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Portraits / Interviews

Rencontre : Le nouveau Phil Hellmuth est arrivé !

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Magie noire ou magie blanche, personne ne saurait le déterminer, mais s’il existe un champion mythique du poker qui reste compétiteur dans l’âme, c’est bien Phil Hellmuth, enterré à de maintes reprises par ses congénères, et toujours ressuscité à la force de son mental. Récent auteur d’un livre qui met en exergue l’importance d’être « PO-SI-TIF », le sale gosse du poker s’est petit à petit débarrassé des oripeaux de sa grande gueule médiatique pour redevenir le garçon poli et éduqué qu’il a toujours été au plus profond de lui-même. Alors qu’il achève pour la chaîne online PokerGO une série de heads-up contre son ami Antonio Esfandiari (et mène la bataille), il nous a accordé un entretien exclusif, actuel et rétrospectif. Respect.

Par Jérôme Schmidt

Vous venez tout juste de publier un ouvrage qui parle de « positivité ». Pouvez-vous revenir pour nous lecteurs sur le concept de ce livre, et en quoi « penser positif » a changé votre manière de vivre… et de jouer ?

Durant toute ma vie, j’ai dû connaître les affres du doute, depuis mes années d’étudiant qui n’y arrivait pas toujours facilement et qui ne croyait pas en lui,  jusqu’à mon statut autoproclamé de « plus grand joueur de poker au monde » ; de mes fautes de grammaire lors de mes cours d’anglais à New York, au moment où je suis devenu un écrivain à best-sellers ; de joueur débutant qui voulait devenir professionnel, à vainqueur de bracelets WSOP. Pour cette dernière phase, cela a été plutôt rapide ! Mon épouse, que j’ai rencontré juste après ma victoire lors du Main Event des WSOP en 1989, disait de moi que j’étais un « diamant encore brut et mal taillé ».

Dans mon livre #POSITIVITÉ, je révèle huit axiomes de la vie, huit choses qui ont rendu ma trajectoire possible. Ces axiomes m’ont aidé à escalader des montagnes au poker ; la moitié de ces axiomes sont des tactiques et des processus que j’utilisais bien avant ma victoire au Main Event des WSOP en 1989. Dès le début, ils m’ont aidé à voir grand, à m’attaquer à des défis énormes et, finalement, à réussir ! Je vais vous en dévoiler un pour vos lecteurs : couchez tout simplement vos « objectifs annuels » sur le papier, ceux de l’année 2021 à venir, et scotchez-les à côté de votre miroir dans la salle de bain. Avec ces objectifs annuels que vous verrez tous les jours, et même plusieurs fois par jour, vous allez vous motiver, consciemment et inconsciemment. J’ai des centaines de lecteurs qui m’envoient des messages pour me remercier, car ils viennent d’atteindre l’un ou l’autre de ces objectifs annuels !

Ces axiomes sont très simples à réaliser, et mon livre prend une grosse heure à lire, et ils m’ont pourtant profondément changé ! Pourquoi n’aurais-je pas le droit de devenir le plus grand joueur de poker de tous les temps ? Avec ces axiomes, je sais désormais que je suis quelqu’un de bien, et que j’ai le droit de réaliser de bonnes choses. Lorsque je regarde en arrière et que j’analyse mon histoire personnelle, je me rends compte que ces axiomes m’ont autorisé à me dire : « Et pourquoi ce ne serait pas à mon tour ? » Ils m’ont motivé !

 

Vous êtes considéré comme l’un des plus grands joueurs de poker de l’histoire, surtout dans le domaine des tournois. Comment expliquez-vous cette constance dans l’excellence ?

Les axiomes dont je viens de vous parler, et que j’ai dévoilé dans mon livre, m’ont énormément aidé dans ma trajectoire, mais il n’y a pas qu’eux. Je crois que disposer d’une très bonne capacité de lecture de son adversaire m’ont permis de ne pas m’enferrer dans toutes les théories du poker qui sont à la mode, et qui ensuite passent de mode. Cette lecture de mon adversaire, je l’appelle « Magie Blanche ». Pourquoi ? Il y a dix ans environ, lors d’un tournoi des WSOP, j’étais en grosse blinde, et tout le monde rend ses cartes jusqu’au joueur de petite blinde, qui va à tapis. J’ai 12 BB devant moi, et je sais qu’en théorie, je dois payer instantanément. Mais plutôt que de m’exécuter de suite, je réfléchis, et demande à mon jeune adversaire une question anodine, puis je réfléchis à nouveau, et je comprends qu’il me bat, alors je rends les cartes. Il était très agacé, car je crois qu’il me battait de loin !

Le même jour, je discutais avec un jeune joueur très respecté, et je lui expliquais que j’étais bien dans le tournoi, et je lui ai alors évoqué ce fold. Il était très surpris : « Hein ? Mais tu dois payer tout de suite ! C’est mathématique. » Et je lui ai répondu : « Selon moi, il avait As-Valet. » Lui, « Je ne comprends pas ta réaction… » Et moi, je me disais, « Mais il ne sait pas ce que c’est de lire son adversaire ? C’est de la Magie Noire pour lui, on dirait… Mes lectures, c’est de la Magie Noire pour ce type super intelligent qui est tellement bon au poker ; il a des vraies œillères ! Il ne comprend rien au jeu ! » Ma génération a été formée ainsi au poker, tout sur la lecture de l’autre. On ne peut pas prétendre être un grand joueur sans développer cette qualité. La nouvelle génération vient du online. Il sont incollables sur les maths, les stats et la théorie du jeu, mais la plupart ne sait pas lire le jeu de son adversaire.

Comme je trouve que le terme « Magie Noire » est connoté de façon négative, je préfère utiliser celui de « Magie Blanche ». On ne peut pas apprendre le poker de très haut niveau sans se donner d’une bonne lecture des autres. Ces jeunes sont des petits génies en math, s’améliorent chaque jour du côté de la théorie, et abusent de stratégies qui ne leur permettent d’éviter qu’un territoire : celui de la psychologie et de la lecture. En fait, ils développent et inventent des nouvelles théories afin de ne pas s’aventurer là-dedans…. C’est brillant. Admirable. Payant, pour un temps. Mais cela ne suffit pas. Pas si vous voulez être parmi les meilleurs. Je suis encore là grâce à ma lecture des autres. Je dois me tenir au courant des dernières théories en vogue, bien sûr, afin de pouvoir contre-attaquer ces jeunes. Je ne fais pas partie de leur monde, je suis à part, dans ma bulle. La masse avance groupée, ce qui rend ma stratégie de contre-attaque plus aisée. Le poker n’est pas simple ! Mais si tout le monde pense pareil, c’est plus simple d’aller à contre-courant.

 

Comment avez-vous vécu l’annulation des WSOP en live cette année ? Pensez-vous que le monde du poker sera le même après cette pandémie ?

Heureusement pour nous, il y a des personnes très intelligentes dans le monde et qui font tout pour résoudre des problèmes apparemment impossibles. J’espère, et je crois, que l’on va trouver bientôt un vaccin efficace. Et que les protocoles de soin pour les patients vont s’améliorer énormément. Au fur et à mesure que ces données vont ainsi être compilées, et que de plus en plus de gens vont être testés, le taux de mortalité va plonger. Ces trois évolution —vaccin, protocoles améliorés, mortalité en baisse— vont nous ramener à un monde meilleur !

J’espère que je pourrai ainsi participer en personne aux WSOP en 2021 à Las Vegas ! Et je suis vraiment persuadé qu’au pire, l’édition de 2022 aura lieu. Au-delà des WSOP, avec les améliorations en terme de tests, nous allons pouvoir en parallèle filmer des centaines d’heures de nouveau contenu dans les studios de Poker Go, ce qui a déjà commencé !

 

Vous êtes actuellement en train de tourner une série de heads-up avec Antonio Esfandiari pour Poker Go… Quelles sont les faiblesses du « Magicien » ? Comment avez-vous tenté de les exploiter ?

Antionio est une terreur absolue ! Tout le monde le sait, d’ailleurs… C’est un sacré mano a mano. Je ne le sous-estime à aucun moment ! Lors du premier match, j’ai dû ajuster mon jeu en temps réel et sortir quelque gros bluffs. Il fallait aller au charbon ! S’il m’avait payé avec son brelan de roi à un moment de la partie, j’étais fini. Mais j’ai réussi à convertir ma petite paire en bluff, et c’est passé… On va jouer le 3ème Round dans quelques jours, avec 400 000$ à la gagne…

 

Quelles sont les qualités essentielles pour être un grands joueur ?

Lecture, psychologie et esprit mathématique.

 

Comment continuez-vous à étudier et pratiquer le poker depuis chez vous ? En jouant online ? En discutant entre professionnels ?

En fait, et cela pourra vous étonner, mais je ne parle stratégie, tactique et concept qu’avec une seule personne, mon ami Mike « The Mouth » Matusow. Mike m’a énormément appris en Omaha Hi-Lo et Stud Hi-Lo. En 2018, lors d’un tournoi à Los Angeles au Commerce Casino, Mike et moi nous sommes retrouvés en tête à tête d’un tournoi Hi-Lo Stud et Omaha. Cinquante joueurs au départ seulement, mais c’était chouette car j’ai fini par le remporter. Je parle aussi beaucoup de stratégie NLHE avec lui. Mike est un esprit brillant, et il fera d’ailleurs partie du Hall of Fame un de ces jours. Il sait s’adapter à tout type de situations, n’est jamais dogmatique et il reste ouvert à tout ce qui pourrait l’aider à s’améliorer.

Il y a quelques années de cela, j’avais dit à Mike qu’il se sous-estimait beaucoup trop ; qu’il était bien meilleur en NLHE de tournoi qu’il ne le croyait. Après avoir participé à quelques WPT, il a enfin compris qu’il était très bon dans ce format également. Et en analysant son jeu sur les rediffusions Poker Go, il a vu les grosses erreurs que les joueurs faisaient habituellement. Il s’est réveillé à ce moment-là. On passe des milliers d’heure à parler tactique au téléphone ensemble.

 

Que pensez-vous de l’affrontement prévu entre Daniel Negreanu et Doug Polk, en heads-up online : est-ce bon pour l’image du poker ?

J’apprécie beaucoup les deux joueurs, et même si chacun m’a déjà critiqué avec véhémence, je partagerai un dîner avec plaisir avec l’un ou l’autre, n’importe quand. Et tous deux font beaucoup pour le poker, surtout Daniel.

Il y a longtemps, on m’avait dit que si je me disputais avec un autre grand joueur, cela serait positif pour l’un et l’autre. On m’avait alors proposé d’organiser cet affrontement, mais je respectais beaucoup cet autre joueur en question pour accepter. J’ai préféré être en paix avec lui.

Mais là, ce n’est pas artificiel : Polk et Negreanu ne s’aiment vraiment pas du tout ! Ils arrivent chacun à se faire disjoncter mutuellement ! Ils passent leur temps à ça sur les réseaux sociaux. En fait, Doug se comporte également comme le faisait Daniel il y a dix ans ! Daniel incarnait un personnage agressif, et là, il est devenu la proie de Doug. Daniel avait jusqu’alors réussi à ne pas se défendre des attaques de Doug, car il ne voulait pas lui offrir trop de médiatisation. C’était ce qu’il fallait faire : ne pas donner trop de lumière à son détracteur.

Daniel affirme qu’il n’a jamais dit ce que Polk lui reproche depuis des années : « Augmenter le prélèvement est bon pour le poker. » Mais tout le monde sait que Daniel touchait 3 000 000$ de prélèvement par an en provenance de PokerStars à l’époque où ils ont décidé d’augmenter le taux de prélèvement. Daniel ne pouvait pas tenir cette position, et même s’il n’a peut-être pas utilisé cette formule exacte, c’était ce qu’il voulait dire : il était pour que le prélèvement augmente. Techniquement, il n’a pas dit ces mots, je le sais pertinemment, mais dans l’idée, c’était le sens. Daniel a commis une erreur ce jour-là. Il aurait dû réagir différemment. Il voulait surement dire que le prélèvement était bon dans des parties privées de cash-game. Mais pourquoi se prononcer sur ce sujet ? Il est passé pour un bon petit soldat de son sponsor, PokerStars. Doug a attaqué Daniel sur ce sujet… « Augmenter le prélèvement est bon pour le poker… » 99% du monde du poker a cru que c’était ce que pensait Daniel…

Si le match se passait en live, Daniel serait un large favori. Et en plus, il est très bon en raisonnement mathématique. Sauf qu’online, c’est ce qui domine. Mais Doug est excellent, et si ca se passe mal, il saura s’adapter très vite. Cet affrontement est bon pour le poker, car cela redonne un peu d’action dans ce monde très ennuyeux en ce moment.

 

Avant la pandémie, vous passiez votre temps à traverser le monde… Comment faites-vous actuellement ?

J’ai fait plusieurs fois le tour du monde pour le poker, en effet ! De Las Vegas à Los Angeles, de San Jose à Sacramento, du Connecticut (Foxwoods) à Atlantic City, de Londres à Paris (la ville-lumière), de Baden (et son Casino Austria) à Vienne (le Concord, à seulement 40 minutes), d’Amsterdam à Cannes, du Pays de Galles à Malte, d’Alabama à Jacksonville et Miami, d’une croisière dans les Caraïbes à Melbourne, de Venise à Aruba, de Lafayette en Louisiane à l’Océan Pacifique et ses bateaux-casinos, de Rio de Janeiro à Pampano Beach en Floride.

Heureusement, ces derniers temps, j’ai fait de bons investissements hors du poker. J’ai beaucoup investi dans des toutes jeunes entreprises ainsi que des grands noms bien installés. Du côté des jeunes pousses, je fais désormais partie de neuf conseils d’administration ! Et l’une d’elles (End Game Talent Agency) vaut désormais 100 millions de dollars (je possède 5% des parts). Une autre, Lasso Gear, fabrique des chaussettes médicalisées portées par la star de la NFL Cam Newton ! Tout comme James Harden, une star NBA, qui les met à chaque match ! Et tout ça sans être même sponsorisés…

Côté entreprises bien installées, j’ai investi 300 000$ dans DMYT, en tant que sponsor spécial, ce qui veut dire que je peux tout perdre si dans les 18 mois, nous n’avons pas trouvé une société acquéreuse. Mais si nous en trouvons une, je peux gagner une somme à sept chiffres… Et, coup de chance, on a trouvé un acquéreur ! Rush Street Interactive, la plus grosse société américaine de casino en ligne. Avec à la clé, un accord à 2 milliards de dollars ! DMYT et Rush Street m’ont payé pour avoir fait le lien entre eux ; c’était aussi payant que de finir à la 4ème place du Main Event des WSOP en 2019. J’ai ensuite investi 500 000$ dans une seconde compagnie DMYD, et la même somme dans une autre tout récemment. Je suis dans un vortex d’investissements très positif ! Mais même si tout se passe bien de ce côté, je ne voyage quasiment plus. J’ai pas mal de temps libre afin de me remettre au poker en ligne. J’ai remporté 700 000$ sur divers sites en ligne. De février à août, j’ai beaucoup gagné en cash-game high-stakers et mid-stakes.

A ce jour, mi-octobre, je suis dans une grosse partie 10-20-40$ qui propose des swings de plus de 100 000$ par soir. Lorsque je me sens bien, je joue là. Si j’étais encore un pro du poker à plein temps, j’y serais 24h/24, mais vie n’est pas celle-là, et je ne joue plus que lorsque j’en ai vraiment envie.

 

Revenons un peu sur votre carrière… Comment évoqueriez-vous le gamin que vous étiez encore lors de votre victoire au Main Event des WSOP en 1989 ? Quels sont vos souvenirs les plus vivaces de cette période qui a constitué un tournant dans votre vie ?

En 1988, il y avait seulement quatre tournois qui faisaient rêver tous les joueurs : le Main Event des WSOP, le Main Event du « Hall of Fame of Poker », le Diamond Jim Brady (au Bicycle) et le Super Bowl of Poker d’Amarillo Slim. Et, bien sûr, n’importe quel tournoi avec un bracelet WSOP. J’avais remporté le Diamond Jim de 1988, après avoir fini runner-up du NLHE 1000$. Lors de la finale, j’avais dû affronter Erik Seidel ! On a joué en heads-up pendant des heures, avant qu’il ne remporte le titre. Je m’en voulais énormément car j’avais fait beaucoup d’erreurs ! Non pas que je veuille diminuer l’excellence d’Erik Seidel, mais j’avais commis énormément de fautes, et cela m’avait rendu dingue. On avait passé un accord afin de partager l’argent à parts égales. Après le match, je suis parti courir longuement dans le quartier de Bells Garden à 2h du matin —ce qui est une très mauvaise idée !—, et je repassais en tête toutes les erreurs que j’avais pu faire. En courant, je me souviens que je me suis dit : « Tu vas peut-être devoir attendre pas mal de temps avant de te retrouver à nouveau en heads-up et pouvoir corriger ton jeu. » J’avais tort !

Le lendemain, on a débuté le Main Event à 5000$. Tous les grands noms étaient là. Je me souviens que les trois meilleurs joueurs de poker du monde (en tournois) étaient en table finale avec moi ! Il y avait Johnny Chan (champion en titre), TJ Cloutier et Jack Keller. On s’est vite retrouvés à trois joueurs. Le premier remportait 145 000$ (contrairement à ce qu’indique HendonMob). J’ai demandé à Jack Keller si on pouvait passer un accord, avec le dernier en lice, Glen Abney. A l’époque, c’était encore 40% pour le premier, 20% pour le second et 10% pour le troisième. Jack a voulu nous arnaquer ! J’ai refusé. Il m’a dit, « Si je prends un gros pot, on est à égalité ». Je me suis dit, « J’ai pas intérêt à le laisser revenir… » Jack jouait très agressif, et j’ai fini par le payer avec As-Dame, auteur As. Et ca a tenu, et il est sorti ! J’étais très loin devant, et j’ai repensé à mon dernier heads-up, 44 heures plus tôt. « Finis-le tout de suite, Phil ! » J’ai gagné, puis suis allé à Sapgos. Je faisais la couverture de tous les magazines de poker. Chan, Seidel et moi étions considérés comme la nouvelle génération de moins de trente ans. Et je disais à qui voulait l’entendre que j’allais remporter le Main Event des WSOP de 1989 !

Mon père voulait venir à Las Vegas pour me voir au Main Even. Il n’avait pas du tout approuvé mon choix de devenir joueur de poker, mais comme il voyait que je gagnais très bien ma vie, il changeait petit à petit d’avis. C’était la première fois qu’il venait me voir jouer. Il est arrivé à Vegas un vendredi soir, a foncé tout droit au Horseshoe et… j’étais en table finale ! Pour un tournoi de Pot Limit Omaha, dont je sors cinquième vers 22h30. Je suis sorti sur la même main que TJ Cloutier. Le Main Event commençait lundi et finissait jeudi. Je dormais au Golden Nugget et j’ai demandé à mon père de venir me réveiller tous les matins à 11h. Le premier jour, il ne m’a pas amené le petit-déjeuner que je lui avais demandé, et j’étais très énervé. Il ne s’est pas trompé les jours suivants… Une petite chaîne que personne ne connaissait alors, ESPN, filmait le Main Event pour la première fois, uniquement la table finale.

Il y avait Johnny Chan (qui était en lice pour remporter le titre pour la troisième fois d’affilée), Lyle Berman, le pro Don Zewin, Steve Lott et le futur champion du monde Noel Furlong. A quatre joueurs restants, j’ai relancé avec Ax-10x, Don a payé avec paire de 10, Steve a fait tapis pour 91 000 jetons depuis la BB, et après réflexion, j’ai payé. Et là, Don va à tapis à son tour ! D’un point de vue mathématique, je dois payer immédiatement, mais j’ai pris mon temps, et j’ai fini par payer, en pensant que Don avec paire de 9 ou de 8 ou Valets. Don avec paire de 10, Steve paire de 2, et au flop, tout de suite un As ! J’ai éliminé les deux adversaires, et je me suis retrouvé en heads-up contre Johnny Chan.

Au bout de vingt minutes environ, j’ai dit à Johnny, « Je vais jouer parfaitement. Il va falloir que tu sois au maximum de ton niveau et qu’en plus tu aies de la chance si tu veux me battre. » Au bout de 31 minutes, au blindes 5-10 000, je mise 35 000 avec As-7 de carreau. Chan sur-relance à 165 000. Grosse relance ! Je me suis dit… « Il veut changer de vitesse. » Quatre mains plus tard, je découvre une paire de 9, et mise à nouveau 35 000, et je savais déjà ce que j’allais faire si Chan me sur-relançait à nouveau. Chan a relancé comme prévu à 165 000, et j’ai tout de suite annoncé tapis. On trouve facilement cette scène sur YouTube : je vais à tapis d’un mouvement des deux mains, sans toucher les jetons.

Je suis resté immobile. Chan devait avoir 600 000 devant lui, et moi 1 200 000. Je m’étais entraîné à ne pas bouger d’un iota. Alors que le temps s’écoule, je me demande : « Est-ce que j’ai envie d’être payé ? Pas certain. Il aurait déjà payé avec n’importe quelle paire. Ou avec As-10 et mieux. » Il avait peut-être une main comme Roi-Dame. Je n’ai rien dit et l’ai laissé réfléchir. Si je l’avais poussé à rendre ses cartes, cela aurait pu me couter mon rêve de toujours : un titre WSOP au Main Event ! Au bout de trois minutes, Chan a annoncé : « C’est le moment de prendre des risques. C’est payé. » Et il a retourné As-7 de pique.

J’étais large favori… Le flop est tombé : Roi-Roi-10. Turn, une Dame. J’étais pourtant certain que Chan allait toucher un As ou un Valet à la dernière. Je l’avais vu faire ça trois fois lors de son premier titre et ses deux Hall of Fame. Et pourtant, à la river, juste un 6 ! J’ai levé les mains au ciel, et j’ai cherché du regard mon père dans la salle. Les gardes l’ont laissé venir courir vers moi sans souci (il y avait seulement un dollar symbolique sur la table !) et je l’ai pris dans mes bras !

 

Qui étaient les grands noms de l’époque ?

Johnny Chan, TJ Coutier Jack Keller, Chip Reese et Doyle Brunson, Berry Johnston, Lyle Berman, Bobby Baldwin, Yosh Nakano… pour n’en citer qu’une poignée.

 

Quels ont été les autres grands moments de votre carrière ?

Chaque victoire aux WSOP ! Le NBC Heads Up de 2005, aussi. Et le Main Event des WSOPE bien sûr. Ainsi que le Diamond Jim Brady du début, en 1988. Et parmi mes objectifs dans ma vie, c’était d’entrer dans la liste des best-sellers du New York Times, ce que j’ai fait ! Et de continuer à être toujours au top niveau dans le poker.

 

Quel regard portez-vous sur la scène poker actuelle ? Avez-vous des regrets quant au passé ?

Je respecte beaucoup tous ces jeunes qui jouent en hautes limites, mais ce ne sont pas les meilleurs joueurs au monde ! Soyons clair : certains d’entre eux font partie de la crème de la crème, mais la plupart, non. C’est une autre façon de jouer. Je pense que je me débrouillerais bien contre eux, sans aucun souci.

Fedor Holz a récemment déclaré que j’avais balancé plusieurs fois des buy-in de tournois à 300 000$, sans bien jouer. J’ai tout de suite abondé en son sens. Cela m’est arrivé. Dans l’un des cas, en Day 2, j’étais exténué et j’ai joué n’importe comment. Mais ce n’est pour autant qu’il faut oublier toutes mes victoires ! J’aimerais beaucoup que ces jeunes puissent voir mes cartes lors des compétitions des années 80 à maintenant. S’ils avaient pu voir tout ce que je faisais, tous mes bluffs, ma patiences et les hero-calls que j’ai pu faire, je crois qu’ils penseraient tout autre chose de moi ! On n’atteint pas mon statut sans avoir un instinct affûté et un jeu subtil, en nuances !

 

Pour finir, qui inviteriez-vous pour une partie de poker amicale et une soirée agréable ?

Un cash-game chez mon ami Chamath, avec mes meilleurs amis comme Chamath Palihapitiya, Bill Lee, Sky Dayton, et David Sacks.

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Portraits / Interviews

Rencontre exclusive : Barny Boatman, vainqueur de l’EPT Paris

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Barny Boatman, « One for the good guys »

Il est des figures du poker dont on apprécie la seule existence. Des personnalités qu’on aime suivre sur les réseaux sociaux pour leur intelligence, leur modestie, leur humour et leur humanité. Et quand on les retrouve en table finale d’un tournoi majeur du circuit international, on peut passer sa nuit à le soutenir, anonymement, sur les streaming des compétitions. En finissant vainqueur du fabuleux EPT Paris, organisé conjointement par les casinos Barrière et PokerStars, Barny Boatman a fait plaisir à tous les vrais amoureux du poker. Quelques jours après son succès incontestable en terres parisiennes, le champion anglais nous a accordé un entretien exclusif.

Vous venez de remporter l’une des compétitions les plus relevées de la saison poker, l’EPT Paris. A quel moment pensiez-vous que ce titre était pour vous ?

Je pense que la plupart des joueurs de poker sont plein d’optimisme lorsqu’ils s’inscrivent à un tournoi, autrement ça ne vaut pas le coup de s’acquitter du buy-in ! (rires) En tout cas , c’est mon cas… Ce n’est cependant qu’à mi-journée du Day 2 où j’ai compris que j’arriverais sans doute à la bulle du tournoi avec un joli tapis devant moi, même si j’ai attendu le Day 4, à son début, pour visualiser plus clairement ma place en table finale. A la fin de cette journée-là, j’étais même persuadé que la gagne était envisageable.

Quels ont été les moments pivots de votre tournoi ?

Il y en a eu quelques-uns… J’ai eu plusieurs mains où je suis tombé sur le flop avec une overpaire, et où j’ai réussi à faire coucher la main de mes adversaires en représentant quelque chose de plus fort qu’en réalité. Dans au moins l’une de ces situations, je n’aurais même jamais tenté cela si j’avais su ce que l’autre joueur avait en face ! Il y a eu deux grosses mains qui m’ont assuré le tournoi. La première, à la fin du Day 4, où je paye un bluff avec une main faible dans un très gros pot qui me donne le chiplead, et une autre en finale, où je pousse Kauffman à se lancer dans un énorme bluff alors que j’avais un full contre ses deux paires. Nous n’étions plus que trois, et j’ai été à nouveau propulsé en tête. Ensuite, je n’ai jamais regardé derrière moi ! (rires)

Comment avez-vous fêté cette victoire ?

Tout cet argent va changer la vie de ma compagne et moi-même. Cela tombait bien, on cherchait une maison avec l’eau courante, cela devrait être possible désormais… On a fêté ça avec un très bon repas au Fouquet’s, sur les Champs-Elysées, et ensuite je trouverai bien l’occasion de fêter avec des amis cette belle victoire à Londres, Dublin et même Madrid. Je voudrais partager cette joie avec autant d’amis que possible. Et maintenant que j’ai goûté à la victoire sur l’EPT, je devrais sûrement avoir encore plus envie de remettre ça…

Comment avez-vous débuté le poker, en Grande-Bretagne ?

A l’école, tout simplement. Et ensuite, le circuit classique des parties privées, puis des casinos, mais aussi des cercles de jeux et des cash-games plus élevés avec des hommes d’affaires. J’ai joué dans à peu près tous les endroits possibles au monde : des pubs qui sentaient la bière chaude, des arrière-salles et des clubs luxueux. Où qu’il y ait de l’action, j’y vais, et je franchissais même la Manche souvent afin de voir mon ami Bruno Fitoussi à l’Aviation Club de France, à l’époque.

Quel est l’état de la scène poker britannique en 2024 ?

La culture du poker a toujours été très présente en Grande-Bretagne. De gros circuits sont toujours actifs, comme l’UKIPT qui va débuter à Dublin très prochainement. C’est surtout la scène tournois qui fonctionne très bien, ce qui permet à de jeunes talents de se révéler et de faire de belles performances à l’international.

Vous faites partie du quatuor qui a créé le fameux site de classement HendonMob, qui a changé le monde du poker…

Au début des années 1990, mon frère Ross —qui est un acteur assez connu en Grande-Bretagne— et moi-même avions une partie privée vers le quartier d’Archway, tandis que Joe Beevers et Ram Vaswani en avaient une autre, bien plus chère et sérieuse, dans un autre quartier du nom de Hendon. On est allés jouer là-bas, et uqelques mois plus tard, on s’est retrouvés à faire le tour du monde ensemble. On nous a surnommés à l’époque « The Hendon Mob » (la bande de Hendon, ndlr) même si je suis persuadé encore aujourd’hui que « The Archway Mob » aurait mieux sonné ! (rires)

Pourquoi aviez-vous choisi le poker comme mode de vie ?

C’est la liberté, tout simplement. Seul le poker pouvait m’offrir cela : les voyages, les amis, les défis incessants. Cela vous pousse à toujours réfléchir et apprendre, sans cesse.

Le poker est un jeu d’argent —comment vous en accommodez-vous à un niveau personnel et politique, vous qui êtes très engagé dans le social ?

Il existe bien des façons de gagner sa vie, certains sont plus productives et socialement enrichissantes que d’autres. Je n’ai jamais passé ma vie à simplement jouer au poker. J’essaie toujours d’être impliqué dans des projets plus créatifs, comme l’écriture, mais surtout d’utiliser mon temps et mes ressources financières pour soutenir et aider les personnes et les causes qui me tiennent à cœur. A certains moments de ma vie, lorsque mon indépendance financière et ma disponibilité étaient au mieux, j’ai ainsi pu vraiment être là auprès de mes amis et ma famille.

Comment avez-vous su vous adapter au fil de toutes ces années ?

Vu que je viens de devenir le plus vieux des champions EPT, je suppose que je n’ai pas tout perdu ! (rires) Ce jeu, c’est un jueu d’adaptation, autant face à des joueurs individuels à votre table, mais aussi aux changements de dynamiques d’un jeu ou d’un tournoi, mais aussi aux évolutions des concepts, des styles de jeu et des stratégies qui régissent le poker. Le plus important, je pense, c’est de relever le défi en y prenant du plaisir, de toujours apprendre, et surtout d’improviser selon les circonstances. Je n’étudie pas à proprement parler le jeu, même si je devrais sûrement, et je ne me considère absolument pas comme un des top joueurs de mon époque, mais à certains moments, mon expérience me permet de m’en sortir assez pour que je n’aie pas envie de me mettre à étudier formellement le poker. On me parle souvent du « bon vieux temps du poker », comme si c’était il y a des siècles, mais franchement, gagner un des plus beaux tournois de la saison, dans une des plus belles villes du monde, en magnifique compagnie, ce ne serait pas ÇA les bons vieux jours ? (rires)

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Dans La Tête d’un Pro revient en force sur Winamax !

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Après la douloureuse élimination d’Alexane Najchaus sur le Freezeout à 3 000 $ lors des WSOP, la série mythique Dans La Tête d’un Pro de Winamax tourne sa caméra vers Mustapha Kanit. Dans cette série de 7 épisodes, le numéro 1 italien prend le relais pour remettre d’équerre cette nouvelle saison, sur l’un des tournois emblématiques des WSOP !

Après 13 ans d’existence, la série Dans la Tête d’un Pro reste fidèle à ses débuts avec un concept fort : transporter les passionnés et la communauté poker dans la peau d’un membre du Team Winamax sur les tournois les plus prestigieux et les plus difficiles de la planète poker.

Le thème WSOP de cette année pour le Team Winamax : surpasser les 3 millésimes précédents, durant lesquels pas moins de 6 bracelets au total ont été remportés.

Le jovial de l’équipe se lance sur l’emblématique 6-Max

Mustapha Kanit, élu clown officiel du Team Winamax est aussi redoutable cartes en mains qu’hilarant durant les pauses-dîner. Lors de cette série d’épisodes, les spectateurs pourront suivre le numéro 1 italien sur l’un des tournois les plus emblématiques de l’ère moderne des WSOP, le 6-max à 5 000 $ l’entrée, où plus de 1 000 joueurs sont attendus.

Retrouvez le premier épisode de la série DLTDP avec Mustapha Kanit dès aujourd’hui sur la chaîne YouTube de Winamax. 

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Apo, une équipe au service du poker

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En quelques années, la marque Texapoker, fondée parApo(stolos) Chantzis, est devenue un incontournable du poker hexagonal, jusqu’à devenir quasiment hégémonique depuis la reprise d’activité après la pandémie Covid. Entouré de François Lascourrèges, fidèle depuis des années, et Mickaël Lesage, nouvel arrivant dans la galaxie Texapoker, Apo crée, dirige et assure désormais plus de 1600 tournois par an. Rencontre du triumvirat qui fait battre le cœur du poker français.

Le poker a d’unique qu’il accueille sans différence aucune tous les profils de joueurs, mais aussi d’organisateurs. Souvent attirés par les sirènes du tapis vert, ceux qui en font désormais tourner le business ont un seul point commun, l’amour du beau jeu, et autant de destins que de personnalités. À tout juste 70 ans, Apo en est le plus pur produit: «Je suis un autodidacte qui s’est créé tout seul», confie-t-il. «Je n’ai même pas suivi de formation de casinotier, au départ je jouais pas mal au poker fermé (le Draw), et j’ai gagné quelques tournois en Espagne, avant de me mettre à pratiquer le Limit Hold’em début 2000, puis de fréquenter le casino de Barcelone… Je suis empirique, et j’ai toujours travaillé très simplement. À chaque tournoi, je me fais un petit tableau pour déterminer les besoins en ressources humaines : tant de croupiers, tant de chefs de partie, tant de TD, etc. Je détermine un budget prévisionnel qui me permettra d’atteindre l’objectif. En fait, c’est simple: le cœur de mon métier, c’est de remplir chaque jour les salles.» Bien lui en a pris puisque, depuis le début de l’aventure Texapoker, pas un tournoi n’a fini dans le rouge: «Ma devise, c’est “Un tournoi près de chez vous”, et je ne déroge pas à cette règle. C’est mon système économique, pour que les clients puissent s’y retrouver, sans dépenser trop d’argent dans les hébergements ou dans de la nourriture. Ils peuvent même rentrer chez eux, puisqu’avec le maillage de casinos partenaires sur tout le territoire, ils trouveront un casino à moins de 150km de chez eux.»

L’EXPÉRIENCE POKER À PORTÉE DE TOUS

Ses débuts, comme François Lascourrèges, directeur de production chez Texapoker, Apo les a faits en province, bien loin du brouhaha parisien et des luttes de pouvoir entre casinotiers. Apo vient de Perpignan, d’où il continue de conceptualiser et d’articuler ses centaines de tournois, tandis que François Lascourrèges vient d’un peu plus au nord, en Gironde. C’est dans l’associatif que François Lascourrèges a fait ses premières armes: «Études à Bordeaux en BTS, et avec le temps libre qu’il me restait, j’écumais toutes les associations de la région en tant que jeune joueur passionné. Les casinos commençaient à organiser des tournois dans la région, jusqu’au moment où l’un d’entre eux m’a invité à travailler en tant que croupier extra. Les casinos recrutaient auprès des amateurs de poker pour former des croupiers, et j’ai débuté ainsi vers 2008-2009 en distribuant le jeu à table.» Parallèlement à ses études, il se frotte au cash-game, joueur gagnant aux petites limites, à Gujan-Mestras, puis découvre les tournois live, ne goûtant que peu au online. «J’étais très investi dans le poker associatif, notamment en tant que président du club d’Arcachon pendant cinq ans, jusqu’en 2011.Dans ce cadre, on a créé une sorte de ligue de poker, le 3+3, regroupant tous les joueurs amateurs, et organisé des tournois gratuits dans tous les casinos de la région. L’aventure s’est arrêtée sur le deuxième tournoi à Gujan, lorsqu’il m’a proposé de travailler pour eux. On a fini par se sédentariser à Gujan, qui avait un énorme potentiel, en organisant des freerolls sur place. On m’a ensuite proposé la place de MCD/directeur de tournoi, une énorme opportunité, et avec le travail, ça a payé…» Vient alors la rencontre avec le monde du poker professionnel: premier FPS en 2012 à Gujan, et grâce aux équipes locales, la collaboration avec Apo et Texapoker. La rencontre entre les deux hommes était actée ,et dès 2018, François Lascourrège rejoint à temps plein la structure, quittant un travail sédentaire pour une vie sur les routes, à passer de casinos en clubs de jeux, pour assurer le suivi de production parfait de la marque.

UNE ÉQUIPE COMPACTEET SOUDÉE

Malgré le nombre exponentiel de tournois organisés par sa structure depuis la sortie du Covid, Apo reste confiant quant au fonctionnement inhérent à Texapoker: «La sortie de la pandémie a été un moment clé et un défi vraiment fou pour l’entreprise. On voulait reprendre les tournois et initier le retour du poker le plus tôt possible afin de permettre aux croupiers et aux équipes des casinos de survivre au mieux», résumeFrançois Lascourrèges. «Ça a été un moment clé, où il y a eu beaucoup de débats en interne, mais on en est ressortis encore plus fort. Apo a été le premier à avoir le courage et la détermination de retourner au front, c’était impressionnant. Les croupiers, c’est le nerf de la guerre, car ils sont volatils et voyagent énormément.» Apo plussoie:«On fait travailler un peu moins de 100 croupiers en simultané, à partir d’un pool de 130 à 140, qui inclut le personnel étranger. Il ne fallait pas les laisser sur la touche.» Le facteur humain, depuis, est d’ailleurs devenu la clé de toute entreprise poker: la formation (en interne chez Texapoker, chapeautée par Élodie Martin), mais aussi la gestion humaine, prise très au sérieux avec deux employés dédiés à cette tâche: «L’équipe comprend également Nicolas Pinna, qui s’occupe de tout le back-office web et le suivi réservation, deux responsables des ressources humaines, François Lascourrèges en directeur de production, Florence Mazet à la communication et désormais Mickaël Lesage, directeur d’exploitation.» Mickaël Lesage, justement, vient de rejoindre le navire Texapoker (Apo, quant à lui, parlerait plutôt de voilier, en grand amoureux de la mer), après une belle carrière dans le poker parisien:«J’ai commencé en 2006 au sein d’un cercle de jeux, le Cercle Concorde en tant que croupier poker. Puis j’ai été appelé par unautre cercle, le Cercle Clichy-Montmartre, afin de démarrer une activité poker où j’ai évolué jusqu’au poste de MCD, directeur des tournois. J’ai eu ensuite la chance de pouvoir travailler avec la plupart des acteurs du marché (PMU, WSOP, WPT,DSO Unibet…) et même de voyager afin de me perfectionner dans mon métier. J’ai commencé à travailler avec Texapoker lors d’un Event WSOPC à Cannes en 2017. Ensuite nous ne nous sommes plus lâchés, nous avons travaillé en collaboration durant trois ans sur différents festivals lorsque j’étais MCD au Club Montmartre.»

2023, TOUJOURS PLUS HAUT

Le poste de Mickaël Lesage, qui vient d’être créé en décembre 2022, était indispensable au bon développement de l’entreprise pour l’année qui débute: «Apo m’a proposé d’être directeur d’exploitation de Texapoker en sachant que j’avais quitté mon poste au sein du Club Montmartre. J’ai effectué quelques événements pour Texapoker en ac-ord avec mon ancien employeur et cela s’est toujours très bien passé. Dans l’entreprise, je garde mon poste de directeur de tournoi, mais je suis également en charge de la programmation et de la coordination des événements avec François. Nous collaborons tous les deux étroitement à l’exploitation des licences et partenariats qu’Apo a signés pour le compte de Texapoker.» L’année 2023 s’annonce assez folle en termes de développement et de consolidation du marché pour Apo: «Nous travaillons en France avec 22 casinos et clubs, et nous sommes complets pour toute l’année au minimum. Le seul développement immédiat supplémentaire concerne l’Europe, avecl a Belgique, à Namur peut-être, mais aussi l’Autriche, avec Baden. Notre concurrence est simple et saine: c’est le Barrière Poker Tour, et nous respectons beaucoup leur travail et leur offre. Je préfère avancer de notre côté, dans un écosystème poker qui est sain pour tout le monde.» Il faut dire que l’année 2022, qui vient de se clore, a été riche en émotions: «Les WSOPC à Cannes, par exemple, étaient hallucinants, avec la nouvelle salle à l’étage et sa cinquantaine de tables au lieu de vingt-cinq», se souvient, ému, François Lascourrèges. Une collaboration unique avec le casino cannois dirigé par Alain Fabre, figure attachante et charismatique parmi les casinotiers français: «Avec Alain Fabre,on se connaît depuis des années, et on travaille main dans la main. Les WSOPC 2023, du 12 au 25 avril, devraient aussi beaucoup faire parler d’eux!» sourit Apo. «Quant àSan Remo, on a confié la direction quotidienne à Alex Angossi, pur produit Texapoker, qui travaille depuis six ans en étroite collaboration avec moi. Cette année 2023 va être très belle là-bas: l’IPO, qui a lieu du 1er au 10 mai, mais aussi le WPT Prime, du 5 au 11 juin, ainsi que le DSO du 11 au 16 juillet.» À la clé de l’année à venir, le nouveau deal exclusif à Paris avec le Club Circus qui débute en fanfare dès janvier, avec le WPT Prime, une nouvelle signature qui réjouit toute l’équipe: «Le retour du WPT Prime en France et en Italie, par Texapoker, c’est une nouvelle extraordinaire», ajoute François Lascourrèges, tandis qu’Apo rêve encore et toujours plus haut. «Je veux faire revenir un WPT Global avec le Main Event à 3500€ à Paris. On va également lancer des qualifications dans toute la France avec douze qualifiés pour un package à 12000€ offrant le tournoi du WPT Championship de décembre 2023 au Wynn à LasVegas, à partir de tournois qualificatifs à quelques centaines d’euros.C’est du long terme, avec le WorldPoker Tour, comme avec tous les partenaires avec qui nous travaillons.» Car la force de Texapoker réside également dans sa fidélité à de nombreux acteurs du marché: PMU et Unibet côté online, qui ont vu leur fréquentation exploser depuis deux ans, mais aussi des franchises telles que le WPT, le FPO, les DSO, les satellites pour l’EPT ou les FPS, des casinotiers indépendants ou ralliés à des groupes. «L’important», conclut Apo, «c’est que tout le monde s’y retrouve. Et que l’on travaille tous ensemble dans la même dynamique positive qui nous anime depuis le départ.»

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