. Et quand on les retrouve en table finale d’un tournoi majeur du circuit international, on peut passer sa nuit à le soutenir, anonymement, sur les streaming des compétitions. En finissant vainqueur du fabuleux EPT Paris, organisé conjointement par les casinos Barrière et PokerStars, Barny Boatman a fait plaisir à tous les vrais amoureux du poker. Quelques jours après son succès incontestable en terres parisiennes, le champion anglais nous a accordé un entretien exclusif.

Vous venez de remporter l’une des compétitions les plus relevées de la saison poker, l’EPT Paris. A quel moment pensiez-vous que ce titre était pour vous ?

Je pense que la plupart des joueurs de poker sont plein d’optimisme lorsqu’ils s’inscrivent à un tournoi, autrement ça ne vaut pas le coup de s’acquitter du buy-in ! (rires) En tout cas , c’est mon cas… Ce n’est cependant qu’à mi-journée du Day 2 où j’ai compris que j’arriverais sans doute à la bulle du tournoi avec un joli tapis devant moi, même si j’ai attendu le Day 4, à son début, pour visualiser plus clairement ma place en table finale. A la fin de cette journée-là, j’étais même persuadé que la gagne était envisageable.

Quels ont été les moments pivots de votre tournoi ?

Il y en a eu quelques-uns… J’ai eu plusieurs mains où je suis tombé sur le flop avec une overpaire, et où j’ai réussi à faire coucher la main de mes adversaires en représentant quelque chose de plus fort qu’en réalité. Dans au moins l’une de ces situations, je n’aurais même jamais tenté cela si j’avais su ce que l’autre joueur avait en face ! Il y a eu deux grosses mains qui m’ont assuré le tournoi. La première, à la fin du Day 4, où je paye un bluff avec une main faible dans un très gros pot qui me donne le chiplead, et une autre en finale, où je pousse Kauffman à se lancer dans un énorme bluff alors que j’avais un full contre ses deux paires. Nous n’étions plus que trois, et j’ai été à nouveau propulsé en tête. Ensuite, je n’ai jamais regardé derrière moi ! (rires)

Comment avez-vous fêté cette victoire ?

Tout cet argent va changer la vie de ma compagne et moi-même. Cela tombait bien, on cherchait une maison avec l’eau courante, cela devrait être possible désormais… On a fêté ça avec un très bon repas au Fouquet’s, sur les Champs-Elysées, et ensuite je trouverai bien l’occasion de fêter avec des amis cette belle victoire à Londres, Dublin et même Madrid. Je voudrais partager cette joie avec autant d’amis que possible. Et maintenant que j’ai goûté à la victoire sur l’EPT, je devrais sûrement avoir encore plus envie de remettre ça…

Comment avez-vous débuté le poker, en Grande-Bretagne ?

A l’école, tout simplement. Et ensuite, le circuit classique des parties privées, puis des casinos, mais aussi des cercles de jeux et des cash-games plus élevés avec des hommes d’affaires. J’ai joué dans à peu près tous les endroits possibles au monde : des pubs qui sentaient la bière chaude, des arrière-salles et des clubs luxueux. Où qu’il y ait de l’action, j’y vais, et je franchissais même la Manche souvent afin de voir mon ami Bruno Fitoussi à l’Aviation Club de France, à l’époque.

Quel est l’état de la scène poker britannique en 2024 ?

La culture du poker a toujours été très présente en Grande-Bretagne. De gros circuits sont toujours actifs, comme l’UKIPT qui va débuter à Dublin très prochainement. C’est surtout la scène tournois qui fonctionne très bien, ce qui permet à de jeunes talents de se révéler et de faire de belles performances à l’international.

Vous faites partie du quatuor qui a créé le fameux site de classement HendonMob, qui a changé le monde du poker…

Au début des années 1990, mon frère Ross —qui est un acteur assez connu en Grande-Bretagne— et moi-même avions une partie privée vers le quartier d’Archway, tandis que Joe Beevers et Ram Vaswani en avaient une autre, bien plus chère et sérieuse, dans un autre quartier du nom de Hendon. On est allés jouer là-bas, et uqelques mois plus tard, on s’est retrouvés à faire le tour du monde ensemble. On nous a surnommés à l’époque « The Hendon Mob » (la bande de Hendon, ndlr) même si je suis persuadé encore aujourd’hui que « The Archway Mob » aurait mieux sonné ! (rires)

Pourquoi aviez-vous choisi le poker comme mode de vie ?

C’est la liberté, tout simplement. Seul le poker pouvait m’offrir cela : les voyages, les amis, les défis incessants. Cela vous pousse à toujours réfléchir et apprendre, sans cesse.

Le poker est un jeu d’argent —comment vous en accommodez-vous à un niveau personnel et politique, vous qui êtes très engagé dans le social ?

Il existe bien des façons de gagner sa vie, certains sont plus productives et socialement enrichissantes que d’autres. Je n’ai jamais passé ma vie à simplement jouer au poker. J’essaie toujours d’être impliqué dans des projets plus créatifs, comme l’écriture, mais surtout d’utiliser mon temps et mes ressources financières pour soutenir et aider les personnes et les causes qui me tiennent à cœur. A certains moments de ma vie, lorsque mon indépendance financière et ma disponibilité étaient au mieux, j’ai ainsi pu vraiment être là auprès de mes amis et ma famille.

Comment avez-vous su vous adapter au fil de toutes ces années ?

Vu que je viens de devenir le plus vieux des champions EPT, je suppose que je n’ai pas tout perdu ! (rires) Ce jeu, c’est un jueu d’adaptation, autant face à des joueurs individuels à votre table, mais aussi aux changements de dynamiques d’un jeu ou d’un tournoi, mais aussi aux évolutions des concepts, des styles de jeu et des stratégies qui régissent le poker. Le plus important, je pense, c’est de relever le défi en y prenant du plaisir, de toujours apprendre, et surtout d’improviser selon les circonstances. Je n’étudie pas à proprement parler le jeu, même si je devrais sûrement, et je ne me considère absolument pas comme un des top joueurs de mon époque, mais à certains moments, mon expérience me permet de m’en sortir assez pour que je n’aie pas envie de me mettre à étudier formellement le poker. On me parle souvent du « bon vieux temps du poker », comme si c’était il y a des siècles, mais franchement, gagner un des plus beaux tournois de la saison, dans une des plus belles villes du monde, en magnifique compagnie, ce ne serait pas ÇA les bons vieux jours ? (rires)

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Dans La Tête d’un Pro revient en force sur Winamax !

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Après la douloureuse élimination d’Alexane Najchaus sur le Freezeout à 3 000 $ lors des WSOP, la série mythique Dans La Tête d’un Pro de Winamax tourne sa caméra vers Mustapha Kanit. Dans cette série de 7 épisodes, le numéro 1 italien prend le relais pour remettre d’équerre cette nouvelle saison, sur l’un des tournois emblématiques des WSOP !

Après 13 ans d’existence, la série Dans la Tête d’un Pro reste fidèle à ses débuts avec un concept fort : transporter les passionnés et la communauté poker dans la peau d’un membre du Team Winamax sur les tournois les plus prestigieux et les plus difficiles de la planète poker.

Le thème WSOP de cette année pour le Team Winamax : surpasser les 3 millésimes précédents, durant lesquels pas moins de 6 bracelets au total ont été remportés.

Le jovial de l’équipe se lance sur l’emblématique 6-Max

Mustapha Kanit, élu clown officiel du Team Winamax est aussi redoutable cartes en mains qu’hilarant durant les pauses-dîner. Lors de cette série d’épisodes, les spectateurs pourront suivre le numéro 1 italien sur l’un des tournois les plus emblématiques de l’ère moderne des WSOP, le 6-max à 5 000 $ l’entrée, où plus de 1 000 joueurs sont attendus.

Retrouvez le premier épisode de la série DLTDP avec Mustapha Kanit dès aujourd’hui sur la chaîne YouTube de Winamax. 

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Apo, une équipe au service du poker

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En quelques années, la marque Texapoker, fondée parApo(stolos) Chantzis, est devenue un incontournable du poker hexagonal, jusqu’à devenir quasiment hégémonique depuis la reprise d’activité après la pandémie Covid. Entouré de François Lascourrèges, fidèle depuis des années, et Mickaël Lesage, nouvel arrivant dans la galaxie Texapoker, Apo crée, dirige et assure désormais plus de 1600 tournois par an. Rencontre du triumvirat qui fait battre le cœur du poker français.

Le poker a d’unique qu’il accueille sans différence aucune tous les profils de joueurs, mais aussi d’organisateurs. Souvent attirés par les sirènes du tapis vert, ceux qui en font désormais tourner le business ont un seul point commun, l’amour du beau jeu, et autant de destins que de personnalités. À tout juste 70 ans, Apo en est le plus pur produit: «Je suis un autodidacte qui s’est créé tout seul», confie-t-il. «Je n’ai même pas suivi de formation de casinotier, au départ je jouais pas mal au poker fermé (le Draw), et j’ai gagné quelques tournois en Espagne, avant de me mettre à pratiquer le Limit Hold’em début 2000, puis de fréquenter le casino de Barcelone… Je suis empirique, et j’ai toujours travaillé très simplement. À chaque tournoi, je me fais un petit tableau pour déterminer les besoins en ressources humaines : tant de croupiers, tant de chefs de partie, tant de TD, etc. Je détermine un budget prévisionnel qui me permettra d’atteindre l’objectif. En fait, c’est simple: le cœur de mon métier, c’est de remplir chaque jour les salles.» Bien lui en a pris puisque, depuis le début de l’aventure Texapoker, pas un tournoi n’a fini dans le rouge: «Ma devise, c’est “Un tournoi près de chez vous”, et je ne déroge pas à cette règle. C’est mon système économique, pour que les clients puissent s’y retrouver, sans dépenser trop d’argent dans les hébergements ou dans de la nourriture. Ils peuvent même rentrer chez eux, puisqu’avec le maillage de casinos partenaires sur tout le territoire, ils trouveront un casino à moins de 150km de chez eux.»

L’EXPÉRIENCE POKER À PORTÉE DE TOUS

Ses débuts, comme François Lascourrèges, directeur de production chez Texapoker, Apo les a faits en province, bien loin du brouhaha parisien et des luttes de pouvoir entre casinotiers. Apo vient de Perpignan, d’où il continue de conceptualiser et d’articuler ses centaines de tournois, tandis que François Lascourrèges vient d’un peu plus au nord, en Gironde. C’est dans l’associatif que François Lascourrèges a fait ses premières armes: «Études à Bordeaux en BTS, et avec le temps libre qu’il me restait, j’écumais toutes les associations de la région en tant que jeune joueur passionné. Les casinos commençaient à organiser des tournois dans la région, jusqu’au moment où l’un d’entre eux m’a invité à travailler en tant que croupier extra. Les casinos recrutaient auprès des amateurs de poker pour former des croupiers, et j’ai débuté ainsi vers 2008-2009 en distribuant le jeu à table.» Parallèlement à ses études, il se frotte au cash-game, joueur gagnant aux petites limites, à Gujan-Mestras, puis découvre les tournois live, ne goûtant que peu au online. «J’étais très investi dans le poker associatif, notamment en tant que président du club d’Arcachon pendant cinq ans, jusqu’en 2011.Dans ce cadre, on a créé une sorte de ligue de poker, le 3+3, regroupant tous les joueurs amateurs, et organisé des tournois gratuits dans tous les casinos de la région. L’aventure s’est arrêtée sur le deuxième tournoi à Gujan, lorsqu’il m’a proposé de travailler pour eux. On a fini par se sédentariser à Gujan, qui avait un énorme potentiel, en organisant des freerolls sur place. On m’a ensuite proposé la place de MCD/directeur de tournoi, une énorme opportunité, et avec le travail, ça a payé…» Vient alors la rencontre avec le monde du poker professionnel: premier FPS en 2012 à Gujan, et grâce aux équipes locales, la collaboration avec Apo et Texapoker. La rencontre entre les deux hommes était actée ,et dès 2018, François Lascourrège rejoint à temps plein la structure, quittant un travail sédentaire pour une vie sur les routes, à passer de casinos en clubs de jeux, pour assurer le suivi de production parfait de la marque.

UNE ÉQUIPE COMPACTEET SOUDÉE

Malgré le nombre exponentiel de tournois organisés par sa structure depuis la sortie du Covid, Apo reste confiant quant au fonctionnement inhérent à Texapoker: «La sortie de la pandémie a été un moment clé et un défi vraiment fou pour l’entreprise. On voulait reprendre les tournois et initier le retour du poker le plus tôt possible afin de permettre aux croupiers et aux équipes des casinos de survivre au mieux», résumeFrançois Lascourrèges. «Ça a été un moment clé, où il y a eu beaucoup de débats en interne, mais on en est ressortis encore plus fort. Apo a été le premier à avoir le courage et la détermination de retourner au front, c’était impressionnant. Les croupiers, c’est le nerf de la guerre, car ils sont volatils et voyagent énormément.» Apo plussoie:«On fait travailler un peu moins de 100 croupiers en simultané, à partir d’un pool de 130 à 140, qui inclut le personnel étranger. Il ne fallait pas les laisser sur la touche.» Le facteur humain, depuis, est d’ailleurs devenu la clé de toute entreprise poker: la formation (en interne chez Texapoker, chapeautée par Élodie Martin), mais aussi la gestion humaine, prise très au sérieux avec deux employés dédiés à cette tâche: «L’équipe comprend également Nicolas Pinna, qui s’occupe de tout le back-office web et le suivi réservation, deux responsables des ressources humaines, François Lascourrèges en directeur de production, Florence Mazet à la communication et désormais Mickaël Lesage, directeur d’exploitation.» Mickaël Lesage, justement, vient de rejoindre le navire Texapoker (Apo, quant à lui, parlerait plutôt de voilier, en grand amoureux de la mer), après une belle carrière dans le poker parisien:«J’ai commencé en 2006 au sein d’un cercle de jeux, le Cercle Concorde en tant que croupier poker. Puis j’ai été appelé par unautre cercle, le Cercle Clichy-Montmartre, afin de démarrer une activité poker où j’ai évolué jusqu’au poste de MCD, directeur des tournois. J’ai eu ensuite la chance de pouvoir travailler avec la plupart des acteurs du marché (PMU, WSOP, WPT,DSO Unibet…) et même de voyager afin de me perfectionner dans mon métier. J’ai commencé à travailler avec Texapoker lors d’un Event WSOPC à Cannes en 2017. Ensuite nous ne nous sommes plus lâchés, nous avons travaillé en collaboration durant trois ans sur différents festivals lorsque j’étais MCD au Club Montmartre.»

2023, TOUJOURS PLUS HAUT

Le poste de Mickaël Lesage, qui vient d’être créé en décembre 2022, était indispensable au bon développement de l’entreprise pour l’année qui débute: «Apo m’a proposé d’être directeur d’exploitation de Texapoker en sachant que j’avais quitté mon poste au sein du Club Montmartre. J’ai effectué quelques événements pour Texapoker en ac-ord avec mon ancien employeur et cela s’est toujours très bien passé. Dans l’entreprise, je garde mon poste de directeur de tournoi, mais je suis également en charge de la programmation et de la coordination des événements avec François. Nous collaborons tous les deux étroitement à l’exploitation des licences et partenariats qu’Apo a signés pour le compte de Texapoker.» L’année 2023 s’annonce assez folle en termes de développement et de consolidation du marché pour Apo: «Nous travaillons en France avec 22 casinos et clubs, et nous sommes complets pour toute l’année au minimum. Le seul développement immédiat supplémentaire concerne l’Europe, avecl a Belgique, à Namur peut-être, mais aussi l’Autriche, avec Baden. Notre concurrence est simple et saine: c’est le Barrière Poker Tour, et nous respectons beaucoup leur travail et leur offre. Je préfère avancer de notre côté, dans un écosystème poker qui est sain pour tout le monde.» Il faut dire que l’année 2022, qui vient de se clore, a été riche en émotions: «Les WSOPC à Cannes, par exemple, étaient hallucinants, avec la nouvelle salle à l’étage et sa cinquantaine de tables au lieu de vingt-cinq», se souvient, ému, François Lascourrèges. Une collaboration unique avec le casino cannois dirigé par Alain Fabre, figure attachante et charismatique parmi les casinotiers français: «Avec Alain Fabre,on se connaît depuis des années, et on travaille main dans la main. Les WSOPC 2023, du 12 au 25 avril, devraient aussi beaucoup faire parler d’eux!» sourit Apo. «Quant àSan Remo, on a confié la direction quotidienne à Alex Angossi, pur produit Texapoker, qui travaille depuis six ans en étroite collaboration avec moi. Cette année 2023 va être très belle là-bas: l’IPO, qui a lieu du 1er au 10 mai, mais aussi le WPT Prime, du 5 au 11 juin, ainsi que le DSO du 11 au 16 juillet.» À la clé de l’année à venir, le nouveau deal exclusif à Paris avec le Club Circus qui débute en fanfare dès janvier, avec le WPT Prime, une nouvelle signature qui réjouit toute l’équipe: «Le retour du WPT Prime en France et en Italie, par Texapoker, c’est une nouvelle extraordinaire», ajoute François Lascourrèges, tandis qu’Apo rêve encore et toujours plus haut. «Je veux faire revenir un WPT Global avec le Main Event à 3500€ à Paris. On va également lancer des qualifications dans toute la France avec douze qualifiés pour un package à 12000€ offrant le tournoi du WPT Championship de décembre 2023 au Wynn à LasVegas, à partir de tournois qualificatifs à quelques centaines d’euros.C’est du long terme, avec le WorldPoker Tour, comme avec tous les partenaires avec qui nous travaillons.» Car la force de Texapoker réside également dans sa fidélité à de nombreux acteurs du marché: PMU et Unibet côté online, qui ont vu leur fréquentation exploser depuis deux ans, mais aussi des franchises telles que le WPT, le FPO, les DSO, les satellites pour l’EPT ou les FPS, des casinotiers indépendants ou ralliés à des groupes. «L’important», conclut Apo, «c’est que tout le monde s’y retrouve. Et que l’on travaille tous ensemble dans la même dynamique positive qui nous anime depuis le départ.»

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