Portraits / Interviews
Rencontre : Stefanie Ungar, la fille du génie du poker
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4 ans agoon
S’il est une figure sombre qui brille dans la galaxie poker, c’est bien Stu Ungar : champion dès la préadolescence, hypermnésique dévoré par ses démons, addict à tout ce qui passait —de la cocaïne aux courses de chevaux—, ce personnage hors norme a régné en trou noir sur une constellation de joueurs déjà hauts en couleur. Mort à la quarantaine sans le moindre dollar en poche, celui qui aura fait passé littéralement des milliards de dollars entre ses doigts, aura été retrouvé mort d’une overdose dans un motel miteux du Downtown de Vegas, quelques semaines après son dernier tournoi des WSOP. Sa fille, Stefanie, témoigne pour la première fois à propos de ce père démiurge qu’elle aura tant aimé, malgré ses absences, ses failles et ses fulgurances. Rencontre Paris-Vegas.
Par Jérôme Schmidt
Quel est le plus ancien souvenir que vous gardez de votre père, Stu Ungar ?
Du plus loin que je m’en souvienne, c’était lorsqu’il venait à chacun de mes spectacles de danse quand j’étais encore toute petite fille, environ vers 4 ans. Il n’en a jamais manaqué un. Il m’emmenait aussi à Disneyland, et nous nous amusions beaucoup sur les manèges les plus grisants. Lorsque je vivais en Floride, il passait me prendre et nous montions dans un petit avion pour aller aux Bahamas. Il adorait aller là avec moi, car je m’amusais dans la piscine sous l’œil des maitre-nageurs pendant qu’il allait jouer au casino ! Et puis nous passions beaucoup de temps dans les restaurants. Nous étions assis l’un à côté de l’autre, et nous discutions, de tout. Il me parlait des gens, de leur psychologique, de la vie en général. Il m’a énormément appris.
Quand avez-vous compris que votre père était l’un des plus grands joueurs au monde ?
Dès mon plus jeune âge. Je me souviens de tous ces types qui passaient chez nou pour jouer au backgammon, par exemple. Et lorsqu’il allait jouer au poker dans les casinos, il me disait qu’il « allait travailler », sans cacher la nature des activités. Mais c’est vrai qu’adolescente, j’ai compris que ce n’était pas la même vie que celle des parents de mes amis, qui étaient avocats ou médecins… Lorsque j’étais à Las Vegas, je voyais bien que mon pè !re était une star. Il était le plus jeune homme à avoir remporté les WSOP, et je savais également qu’il était le champion hors catégorie du Gin Rami… Lorsque nous entrions dans un casino, tout le monde venait lui parler et lui serrer la main. Il était gentil avec tout le monde. Il était très généreux, avec tout le monde. Il disait toujours qu’on ne savait pas quelle était la vie des gens, et dans quelle situation ils pouvaient être. Dans le doute, il fallait donner, tant qu’on pouvait.
Quelles anecdotes vous racontait-il à l’époque ?
Moin père adorait me raconter son enfance à New York. Il me disait toujours qu’il était le gamin le plus maigrelet et maladif de toute la ville, mais qu’il avait plein d’ami car c’était un bon sportif. Sa mère était si inquiète de sa carcasse si fragile qu’elle l’avait emmené chez le médecin pour voir si ses os pourraient tout de même se développer. Il me racontait la première fois où il avait joué aux cartes, et qu’au bout de trois jours, il avait maîtrisé ce jeu que des types de 40 ans n’avaient toujours pas compris. Il disait aussi que son propre père voulait absolument qu’il n’apprenne jamais à jouer, et que cela lui avait fait mal. Lorsqu’il avait eu douze ans, son père est mort, et c’est à ce moment qu’il avait pu enfin jouer autant qu’il veuille.
Quelle était la vie quotidienne de vos parents ?
Je n’ai jamais été confronté à une vie de famille, car mes parents ont divorcé lorsque j’avais quatre ans. J’ai vécu avec maman et mon frère avec mon père. Lorsque j’allais chez lui, nous passions beaucoup de temps à regarder des dessins animés ensemble, ou jouer à des jeux comme les échecs et le monopoly, avant d’aller dîner dehors ou faire un peu de shopping. Je ne me souviens que de ces moments géniaux.
Qui étaient les meilleurs amis de Stu Ungar ? Avez-vous gardé le contact ?
Ses meilleurs amis étaient Mike Sexton, Chip Reese, Danny Robinson, Jean notre femme de ménage, et ma mère. Ma mère et mon père sont restés très bons amis, même après leur divorce. L’ami de mon père avec qui je suis restée la plus proche est Mike Sexton, et ce jusqu’à ses derniers jours. Je l’ai encore eu au téléphone quelques jours avant son décès qui m’a rendu si triste, cette année.
Vous vivez toujours à Las Vegas… Qu’y faites-vous ?
Je produis des films pour la télévision à Las Vegas. Je travaille d’ailleurs sur un film documentaire autour de la vie de mon père, et aussi un film de fiction. J’adore Vegas, j’y suis née. J’y aime ses restaurants, ses spectacles, les gens qui y habitent… bref, toute la culture de Las Vegas !
Aimez-vous également jouer ? Votre père vous a-t-il formée aux jeux de casinos ?
Je ne suis pas du tout joueuse. Mon père n’a jamais voulu m’apprendre le pokeR. Juste avant sa disparition, je lui avait demandé s’il m’apprendrait un jour le poker, et il m’avait répondu que jamais, ô grand jamais, il ne le ferait, car il ne voulait pas que je vive cette vie. Il est mort trois semaines plus tard. Je n’ai jamais appris les règles de ce jeu, et je me suis promise de toujours honorer cette promesse et respecter sa volonté.
Etes-vous parfois nostalgique de ces années en famille ? Qu’est-ce qui vous manque le plus ?
Je pense souvent à mon père. Tant de fois, dans ma vie, j’aurais voulu décrocher le téléphone et lui parler pour lui demander un avis ou simplement parler avec mon père. Il a toujours été là pour moi, on parlait des heures et des heures. Son rire et son intelligence me manquent énormément.
PORTRAIT
Stu Ungar, le Bobby Fischer du poker
Le jeu, l’action, Stu Ungar l’a dans le sang. Lorsqu’il naît en 1953 dans le Lower East de New York, un quartier à la limite du Little Italy des grandes familles mafieuses, Stu est le docile aîné d’une famille plongée corps et âme dans le jeu. Son père, Isidore « Ido » Ungar, est un coureur doublé d’un joueur invétéré. Pour financer ses deux passions onéreuses, il ouvre dans l’arrière de son bar, le Fox’s Corner, une activité de bookmaker. Ce fils d’immigrés juifs ne met pas longtemps à fédérer une large clientèle, principalement parmi ses amis italiens qui gravitent dans le giron de la famille mafieuse la plus puissante de l’époque, les Genovese. Ses amis ? Fat Joe, Philly « The Brush » Tartaglia ou Victor Romano. Tous passent leur journée à taper le carton dans l’arrière-salle du Fox’s Corner, ou à passer des paris hippiques, de football ou de baseball auprès d’Ido. L’argent, liquide, coule à flot, malgré le prélèvement mafieux en échange de la « protection » du lieu. La police New-Yorkaise n’est d’ailleurs pas la dernière à prélever sa dîme : avant Serpico et la grande curée de la NYPD, les forces de l’ordre étaient sûrement les plus touchées par l’appât du gain illégal.
Une éducation
Stuey Ungar grandit dans l’ambiance survoltée de ce bar ouvert jour et nuit, peuplés de gros bras, tueurs à gage, maquereaux et trafiquants divers. Malgré l’éducation dure de son père, intraitable sur l’éducation de son fils aîné, il passe plus de temps à prendre les paris des mafieux du Fox’s Corner qu’à faire ses devoirs. Dès l’âge de neuf ans, il est juché sur un tabouret de bar et noircit des cahiers de bookmaker, comprends le principe des cotes qui évoluent, des lignes qui évoluent, la psychologie des éternels perdants et l’adrénaline des lignes d’arrivées au finish. Chétif et malingre, il se surnomme lui-même « monkey », un petit singe savant qui semble tout connaître du monde à même pas dix ans, et surtout de sa face la plus sombre. Car même sa mère, pourtant effacée derrière son époux, a le démon du jeu : « Je m’asseyais derrière elle et la regardais jouer au seven card stud. Elle était nulle, jouant chaque main, littéralement toutes les mains : la valeur de ses trois premières cartes n’importait pas, elle payait tout le temps. J’ai vu ma mère perdre, et le visage des autres joueurs qui ricanaient par-derrière en la regardant et qui lui tendaient des pièges pour la plumer. Ils pensaient être les caïds à table, mais ils n’étaient pas vraiment meilleurs qu’elle. À l’époque, je m’en rendais déjà compte. En fait, ils gagnaient de l’argent uniquement parce qu’elle jouait encore moins bien qu’eux. Je n’aimais pas la voir comme ça, ça m’attristait vraiment. J’avais envie de les battre, de les humilier pour leur faire payer ce qu’ils infligeaient à ma mère. », témoigne Stu Ungar dans l’excellente biographie de Nolan Dalla et Peter Alson, « Joueur-Né » (récemment réédité aux éditions Sonatine). La défaite, cette haine ancrée au plus profond de lui-même, cette chute sans fond que connaît chaque joueur jamais vraiment habitué aux montagnes russes émotionnelles propre à la passion du jeu qui leur est chevillée au corps.
Premiers pas sur le tapis vert
A 13 ans, Stuey connaît par cœur toutes les variantes de poker, et même s’il se heurte encore à bien plus fort que lui, il apprend les premières arnaques, celles qui se jouent sur le béton fendu des back alleys américaines plus que dans le cadre feutré des tables de jeu à tapis vert. Le cash, cette fièvre des billets qui craquent dans la main, ce plaisir pur de l’argent mal gagné —ou gagné, au mieux, par pur hasard— coule dans ses veines. Stu se souvient de ces enveloppes qu’il a tant de fois par jour entre ses doigts, avant de pouvoir goûter au nectar absolu à son tour : « Il y avait tellement de mafieux à ma bar-mitsva que les agents fédéraux auraient payé cher pour pouvoir récupérer l’album photo. Une fois la fête finie, je suis monté au quinzième étage de l’hôtel, dans la suite de mon père. Même si je n’en avais pas le droit, j’ai commencé à ouvrir toutes les enveloppes qu’on m’avait offertes. C’était du cash, et seulement ça, dont j’avais besoin. » Très vite, un personnage important de la Grande Pieuvre de la famille Genovese le repère : Victor Romano. A plus de quarante ans, Romano a vécu la moitié de sa vie en prison, après avoir tué un policier à Brooklyn. Un malheureux incident, résume-t-il, mais qui ne fait que ponctuer sa trajectoire jonchée de crimes crapuleux, de trafics en tous genres et de cercles de jeux interdits. Romano a de l’affection pour le « Kid », comme il l’appelle. Il connaît Ido depuis des années, passe ses journées au Fox’s Corner, et prend Stuey sous la coulpe après le décès accidentel d’Ido Ungar. Stuey est désorienté, a abandonné presque totalement ses études et passe le plus clair de son temps dans des cercles clandestins du Queens, de Brooklyn et du Midtown East Manhattan. C’est là, justement, où Romano tient le Jovialite, un « social club » légal d’apparence, mais où transitent des millions de dollars prêts à blanchir pour les Genovese. « J’étais un phénomène de foire, un peu comme Bobby Fischer aux échecs. À 15 ans, je massacrais mes adversaires qui pratiquaient le jeu depuis trente ans. Je ne faisais pas de quartier. Mais c’était naturel pour moi. Je variais les jeux selon les périodes du jour et de la nuit. Peu importait l’heure, il y avait toujours une partie en cours. Une fois, j’ai joué pendant quatre jours sans discontinuer. Je gagnais, mais à la fin j’étais sur les rotules. J’ai demandé aux autres types à table de me laisser me reposer quelques instants. Ils m’ont apporté un fauteuil, et l’ont installé dans un coin afin que je puisse y dormir. Au moment où je me suis assis, mes yeux se sont fermés. Je me suis réveillé le lendemain, alors que la partie était encore en cours. J’ai sorti de l’argent de ma poche et je me suis remis à jouer. Je pouvais jouer au gin pendant trois jours d’affilée sans problème. Au début, c’était 20 dollars la partie, puis 50 dollars, et même 100 dollars. Je m’asseyais à table et pouvais ne pas me lever pendant une journée entière. Une fois que j’avais gagné 400 ou 500 dollars, je sautais dans un métro pour aller sur les pistes de courses de Yonkers ou Roosevelt claquer tous mes gains. »
L’école du gin rami
C’est au gin rami, justement, que Stuey se fait un nom. Le Kid est sur toutes les lèvres à New York, et devient l’homme —l’enfant, plutôt— à abattre. Le protégé de Romano peut tout faire, battre quiconque, tant que Romano veille sur lui. Un adversaire lui a manqué de respect ? Il est retrouvé quelques jours plus tard, une balle dans la tête, dans une usine désaffectée du Queens. Besoin d’une voiture ? D’un permis de conduire, même ? Quelques billets de 100$ et Stu peut parader à 15 ans avec un permis adoubé par la mairie de New York et une Cadillac volée flambant neuve. Envie d’assouvir ses besoins adolescents de sexualité priapique ? Un tour au « Plato’s Retreat », un salon de massage des Genovese, où toutes les filles l’appellent par son prénom. « Ce que j’aimais, c’était l’action. Ce n’est pas marrant de gagner quand la victoire est simple. Il me fallait des défis, et je n’éprouvais aucune joie à éclater des mauvais joueurs au pinocle ou au gin. Par contre, trouver le gagnant de la troisième course de l’Aqueduct, en lisant le Daily Racing Form, ça me bottait vraiment. Une sacrée excitation, ouais. C’est pour ça que j’aimais apprendre à maîtriser un nouveau jeu de cartes. J’en voulais toujours plus. », se souvient Ungar. Sa réputation dépasse très vite les frontières trop étroites pour lui de l’Hudson River. Romano, fatigué par un accident cardiaque, passe la main et confie son protégé à Philly Tartaglia, une montagne de muscles connu pour ses diverses exécutions pour le compte de la famille Genovese. Tartaglia organise des parties de gin contre tous les grands noms du moment, Harry « Yonkie » Stein, Nat « The Bronx Express » Stein ou Teddy Price. Tous ont trois ou quatre fois son âge, mais ils se font irrémédiablement écraser par l’adolescent pas encore majeur. Stuey voit dans leur jeu comme un livre ouvert ; il pratique à l’époque un jeu uniquement défensif : il ne cherche pas à faire gin, mais bien à empêcher les autres d’avancer dans la composition de leur jeu, ne leur laissant aucune chance de respirer dans ce duel psychologique que le gamin remporte à chaque fois. Stein, le meilleur joueur de l’époque, arrête le gin après avoir été battu, dès la première partie, par le Kid. Avec un score sans appel : 86 à 0. « Le gin est très différent des autres jeux de cartes. Ce n’est pas comme le poker : tu ne peux pas bluffer, ou influencer le jeu de ton adversaire. Le gin est un jeu de contrôle. Je détruisais mes adversaires. Ils s’écroulaient devant mes yeux. J’adore ce moment, quand leur petit sourire s’efface de leur visage et qu’ils ont la peur au ventre. Ils arrivaient bien habillés, avec une cravate, les cheveux coiffés et, après cinq heures, ils avaient défait le nœud de leur cravate et s’étaient arraché les cheveux. Et dans leurs yeux, on pouvait lire : « Jamais je ne vais gagner. » Putain, qu’est-ce que c’était beau ! »
La valeur argent
A 18 ans, après avoir monnayé via les Genovese son exemption du service militaire, Stuey Ungar part à Miami sous les conseils de Tartaglia : là-bas, il trouvera des adversaires à sa taille qui risqueront de parier plusieurs dizaines milliers de dollars contre lui. Mais Stuey s’ennuie au soleil : l’action y est moins grande qu’à New York, et le niveau encore plus faible pour lui. Il passe son temps aux champs de course en compagnie de sa petite amie de l’époque, Madeline, qui voit d’un mauvais œil cette passion dévorante. Habitué de l’Aqueduct dans le New Jersey, il découvre à Miami les courses de nuit et les milliers de dollars perdus en quelques minutes. Les rouleaux de billets de 100$ chèrement gagnés au poker et au gin disparaissent en fumée au contact de la fièvre du champ de course. Très vite, il veut retourner à New York, ne supportant pas l’indolence des lieux. Il veut de l’action, plus haute encore. Et seule Las Vegas semble être à la hauteur de ses attentes.
Le cadeau de ses 21 ans
En 1974, Stuey a tout juste 21 ans, et peut donc enfin goûter à une ville construite uniquement pour lui, Las Vegas. Direction, le Caesars, pour y voir Sinatra, un autre inféodé aux Genovese. Le temps de se changer, après s’être posé à McCarran, et le show était prévu deux heures plus tard. Mais Stuey a d’autres plans : il s’asseoit à la table de blackjack : « On n’est jamais allés voir Sinatra. Qu’est-ce que je serais allé foutre dans une salle à rester assis pour mater un spectacle, alors que je venais de me refaire de 60 000 dollars en moins d’une heure ? Philly aurait dû m’attacher au siège ou me mettre une camisole de force. Au lieu de ça, il a organisé une partie de gin de l’autre côté de la rue. Il y avait ce type riche à millions, Johnny Hawk, et on est allés le voir. Je l’ai rincé. Après ça, il s’est tourné vers moi et m’a demandé : « Tu veux jouer avec du vrai blé, maintenant ? – Du VRAI argent ? – Ouais, j’ai un ami qui aime jouer pour beaucoup. » Hawk a pris le téléphone et a appelé un type dont je n’avais jamais entendu parler auparavant. Il s’appelait Danny Robison. Hawk m’a averti que Robison était sûrement le meilleur joueur de gin de Vegas. Je lui ai répondu : « Dis à Robison qu’il n’a pas encore ren- contré le meilleur joueur de gin. » Robison m’a entendu à travers le téléphone, et a dit qu’il serait au Dunes dans l’heure. On a joué toute la nuit, et je lui ai pris 100 000 dollars. Je ne l’ai pas battu : je l’ai humilié. » Ungar ne reviendra jamais vraiment de ce voyage. Il s’y installe quelques mois plus tard avec Madeline.
Le virage du poker
C’est à Vegas, et au Dunes plus particulièrement qu’Ungar opère le grand changement de sa vie de joueur : interdit de Blackjack par les plus grands casinos qui ne veulent pas laisser à un joueur doté d’une telle mémoire photographique la possibilité de battre la banque, sans adversaire au gin rami, discipline qu’il a tué de sa maestria, il s’asseoit à la table des « big boys », la grosse partie du Dunes. A l’époque, le Dunes est la mecque du poker. Situé en lieu et place de l’actuel Bellagio, à quelques mètres du Caesars, il s’asseoit tout de suite aux plus hautes limites, en mixed-games et en Stud principalement. Le No Limit Hold’Em ? Personne n’y joue à l’époque et Stu fait ses armes face à Chip Reese, Doyle Brunson, Amarillo Slim, Jack Straus et consorts. Beaucoup parlent de parties truquées, de croupiers complices ; Stuey s’en fiche pas mal et connaît les hauts et les bas des parties high-stakes. Seule certitude, de la bouche des habitués de la partie : il a la classe des plus grands et le caractère intrépide des vainqueurs sans lendemain. « Un jour, je jouais au backgammon avec Puggy Pearson. Je l’ai tellement humilié qu’il voulait en venir aux mains. On a dû le retenir pour qu’il ne me frappe pas. En fait, quand je joue contre quelqu’un, je dois trouver ce que je n’aime pas en lui. Chez Puggy, par exemple, c’est l’arrogance. Il peut vraiment être énervant. C’est physique. Quand il remporte un pot, il vous toise comme s’il était Einstein en personne, comme s’il vous avait baladé sur cette putain de main, alors qu’en fait vous auriez joué le coup exactement pareil. Une fois, il avait une paire d’as en main, et moi une paire de rois. Sa paire a tenu, et il m’a lancé un regard du genre : quel pauvre type tu fais ! Son sourire de petit con m’a toujours rendu fou. »
Pendant des mois, il affine son jeu, et fait des allers-retours quotidiens au terrain de course, pour brûler le plus vite possible ses gains. En 1980 arrive la dixième édition des World Series Of Poker. Stuey a alors 26 ans, et ses « backers » sont toujours à chercher du côté de la famille Genovese. Il est le plus jeune du field, face à des Texans qui sont ses aînés de plus de trente ans. Ungar n’a joué qu’une poignée de fois au NLHE, mais son goût du jeu, son instinct naturel et son agressivité sans égale déconcertent les plus aguerris des Texans. Dans la grande salle du Horseshoe, le gamin devenu adulte a beau être toujours aussi chétif, il semble marcher sur les tables. Il fait vibrer Romano et Tartaglia qui ne le lâchent pas d’une semelle : le Kid a beau avoir un million de dollars en poche, gagnés en cash-game à Reno les mois précédents, mieux vaut l’empêcher d’aller trop souvent miser ses poches pleines de rouleaux de 100$ aux courses hippiques. Stu passe le jour 3 et se hisse en finale. Puis en heads-up, contre la légende du moment, un certain Doyle Brunson. Ungar le piétine en quelques coups seulement. Il rafle son premier titre de champion du monde, ainsi que les 365 000$ qui vont avec. A Gabe Kaplan qui lui demande ce qu’il va faire de tout cet argent, Ungar répond avec sincérité : « Je vais le jouer ».
The rise and fall
En 1981, comme une évidence, Ungar remporte à nouveau le titre de champion du monde. Il n’a que 27 ans et dans le monde du poker, seules les étoiles d’Amarillo Slim, Johnny Moss ou Doyle Brunson peuvent rivaliser de lumière avec lui. Il n’est pas qu’une étoile filante, il est un joueur qui a tout gagné, qui accepte tous les paris les plus fous et les gagne, ne craint rien ni personne —et même pas encore lui-même. L’argent coule à flot et les grandes périodes de déprime, dues au manque d’adrénaline ou à la tristesse de sa mère malade, à l’autre bout du pays, poussent Stuey dans la drogue. Un premier rail, puis de la cocaïne par coupelles entières : « La première fois que je suis allé à Vegas, la ville entière était recouverte de poudre. Partout, les gens sniffaient de la cocaïne – en tout cas, les gens qui en avaient les moyens. Des dealers étaient derrière chaque gros joueur. Peu importait l’heure de la journée, vous étiez sûrs de trouver de quoi vous faire une ligne. C’était normal et festif. Cela n’a pas changé ma façon d’être. Grâce à la cocaïne, je pouvais rester plus longtemps à table, mais cela n’affectait en rien mon jeu. J’ai vu des gens se détruire avec ça, dont certains très grands joueurs de poker. Vous connaissez cette chanson : « The Pusher », de Steppenwolf ? « Des types qui se baladent avec des tombes dans les yeux » ? Certains gars étaient comme dans cette chanson. Un jour, j’ai acheté un kilo de pure dope. On a fait une fête dans une chambre d’hôtel. Des types que je connaissais pas sont rentrés. Des filles. Des fêtards. Ils se précipitaient sur ce tas comme une meute de coyotes sur une carcasse. Après cette soirée, j’ai décidé de ne plus acheter pour 20 000 dollars de came pour la laisser partir en fumée de cette façon. J’ai commencé à en prendre seul, en privé. » Ungar, père de deux enfants, commence à perdre pied : l’argent gagné au poker part plus vite encore chez ses dealers ou aux paris sportifs. A la fin des années 1980, il dépense plus de 1200$ de cocaïne par semaine et les dettes s’accumulent. Sa santé se dégrade et ses amis les plus fidèles, comme Mike Sexton, Doyle Brunson ou Chip Reese font tout pour qu’il décroche. Sa femme, Madeline, veut s’éloigner de cette relation vénéneuse, empirée par le drame de la vie de Stuey : le suicide, en 1989, du fils de Madeline, Richie, qu’il avait adopté de tout son cœur. Le Main Event des WSOP de 1990 semblent être l’apogée pour lui de sa descente aux enfers. Financé par le magnat de la finance Billy Baxter, il marche une fois de plus sur les tables et se hisse en finale, jouant comme un zombie. Nolan Dalla relate la suite dans son livre : « Le lendemain, quelques minutes après midi, Billy Baxter reçut un appel d’urgence. C’était Jack McClelland :
« Stuey n’est pas là.
– Il n’est pas arrivé ? Comment ça se fait ? Il a un des plus gros tapis des World Series ! »
C’était d’autant plus étonnant que l’hôtel de Stuey était situé juste en face du Binion’s. Où avait-il pu passer ? Baxter quitta sa maison précipitamment et se dépêcha de rejoindre la salle de poker du Horseshoe. Il traversa ensuite Fremont Street en courant jusqu’à la réception du Golden Nugget, informa les responsables qu’il y avait urgence, que quelque chose n’allait pas et qu’il devait absolument rentrer dans la chambre de Stuey.
Un agent de sécurité l’accompagna à la chambre 341. L’officier de sécurité frappa à la porte et, comme personne ne répondait, il l’ouvrit avec son passe. Stuey était étalé par terre, en sous-vêtements, inconscient et respirant à peine. » Stuey ne reviendra jamais vraiment de cette overdose : il a trahi son plus fidèle ami et financier et révèle au grand jour une addiction que beaucoup faisaient semblant de ne pas voir. Il s’écarte des tables pendant quelques mois, mais a toujours le désir de jouer chevillé au corps.
Un come-back ?
En 1991, Stu Ungar revient sur le devant de la scène lors d’une série de heads-up à 50 000$ avec un vieux routier du jeu, Mansour Matloubi. C’est Phil Hellmuth qui raconte la scène : « Stuey a payé à la river avec hauteur 10 un bluff de Matloubi ! Mansour avait pourtant bien joué : il avait vu juste dans le jeu de Stuey et avait tenté un bon bluff : « Je me suis fait marcher dessus. Comme si un bulldozer m’était rentré dedans. J’apprécie beaucoup Stuey mais là, je n’ai rien vu venir. » Des années plus tard, Mansour résume la situation ainsi : « Quand un type vous paye avec une telle main, il vaut mieux laisser tomber. C’est comme s’il vous volait le vent qui souffle dans vos voiles. J’ai décidé de ne plus jouer de match en tête à tête en No Limit Hold’em, plus jamais. » Les années qui suivent, Ungar se bat contre lui-même, sans succès. Mais en 1997, alors que plus personne ne lui prête le moindre sou, Baxter accepte un geste de plus : 10 000$ pour le Main Event. Par pitié et amitié plus que par goût de l’investissement, Baxter sort les billets dans la grande salle du Horseshoe. Quatre jours plus tard, celui qui avouait ne « pas pouvoir faire deuxième, car ça n’aurait rien résolu », devient, dix-sept ans après son premier titre, à nouveau champion du monde. Avec 1 000 000$ en poche.
La fin du Kid
Si les journaux titraient le lendemain de sa victoire « Le retour du kid », c’est vers le triste point final de sa vie que Stuey se dirige. Il prend plus de drogue encore et passe son temps dans les squats à crack de Glitter Gulch, à quelques mètres du Horseshoe. Ruiné, défoncé, il squatte des chambres à 10$, comme au Gold Coast, sur Flamingo Road. Avec zéro dollar pour jouer, et donc se refaire.
« Là ne peux pas jouer. Je suis coincé dans cette chambre d’hôtel de merde. Il est 15 heures, et c’est le dernier lieu au monde où j’ai envie d’être. À ce moment précis, à moins d’un kilomètre, ils jouent les plus grosses parties de poker qui aient jamais existé. La plupart des joueurs sont des branques. Ils ne savent pas jouer, putain ! Ce sont des touristes pleins aux as ou des producteurs de cinéma de LA. Que Dieu les bénisse ! Je pourrais tous les éclater. Mais au lieu d’être au Mirage, je suis ici, coincé, sans possibilité de jouer. À sec. Ouais, vraiment à sec. J’ai exactement 4 cents dans ma poche. Il y a un an, j’avais 1 million de dollars devant moi au Horseshoe, et je buvais du Dom Perignon avec Jack Binion. J’ai merdé sur toute la ligne. Je suis resté trop de temps dans cette chambre d’hôtel. Plusieurs semaines, je crois, mais je n’en suis plus sûr. J’ai cramé trop d’occasions, agacé trop de gens. Il y a quelques jours, je n’en pouvais plus. Les murs semblaient se rapprocher. Je suis descendu et j’ai traversé le casino. Ça m’a vraiment fait du bien de sortir de la chambre. Je n’avais pas d’argent sur moi : je regardais juste les touristes aux tables de black-jack. Ils étaient tous là à miser 5 dollars par 5 dollars, à perdre sur les meilleures cartes et à s’arrêter à 17. Qu’est-ce qui se passe dans la tête de ces gens ? Ils ne connaissent pas les stratégies de base, ou quoi ? Ça m’a donné envie de vomir. Je suis remonté, et j’ai dormi pendant douze heures. Ensuite, j’ai regardé la télévision toute la nuit. C’était quel jour ? Mercredi ? Jeudi ? Merde, j’en sais plus rien, moi. Je confonds tous ces jours. Je ne sais même pas s’il fait nuit ou s’il fait jour, je devrais ouvrir les rideaux pour voir s’il y a de la lumière. Je suis en train de devenir dingue dans cette chambre. C’est un énorme bordel. Ça sent mauvais. Je ne me souviens même pas de la dernière fois où je me suis rasé, ni de ma dernière douche. La femme de chambre est venue le mois dernier. Elle a changé les draps, mais je lui ai dit de laisser tout le reste comme c’était. Je ne veux plus être dérangé. J’ai mis le signe sur la porte. Les seules fois où j’ouvre, c’est pour rendre les plateaux du room-service. Ne pas avoir d’argent pour jouer, c’est le pire des trucs. Un joueur est obligé d’avoir du blé. Sans ça, il n’est rien. Comme si t’étais Pavarotti, mais aphone. C’est à ça que je travaille depuis des mois : lever assez d’argent pour retourner jouer. C’est pour ça que j’en suis là. Tant que je n’ai rien à me mettre sous la dent, je ne peux pas jouer. Il me faudrait 20 000 pour commencer. Mais j’ai trahi des gens, et au jeu c’est la chose à ne pas faire. Ne surtout pas enculer les autres. Surtout ceux qui te font confiance. C’est la règle. Il y a un vieux proverbe au poker qui dit qu’à table ton pire ennemi, c’est toi-même. Je vais te dire un truc : cette phrase a été inventée pour moi. » Trois mois plus tard, on le retrouvait mort à l’Oasis Motel. Stuey Ungar avait 45 ans, et entrait dans l’éternité.
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6 juillet 2025Isabelle Mercier a été l’une des figures les plus médiatisées du poker, joueuse humaine et attachante parmi les joueurs old school des années 2000. Celle qui passe la majeure partie de son temps du côté de la crypto ou à théoriser l’Open Face Chinese Poker, un format qu’elle adore depuis une dizaine d’années, revient sur sa carrière riche en émotions, anecdotes et coulisses du monde du poker sur deux décennies. Avec son co-auteur David Nathan, elle livre des « Chroniques d’une joueuse de poker passionnantes. Rencontre, depuis Las Vegas où elle vient de renouer avec les WSOP pour quelques jours.
Presque vingt ans après le succès de ton premier livre, paru chez Flammarion et écrit avec Marina Rozenman, quelle était la volonté derrière ce projet d’écriture avec David Nathan ?
C’était avant tout une volonté de revenir sur mes années poker, mais de façon ludique, à travers un format (36 chroniques) qui permettait de raconter les coulisses d’une joueuse de poker professionnelle, mais avec une certaine légèreté. David Nathan, qui a écrit beaucoup de chansons, notamment pour Garou qui est un ami commun, a très bien su trouver le ton juste pour retranscrire avec beaucoup d’humour ce que j’avais envie de raconter.
Ce livre c’est aussi une façon de dire que je reviens sur la scène poker. C’est vrai que j’ai mis mes activités de joueuse en live entre parenthèses pendant plusieurs années, je me suis tenue loin des casinos, et je dois reconnaître que ça m’a beaucoup manqué.
J’ai passé beaucoup de temps à travailler l’Open Face Chinese Poker, qui est devenu un de mes jeux de prédilection (NDLR: Isabelle a remporté le premier championnat du monde d’OFC format progressif en 2015) et étrangement, l’intérêt pour le No Limit Hold’em, un format que je n’aimais plus vraiment, est revenu grâce à YouTube et à la série Dans la tête d’un pro que je trouve vraiment addictive. J’ai une préférence pour les épisodes avec Adrian Mateos, de loin mon préféré. Je ne jouais plus du tout au NLHE et petit à petit, je me suis mise à refaire des tournois en ligne et en live. Je rejoue les Sunday Million de PokerStars, j’ai joué le Moneymaker Poker Tour au Playground de Montréal et je vais même parfois faire des petits tournois au casino de Wôlinak près de chez moi, un bon plan au passage pour tous les européens qui sont de passage au Québec.
Tu viens de participer aux WSOP à Las Vegas ; quel attachement portes-tu à cette compétition ? Quels tournois joues-tu ?
C’est une banalité de le dire, mais décrocher un titre sur un WSOP est un rêve absolu, c’est un des titres les plus prestigieux du circuit avec les WPT. Las Vegas, c’est aussi beaucoup de souvenirs, ça me rappelle évidemment la période de ma vie, que j’évoque d’ailleurs beaucoup dans le livre, celle où je vivais littéralement dans mes valises, d’hôtel en hôtel. Chaque été je passais plusieurs mois au Bellagio et Las Vegas était devenue ma troisième ville d’adoption après Paris et Monaco. En ce qui concerne ces WSOP, je n’ai fait qu’un passage éclair d’une semaine, j’étais là notamment pour mon travail avec CoinPoker. J’ai joué le 1 500$ Freezeout et j’ai mis une bullet dans le Millionnaire Maker, malheureusement pas d’ITM. En revanche, j’ai pu faire du Cash Game en OFC et rien que pour ça, ça valait le coup d’être là !
Comment réussis-tu à te maintenir à jour niveau « technique » ? Qu’est-ce qui n’a pas changé, depuis tes débuts ? Quels bouleversements as-tu constaté ?
Le poker a beaucoup évolué, j’en ai bien conscience. Je ne me suis pas encore plongée à 100% dans la GTO, mais c’est un aspect technique que je veux explorer. Cela dit, je ne me vois pas devenir et une folle de la théorie et je ne veux pas que PioSOLVER soit mon meilleur ami ! J’assume être une joueuse à l’ancienne qui joue exploitant. Je fais confiance à mes lectures à table, mais je vais quand même muscler mon jeu théorique dans les prochains mois. Si Adrian fait du coaching, je ne suis pas contre! (rires). En ce qui concerne les changements et les choses qui sont restées les mêmes dans le milieu du poker, j’ai été agréablement surprise de constater qu’il y avait beaucoup moins de ce que j’appelle les Hoodie Boys, ces joueurs qui disparaissent littéralement dans leur capuche, derrière des lunettes de soleil et qui ne parlent jamais. Depuis la crise, j’ai remarqué que cette catégorie de joueurs tendait à disparaître, qu’il y avait chez les gens une envie, un besoin de se reconnecter, de plus parler aux tables notamment plutôt que de jouer au roi du silence.
Dans ton livre, tu parles des personnes et des moments qui ont marqué ta vie de joueuse… Si tu ne devais NE RETENIR que les plus marquants, quels seraient-ils ?
Il y a évidemment mon ami Bruno Fitoussi, c’est lui qui m’a donné ma chance dans le monde du poker en m’intronisant en 1999 à l’Aviation Club de France (ACF) pour développer le club. C’est aussi lui qui m’a permis de faire mon premier tournoi à Amsterdam et c’est précisément CE tournoi qui m’a décidé à passer pro, donc je lui dois vraiment énormément.
Gus Hansen, il a été mon mentor à mes débuts, j’ai beaucoup appris de son style agressif, à l’époque il faut se rappeler que le 3-bet et le c-bet étaient des nouveautés !
Impossible de ne pas mentionner Tony G, un ami de très longue date grâce à qui je suis devenue ambassadrice OFC pour TonyBet tout d’abord puis pour CoinPoker depuis 2017. C’est un joueur qui a toujours été avant-gardiste et avec une forte fibre entrepreneuriale, il m’a beaucoup inspiré.
En ce qui concerne les moments les plus marquants, je dirais mon titre au WPT Ladies Night Out, car c’est grâce à ce tournoi que j’ai reçu de la part de Mike Sexton mon surnom de joueuse, une pensée pour lui. Autre moment gravé à jamais en moi, mais pas pour les bonnes raisons : la table finale du 5 000$ NLHE des WSOP en 2006, j’ai fait une énorme erreur en ne mettant pas Phil Hellmuth à tapis alors que j’étais en bluff. J’ai eu peur de mettre mon tournoi à risque et cette erreur me hante encore, j’étais si près d’un bracelet… J’ai pris la cinquième place. Enfin il y a eu mon titre en OFC progressif à Prague en 2015 dont je suis très fière, d’autant que la structure était… disons… assez lente, on a joué de 18h00 à 10h00 du matin, autant vous dire que je n’étais pas très fraîche pour jouer moins de cinq heures plus tard le Main Event !
Ton livre débute par un bad beat, et sur le tilt… Comment t’es tu forgée un mental d’acier ? Est-ce que cela t’a aidé dans ta vie personnelle, hors des tables de poker ?
C’est en forgeant qu’on devient forgeron et c’est en prenant des tonnes de bad beats qu’on finit par prendre la variance avec beaucoup plus de détachement. Mais en toute honnêteté, ça m’a pris des années pour avoir un bon mental à table, pour être capable de me reconcentrer rapidement après un coup violent. C’est le principe de l’hormèse qu’on retrouve au poker : plus on est confronté à un stress mental, en l’occurrence le bad beat, plus on se renforce et mieux on le gère les fois suivantes. Cette solidité mentale me sert dans la vie de tous les jours, je gère mieux les imprévus, j’ai développé un certain stoïcisme.
Qu’est-ce qui aurait pu être mieux fait, selon toi, dans ta carrière de joueuse ? Dans l’évolution de l’industrie du poker ?
Je trouve que la structure de certains tournois pourrait être améliorée. Je ne veux pas blâmer particulièrement les WSOP, c’est simplement l’exemple le plus récent que j’ai à donner, mais le fait de devoir jouer 14h00 par jour sans pause dîner dans une salle qui fait moins mille degrés, comme c’était le cas avec dans le Millionaire Maker, c’est très intense pour ne pas dire désagréable en tant que joueur ! Quand il y avait des tournois à Paris, à l’ACF, les pause repas était de 1H30, les joueurs avaient vraiment le temps de manger et je me suis très vite habituée à ce rythme. Je trouve que les pauses dîner de 45 minutes, quand tu dois traverser le casino pour aller au resto, faire la queue pour aller aux toilettes, c’est mission impossible pour faire un vrai repas, la plupart des joueurs mangent d’ailleurs un hot-dog à la va-vite. Il y a de la place pour améliorer les structures et pas uniquement la pause dîner.
Avec le recul, penses-tu que tu étais « destinée » à cette vie de joueuse ? Raconte-nous les moments qui ont fait basculer ta vie vers le poker…
Oui je pense que c’était ma destinée. Toute ma vie, le poker n’a pas arrêté de venir me faire de l’œil. Quand j’avais sept ans, mon père et mon oncle m’ont appris les rudiments des jeux de cartes. Quand j’ai fini mon stage à la Caisse de dépôt et placement du Québec après mes études de droit, on m’a proposé un poste à temps plein, mais le même soir, Bruno Fitoussi m’appelait pour me proposer un essai à l’ACF. Je n’ai pas hésité longtemps, j’ai dit oui au poker. Quand j’y repense, je me dis que si à l’époque (internet était encore balbutiant), j’avais su qu’il existait des championnats du monde de poker, je n’aurais sûrement jamais fini ma licence de droit et j’aurais pris le premier vol pour jouer Las Vegas.
Actuellement, et ce depuis plusieurs années, tu es active dans le monde de l’écriture et de la crypto – quelles sont tes activités en 2025 ? Quels sont tes projets ?
Je suis en train de finir un livre technique sur l’OFC qui va sortir avant la fin de l’année et on est en train de faire traduire Chroniques d’une joueuse de poker en anglais pour un lancement officiel du livre à Las Vegas en décembre. En ce qui concerne le poker, je vais être plus présente sur le circuit, je veux jouer l’EPT de Monaco et d’autres tournois majeurs. Sur le plan perso, je m’occupe de mes quatre poules, de mon jardin et je regarde pour monter ma maison d’édition. Dernier point perso, je vais faire le trip de ma vie en partant en croisière en Alaska avec mes deux amies d’enfance… et nos mères ! Wow, 6 filles en bateau, je sens qu’on va avoir du fun au casino!
Si tu devais « monter » une table pour passer une soirée amicale, qui inviterais-tu, et pourquoi ?
La vraie question, c’est de savoir si je veux passer une soirée poker sympa ou si je veux que la soirée soit rentable, parce que si j’invite mes joueurs préférés, ça risque d’être une table difficile. Mais idéalement, je ferais un six-max avec David « Devilfish » Ulliott, c’est un joueur et un ami qui était un vrai personnage comme on ne les fait plus, j’adorais son côté exubérant, il me manque beaucoup. Évidemment, il y aurait Doyle Brunson à ma table. Il avait toujours tout un tas d’anecdotes poker à raconter et c’était un homme absolument adorable à table, comme en privé, c’était un des meilleurs ambassadeurs pour le poker et je n’oublierai jamais le jour où il m’a choisi en premier dans la catégorie féminine pour être dans son équipe dans le cadre de la Professional Poker League. Mon père, qui m’a appris à jouer, ferait aussi partie de ce six-max idéal et imaginaire, c’est le genre de joueur vraiment fun à une table de poker et il n’a pas peur de bluffer et d’être agressif ! J’aimerais aussi que mon personnage de fiction préféré soit à la table, c’est Johnny Lawrence (Karate Kid / Cobra Kai), tu ne peux pas t’ennuyer avec ce personnage à une table de poker, il va trash talker tous les joueurs, mais avec tellement d’humour. Impossible de parler de trash talk sans penser à Tony G qui complèterait parfaitement la table. Shuffle up and Deal !
Livre paru : Chroniques d’une joueuse de poker, éditions 21M. Disponible en français sur Amazon.
Portraits / Interviews
Interview : Davidi Kitai, le génie à plein temps
Published
2 mois agoon
23 mai 2025Nous n’avions jamais rencontré de génie dans notre vie, c’est désormais chose faite : Davidi Kitai, l’homme aux 11.5 millions de gains nous a accordé un entretien en marge du Sismix, compétition qu’il a déjà remporté lors de la toute première édition en 2014.
- Comment se passe le festival ? Vous restez jusqu’au 26 ? Grosse remontada hier sur le Main, non ?
Oui, je reste jusqu’au 26, tout se passe très bien, j’ai réussi à me qualifier pour le Day 2 et à monter des jetons sans avoir à re-entry. D’habitude, je re-entry un maximum pour pouvoir me qualifier, mais là, j’ai pu passer le Day 1A sans avoir à remettre la main au portefeuille, donc je vais pouvoir me prendre deux jours off.
Effectivement, j’étais descendu très bas, en passant du starting stack (50k) à 20k jetons en tout début de Day, mais on était encore assez deep donc tout est relatif. J’ai réussi à remonter 80k juste avant le dinner break, et ensuite, ça s’est très bien goupillé ! J’ai été patient, et finalement, je clôture le Day à plus de 800k.
- Vous serez aux WSOP cette année, à quelle fréquence allez-vous jouer ?
Oui effectivement j’y serai ! Je ne vais pas tout jouer, mais quand même, je vais rester plus d’un mois, du 15 juin au 17 juillet, donc ça va être quand même assez intense. Je suis très motivé et je le sens bien cette année ! D’ailleurs, j’ai fait le break le plus important de ma carrière cette année, j’ai pris 3 mois de pause entre janvier et Mars étant donné que l’EPT Paris a été annulé, et en dehors de ça, il n’y avait pas de tournois très excitants. J’en ai donc profité pour travailler mon jeu, que ce soit la technique, mais surtout le mental ! Je me sens vraiment bien !
- On parle souvent de vous comme étant un “joueur instinctif”. Comment définissez-vous cet instinct ? Est-ce inné ou ça se travaille ?
Je pense que c’est un peu naturel chez moi. Tout le monde a de l’instinct en réalité, mais certains l’ont plus développé que d’autres. J’ai vite compris que l’instinct, le côté psychologie, et l’analyse des tells faisaient partie de mes qualités et que je devais appuyer là-dessus pour avoir un avantage sur les autres. La plupart des joueurs de poker sont globalement plus attirés par le côté mathématique, et délaissent souvent le côté instinctif.
Enfaite, selon les personnes, je conseille parfois de ne pas trop écouter leur instinct, surtout quand je sens que ce n’est pas spécialement leur qualité. Moi je ressens quelque chose dans les décisions importantes, un instinct assez fort, alors avec l’expérience, j’essaye d’écouter cet instinct de plus en plus, surtout si j’arrive à mettre un raisonnement derrière. Parfois, on a envie de payer un bet à la river, mais ce n’est pas toujours pour les bonnes raisons, donc prudence.
- Quel est le plus grand défi que vous ayez rencontré dans votre carrière ? Vous êtes vous déjà senti distancé techniquement par de jeunes joueurs ? Quelle adaptions avez-vous réalisées pour rester compétitif ?
Au fil de ma carrière, j’ai réalisé pas mal d’adaptations pour pouvoir rester au top niveau. La dernière adaptation a surtout été en rapport avec la GTO. Maintenant, les jeunes réussissent à rattraper très très vite le retard grâce aux logiciels et autres. À l’époque, il était impossible de rattraper le niveau d’un joueur d’expérience en si peu de temps, alors que maintenant, c’est tout à fait possible. En travaillant beaucoup, un jeune joueur peu réussir à devenir très bon techniquement.
À titre personnel, maintenant que je suis père de famille, j’ai naturellement moins de temps à consacrer au travail du jeu, en comparaison avec des jeunes joueurs qui peuvent consacrer 100 % de leur temps au poker. J’ai donc un petit désavantage face à eux de ce côté-là, mais par contre, j’ai tout de même 20 ans d’expérience en tant que joueur de poker, du coup, j’ai quand même confiance en ma technique. Le challenge est donc de réussir à optimiser mon temps, et de travailler moins, mais mieux. Je ne vais pas travailler 10h par jour, mais quand je bosse, j’essaye de travailler intelligemment.
L’année dernière, je n’ai pas fait une très bonne année, donc je me suis beaucoup remis en question. J’ai surtout travaillé mon mental avec Stephane Matheu. Le poker est un jeu très cruel, avec beaucoup de variance, donc il est absolument crucial d’être solide mentalement. Il faut accepter les coups durs et être capable de revenir sans être trop affecté, que ce soit par les mauvais résultats, ou même les bons d’ailleurs !
- Avez-vous déjà pensé à coacher ou à écrire un livre sur votre vision du jeu ? Vous êtes quand même le joueur le plus titré d’Europe ! Vous auriez des choses à raconter !
J’y ai vaguement pensé effectivement, des gens sont venus vers moi pour me proposer des choses, mais je pense que le temps n’est pas encore venu. Je pense que ça viendra, mais en fin de carrière. Puis en dehors de ça, je pense que ça n’est plus forcément un format idéal pour transmettre de l’information. C’était plus le cas il y a 20 ans. Je partage à ma manière, en faisant du stream, des interviews, en échangeant avec les joueurs, ou même en réalisant des blogs etc…
Mon temps est important et limité, je ne peux pas tout faire, donc j’essayer de prioriser.
- Avez-vous une routine mentale ou physique pour rester au top, notamment lors des gros tournois ?
Je n’ai jamais vraiment eu de routine, mais effectivement, avec l’âge, ça devient un peu plus dur, surtout par rapport à la concentration et à l’aspect physique. Durant le Main Event, il y a deux ans, j’avais fait Day 5 et j’ai vraiment ressenti la fatigue. J’éprouvais le besoin de me lever régulièrement et J’avais un peu mal partout physiquement. Ce sont des journées de 12h, c’est assez éprouvant !
Maintenant, j’essaye de m’imposer quelques petits exercices, même si je ne suis pas un grand sportif. Avec Stephane Matheu, j’ai pas mal travaillé pour optimiser ma concentration. J’ai appris à m’économiser et à me déconcentrer entre les mains. Il m’a enseigné des techniques qui me permettent de tenir toute une journée, et de gérer au mieux mon énergie. Maintenant, je laisse un peu passer quelques informations à la table pour pouvoir être à 100 % quand je joue une main.
- Comment travaillez-vous votre jeu ?
J’ai un coach mental qui est Stephane Matheu, que je fréquente depuis très longtemps. On s’entretient une fois par semaine et on bosse plus la théorie. Il est très fort dans ce domaine, et il a d’ailleurs sorti un livre qui s’appelle « vous avez les cartes en main ». Il explique tout sur le coaching mental en général, et il est vraiment très très bon. Son coaching est très personnalisé, en fonction de mes besoins.
J’ai aussi un mentor, qui est un peu mon coach stratégie, qui est dans le milieu des affaires. Il m’aide beaucoup et a une vision très utile pour le milieu du poker. On sort de la technique pure, et on travaille le côté stratégique de manière globale. D’ailleurs à mon sens, cet aspect du jeu est encore très largement sous-estimé par les jeunes joueurs. Moi, j’appuie plutôt là-dessus, même si je continue de travailler la technique à ma manière, en regardant par exemple des tables finales ou en faisant un peu de solver deux ou trois fois par semaine.
Je vais par exemple essayer d’aller trouver des solutions sur des spots qui me posent problème. Je n’ai jamais eu recours à un coach technique, j’ai toujours préféré être indépendant dans ce domaine.
- On ne vous voit pas encore sur des festivals comme les Tritons, est-ce que vous seriez tenté de les jouer dans le futur ?
À vrai dire, je ne me presse pas. Je me dis que si ça doit se faire, ça se fera naturellement. Pour l’instant, je suis à l’aise sur les buy-ins jusqu’à 25.000 €. Pour les tournois plus chers, je pourrais vendre des parts, mais j’ai un peu peur de ne pas être 100 % confortable sur ces buy-ins. Il y a 7 ou 8 ans, j’avais déjà joué ces buy-ins pendant un ou deux ans, et ça ne s’était pas spécialement bien passé, donc j’avais décidé de stopper.
Et puis il faut dire que les rendements sur ces tournois ne sont pas énormes, donc je n’ai pas spécialement envie de gamble dessus. Les organisateurs des Tritons ont annoncé qu’ils proposeraient des buy-ins un peu moins chers, donc si ça devient le cas dans le futur, je pense que j’irai les jouer plus souvent.
- Si on devait faire un film sur votre vie de joueur, qui jouerait Davidi Kitai ? (question un peu fun pour clôturer)
Question intéressante ! Pendant un temps, beaucoup de gens disaient que je ressemblais un peu à Adrien Brody. En plus, c’est un excellent acteur ! Ce serait un honneur qu’il puisse jouer mon rôle, pourquoi pas !
Portraits / Interviews
WithMyCap : le défi de la saison WiPT 2025
Published
7 mois agoon
26 décembre 2024A 29 ans, le Streamer Etienne Brault s’est lancé un défi sous l’œil de sa caméra : décrocher une qualification 100% gratuite au Main Event du Winamax Poker Tour. Défi relevé, et réussi, dès la première étape de la saison, à Lille ! Retour sur une aventure humaine qui n’a pas dit son dernier mot…Comment est né ce défi singulier ?
Trois raisons m’ont motivé au départ. La première : dans l’univers du streaming, le contact entre les viewers (notre public) et nous (les vidéastes) se fait surtout par écran interposé, de manière virtuelle. J’ai donc cherché un moyen de partir à la rencontre des personnes qui me suivent. Étant donné que je joue des petits buy-ins sur internet, je pense que mon audience fait en majorité partie du monde amateur. Il était donc évident pour moi que le meilleur endroit pour les rencontrer était le plus grand événement live amateur du monde : le Winamax Poker Tour. La deuxième : étant donné que je n’ai pas une grosse bankroll, j’ai rarement l’occasion de jouer en live. Je me suis donc dit que ce serait super de me lancer un défi « live » inédit : jouer toutes les étapes du Winamax Poker Tour et tenter de me qualifier sur l’une d’entre elles. De plus, j’ai streamé toutes les étapes en direct sur ma chaîne Twitch. Partager ma table, en live, sans délai, permettait à mon audience de vivre l’événement de l’intérieur. La troisième, enfin : Ma chaîne YouTube étant encore vierge, j’avais envie de créer du contenu pour la lancer. J’ai donc pensé qu’il serait sympa de réaliser un vlog par étape afin de partager mon aventure.
Comment s’est passée l’étape de Lille, où vous avez décroché tout de suite votre qualification ?
L’étape de Lille, c’était incroyable ! Déjà parce que c’était la première fois que l’équipe de streamers de la chaîne Winamax (le Streamgang) se réunissait presque au complet. J’ai passé un super moment avec eux.
Et bien sûr, c’était aussi incroyable car j’ai réussi à décrocher la qualification en passant les deux journées du tournoi sur la table télévisée commentée par PonceP et Damien.
Me qualifier dès la première étape a été un moment fort en émotions. D’une part, c’était une vraie perf’ pour moi en live. D’autre part, j’étais soutenu par toute l’équipe de streamers, ainsi que par de nombreux viewers, sur place et sur les réseaux. Enfin, mon défi WiPT ne pouvait pas mieux démarrer ! Cela m’a donné beaucoup de visibilité immédiatement et j’en garde un souvenir mémorable
Que pensez-vous de l’ambiance du WiPT ?
Je connaissais déjà le WiPT avant de lancer ce projet. Mais en le vivant de l’intérieur, comme je l’ai fait cette année, j’ai appris à le découvrir encore plus ! Les joueurs se sont qualifiés gratuitement et je pense que la majorité d’entre eux réalisent que c’est un « cadeau » que leur fait Winamax. Tout le monde est super heureux d’être là, l’ambiance à table est géniale. Pour une partie des joueurs, c’est leur première fois en live, et comme c’est du self-deal (sans croupiers), les joueurs s’entraident et apprennent parfois à se connaître. J’ai vu plein de personnes arriver seules et repartir avec des contacts, et c’est ça la beauté de l’événement. Mais l’ambiance du WiPT ne serait pas ce qu’elle est sans le staff et tous ceux qui travaillent énormément sur cet événement. Je tiens vraiment à les remercier car j’ai pu voir leur investissement de près : logistique, floors, team event Winamax, journalistes, photographes, team pro W, WIP… Et un immense merci à Jachara Ungell (Relations Presse) qui a tout mis en œuvre pour que je sois dans les meilleures conditions afin de créer mon contenu.
Comment travaillez-vous votre poker ?
Cela fait un peu plus de deux ans que je joue. J’avoue que pendant longtemps, je n’ai pas du tout travaillé mon jeu. Je me considérais avant tout comme un streamer, plus que comme un joueur de poker, même si c’était mon jeu principal sur Twitch. Mais ces derniers temps, je m’y suis mis plus sérieusement en m’entourant d’un coach : Johnny Bambou (ancien joueur pro Hearthstone, aujourd’hui joueur pro de poker ABI 40/60). Avec lui, je réalise chaque mercredi un stream sur ma chaîne Twitch, où je partage mon coaching en direct avec ma communauté. L’idée est d’aider mes viewers à progresser en même temps que moi, pour permettre à ceux qui n’auraient pas les moyens de se payer un coach de quand même apprendre et progresser.
Avez-vous d’autres idées pour amener un plus large public au poker ?
Actuellement, j’ai un autre projet en cours, que je réalise pour la seconde année consécutive en collaboration avec Winamax sur ma chaine Twitch. L’idée est d’emmener gratuitement, tous frais payés, un abonné de ma chaîne Twitch tiré au sort à Las Vegas pour jouer plusieurs tournois des WSOP ! Avec ce projet Vegas, ajouté au WiPT, mon emploi du temps est déjà bien rempli ! Mais il y aura sans doute d’autres projets à venir. J’ai déjà des idées, mais il est encore trop tôt pour en parler. Tout ce que je peux dire, c’est que chaque projet que je réaliserai sera toujours dans l’optique de partager un maximum avec ma communauté. Ce que je veux, c’est qu’à la fin de ma « carrière » de streamer, je puisse me dire que j’ai fait des choses pour les gens et que j’ai partagé ça avec eux. Pour moi, le stream, c’est du partage, et c’est ce que je veux laisser derrière moi !
Quelle est votre stratégie et vos objectifs lors de cette finale ?
Déjà, le fait d’avoir fait toutes les étapes freeroll, j’ai l’impression que je suis beaucoup plus à l’aise en live à table, avec beaucoup moins d’appréhension. J’ai moins de difficulté à compter les stacks, à gérer mes émotions. Donc ma stratégie sera simple : jouer mon jeu, donner le meilleur de moi-même à table, être concentré sur chaque main, même celles où je ne suis pas impliqué, et recueillir un maximum d’informations sur mes adversaires.
Et pour les objectifs, je crois qu’on a tous le même : gagner la finale. Je rêve de pouvoir soulever l’épée (trophée du WiPT) et la ramener dans mon set-up de stream (rires). J’ai commencé ce projet en beauté en me qualifiant dès la première étape, alors je veux le finir de la même manière !
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